22 janvier 2015

Sidi Larbi Cherkaoui
Deux cultures animent son parcours, la belge, donc occidentale, venant de sa mère ; l’orientale, plus vive et colorée, héritée de son père marocain. Mélange adroit de raison et de passion pour nourrir un amour inconditionnel pour le Tango, une des créations chorégraphiques parmi les plus importantes et influentes de la fin du XIXe siècle. Musique et danse nourries de revendications sociales, d’amours inavouées, de passions indémodables.
Il s’agit de Sidi Larbi Cherkaoui, jeune chorégraphe né en 1976. Son parcours binaire lui permet de mettre en pratique ce qu’il appelle « les points de contact ». En Europe, il jouit d’une réputation exceptionnelle. Ses projets fusent de partout et se réalisent avec une logique incontournable : lancement d’une carrière féconde au sein des ballets C de la B, création de sa propre troupe, Eastman, en 2010, collaborations avec le Cirque du Soleil, entre autres, pour Michael Jackson.
Au même titre que l’israélien Idan Raichel et son Idan Raichel Project, qui puise ses partitions musicales à partir des nombreuses cultures du monde, Cherkaoui procède par métissage, message social et politique d’autant plus réconciliateur qu’il place le spectateur dans une zone de réflexion et de remise en question.

PHOTO : © gracieuseté de Danse Danse
20 janvier 2015
Ils sont vingt danseurs et huit musiciens sur scène. Ils font partie de la compagnie Lizt Alfonso Danza Cuba. Les différentes danses des années 50 à aujourd’hui reflètent les changements dans l’art chorégraphique dans ce qu’il a de plus rassembleur.
C’est d’une opérette qu’il s’agit, genre bien plus populaire que l’opéra traditionnel, autant pour la sagesse des airs connus que pour la simplicité ingénue du récit. En 1952, le réalisateur Curtis Bernhardt adapte au cinéma l’œuvre de l’austro-hongrois Franz Lehár plus que librement, faisant de Lana Turner et de Fernando Lamas, le couple de l’heure.
La version 2015 du Met repose principalement sur les décors de Julian Crouch, fidèles à l’époque, évoquant parfois un certain univers du peintre français Toulouse-Lautrec. Cet espace du geste, du chant et des aventures sentimentales devient le champ d’action d’un joyeux marivaudage qui se termine en grâce et beauté.

Renée Fleming et Nathan Quinn dans La Veuve joyeuse
À l’heure où le drame Charlie Hebdo attise les passions d’un côté comme de l’autre de la planète, se pencher sur cette œuvre classique évoquant un des multiples épisodes de la Shoah tient de la prouesse. Et pourtant l’adaptation par l’écrivain Éric-Emmanuel Schmitt assume sa pertinence avec un sens inouï de la mémoire. Inscrite dans la programmation du TNM pour souligner le 70e anniversaire de la libération d’Auschwitz, Le Journal d’Anne Frank se présente comme un véritable défi, mais la mise en scène de Lorraine Pintal, à l’instar de la distanciation voulu de Schmitt, propulse les protagonistes de cette histoire maintes fois lues dans un univers à la fois déconstruit et ô combien anti-dramatique.

L’ensemble des comédiens (PHOTO : Yves Renaud)
16 janvier 2015
Pour le 60e anniversaire de Séquences, nous avons voulu aborder le film qui a remporté le prix du Meilleur long métrage canadien au Festival international du film de Toronto (TIFF), Félix et Meira, en rapportant les commentaires d’un artisan de l’ombre, le scénariste Alexandre Laferrière qui a coscénarisé les trois longs métrages de Maxime Giroux.
Quelle a été l’idée de départ de Félix et Meira ? Qu’est-ce qui vous a donné envie de réconcilier ces deux solitudes du Mile End, le temps d’un film ?
J’avais des préjugés évidemment ! J’habite dans le Mile End, mais ça m’a toujours intrigué. Bref, un beau jour de printemps, c’était une belle journée ensoleillée, et on regardait les filles au Café Olimpico avec Maxime [Giroux]. Il y avait de belles Juives hassidiques, vraiment très jolies, et Maxime est arrivé avec cette idée-là : « T’imagines-tu un film qui raconterait une histoire d’amour impossible entre un franco catholique, mais athée – parce qu’on est tous un peu athées, de nos jours −, un peu hurluberlu, et une Juive hassidique qui est aux prises avec sa communauté ? ». Tout de suite ça m’a inspiré; c’est quand même envoutant comme idée ! Non seulement elle offre plusieurs possibilités dramatiques, mais l’amour impossible, ça marche toujours au cinéma, au théâtre, etc.
Texte complet : Séquences (nº 294 > Janvier-Février 2015, p. 9)
Avec Félix et Meira, Maxime Giroux signe un troisième film incontournable. Une œuvre sensible, lumineuse, mélancolique, dans laquelle le réalisateur porte brillamment son jeune cinéma vers la maturité. En mettant en scène la quête de désir et de liberté d’une femme hors de sa communauté restrictive, quelque chose dans son cinéma s’est libéré, imprimant dans ses images une émotion, une épaisseur psychologique, une tendresse jusque-là inédites… Rencontre.
En présentant Félix et Meira à la dernière édition du FNC, tu as parlé d’un film fait dans l’adversité. De quelle adversité parlais-tu ?
J’ai parlé d’adversité pour plusieurs raisons. Premièrement, pour bien des gens dans le milieu du cinéma québécois, je n’existais pas encore. Jusque-là, j’avais réalisé deux films qui ont été difficiles à faire. Donc aller chercher des subventions, c’est une tâche qui reste encore très difficile pour moi. Le film n’a pas été financé par la SODEC; on a eu Téléfilm Canada seulement… Heureusement que j’avais Metafilms, les producteurs Sylvain Corbeil et Nancy Grant, qui ont cru et appuyé le projet dès le départ. Suite
Ses deux premiers longs métrages – Demain (2008) et Jo pour Jonathan (2010) – nous avaient séduits; le premier, pour sa description inhabituelle d’une société désenchantée; le deuxième, pour le portrait saisissant et épuré d’une jeunesse qui se cherche. Son troisième opus laisse la place à l’autre, celui dont on ne parle que rarement (on pourrait même dire qu’il s’agit d’un sujet inédit) dans le cinéma québécois. Sa proposition est d’autant plus singulière qu’elle met en perspective un personnage féminin issu d’une des communautés ethniques perçue comme l’une des plus fermées de Montréal, le milieu juif hassidique, et sa rencontre avec un Québécois (comme on dit souvent, pure laine) francophone.
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