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Félix et Meira

16 janvier 2015

LE CHARME DISCRET DE LA TRANSGRESSION
Élie Castiel
★★★★

Ses deux premiers longs métrages – Demain (2008) et Jo pour Jonathan (2010) – nous avaient séduits; le premier, pour sa description inhabituelle d’une société désenchantée; le deuxième, pour le portrait saisissant et épuré d’une jeunesse qui se cherche. Son troisième opus laisse la place à l’autre, celui dont on ne parle que rarement (on pourrait même dire qu’il s’agit d’un sujet inédit) dans le cinéma québécois. Sa proposition est d’autant plus singulière qu’elle met en perspective un personnage féminin issu d’une des communautés ethniques perçue comme l’une des plus fermées de Montréal, le milieu juif hassidique, et sa rencontre avec un Québécois (comme on dit souvent, pure laine) francophone.

Félix et Meria

Et c’est justement ce côté « pure laine » que Maxime Giroux évite, consciemment, comme pour situer la réalité francophone québécoise d’aujourd’hui dans une nouvelle dimension, un contexte social dans lequel l’individu assume de son plein gré ce qui est différent de lui et peut s’en accommoder malgré les obstacles culturels et linguistiques. Cela est évident dès la première rencontre entre Félix et Meira dans une boulangerie cachère du Mile End. Ce qui attire l’homme à la jeune femme, esquissant un dessin et portant un enfant sur ses genoux, ce n’est guère son appartenance évidente à une autre communauté, mais sa beauté, la tendresse qu’elle dégage et sa timidité séduisante. Ce croisement non partagé définit par ailleurs la forme du récit.

Texte complet : Séquences (nº 294 > Janvier-Février 2015, pp. 3-5)

MISE AUX POINTS
★★★★★ (Exceptionnel) ★★★★ (Très Bon) ★★★ (Bon) ★★ (Moyen) (Mauvais) ½ (Entre-deux-cotes)

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