14 novembre 2016
Parmi les plus beaux opéras de Mozart, Don Giovanni est un rendez-vous galant qui exerce encore un charme irrésistible. D’une part, sa musique, situant le dramma giocoso entre la comédie et le drame ; de l’autre, sa critique virulente que les mots sortant du livret de Lorenzo Da Ponte jette sur le personnage, plus enclin à comptabiliser ses conquêtes qu’à éprouver une quelconque affection.
Gordon Bintner (Don Giovanni) – PHOTO : © Yves Renaud
12 novembre 2016
Maxim Gaudette (PHOTO : © Stéphane Bourgeois)
Adapter sur scène un roman d’anticipation culte est d’autant un exercice risqué qu’il est fort probable de ne pas s’en sortir sans dégats. Pari pourtant réussi dans la version TDP de 1984, d’après l’écrit incontournable du visionnaire George Orwell. Des personnages jusqu’au-boutistes, atteints d’une soif de liberté dans un monde devenu fou, là où Big Brother contrôle tout. Il y a eu le film de Michael Radford, intentionnellement sorti en 1984, avec un John Hurt (Winston Smith) et un Richard Burton (O’Brien) inoubliables.
Suite
PHOTO : © Julie Rivard et Le Petit Russe
Larry Tremblay pose la question existentielle du possible équilibre entre le réel et « ce qu’il pourrait être » (sic), entre une idée de la représentation théâtrale et son rapport au texte, entre les liens qu’entretiennent les comédiens avec le public.
On assiste à un jeu de miroir orgiaquement paranoïque orchestré par les décors sidérants de Pierre-Etienne Locas. En haut, une rue, la terre ; en bas, l’au-delà, le mort-vivant, réel, rassemblant des morceaux de vie qui, par magie, se retrouvent plus haut, pour redescendre dans le néant. Suite
10 novembre 2016
AVIS AUX CINÉPHILES
IL ARRIVE PARFOIS QUE CERTAINS FILMS NE SOIENT PAS PRÉSENTÉS TOUS LES JOURS, PARTICULIÈREMENT DANS LES SALLES INDÉPENDANTES. CONSULTEZ LES LIENS RESPECTIFS POUR LES HORAIRES DE LA JOURNÉE.
Image extraite du documentaire 15 NOV – Source: Collection Smith
Dans les jours qui viennent, quatre projections spéciales dans quatre villes du Québec, célèbreront à leur manière la journée du 15 novembre 1976. Au terme de cette journée mémorable, René Lévesque et le Parti Québécois prennent le pouvoir de façon triomphale en battant les Libéraux de Robert Bourassa qui avaient pourtant fait élire, trois ans plus tôt, 102 députés sur 108.
Pour les « baby boomers », ces projections seront l’occasion de replonger dans des souvenirs marquants, tant collectivement qu’individuellement, tandis que pour les plus jeunes qui n’ont peut-être jamais entendu parler de cette date, ce sera sans aucun doute la découverte d’une aventure humaine portée par tout un peuple désireux de se libérer, et en fin de compte, de rendre possible un rêve un peu fou.
Le documentariste Hugues Mignault accompagné de Ronald Brault et de plus d’une vingtaine de techniciens de l’image et du son répartis en huit équipes de tournage ont capté sur pellicule cette première élection du Parti Québécois. Leur film 15 NOV, suit pas à pas les principaux protagonistes de cette journée mémorable, gravée à tout jamais dans la mémoire vivante du Québec.
« Je n’ai jamais pensé que je pouvais être aussi fier d’être Québécois… que ce soir. On n’est pas un petit peuple, on est peut-être quelque chose comme un grand peuple! »
Cette célèbre phrase, lancée par René Lévesque de la tribune du Centre Paul-Sauvé, restera longtemps en mémoire. De même que les visages de ses collaborateurs nouvellement élus qui l’entouraient ce soir-là et qui formeront par la suite l’un des meilleurs gouvernements de l’histoire du Québec, selon les affirmations de plusieurs. Ce qui a fait dire à beaucoup de monde « Nous étions dans une allégresse indescriptible. Nous pleurions, nous dansions, nous étions tous dans une espérance folle où tout pouvait arriver ».
Quarante ans plus tard, 15 NOV reste encore très actuel et soulève nombre de questions sur ce que notre classe politique est devenue et sur ce qu’il reste de nos rêves d’alors, entre autres. Ces interrogations, ce rappel essentiel à l’histoire du Québec revivront sur grand écran les 14, 15, 16 et 17 novembre 2016, pour une seule séance (à 17h30) dans les cinémas suivants :
Le 14 novembre à QUÉBEC : MUSÉE NATIONAL DES BEAUX-ARTS DU QUÉBEC
Le 15 novembre à MONTRÉAL au THÉÂTRE OUTREMONT
Le 16 novembre à SHERBROOKE à LA MAISON DU CINÉMA
Le 17 novembre à TROIS-RIVIÈRES au TAPIS ROUGE
15 NOV – 1977 – Canada [Québec] – Durée : 1 h 39 – Réal. : Hugues Mignault, Ronald Brault – Participation : Robert Bourassa, Claude Charron, Jean-Marie Cossette, Denise Filiatrault, Gérald Godin, Pierre-Marc Johnson, Camille Laurin, René Lévesque, Doris Lussier, Gaston Miron, Lise Payette, Pierre Perrault, Gilles Proulx, Pierre Elliott Trudeau – Images : Ronald Brault, André Gagnon, Louis de Ernsted, Bruno Carrière, Michel Brault, Martin Duckworth, Pierre Duceppe, Daniel Jobin, Georges Jardon – Mont. : Annick de Bellefeuille – Mus. : Conventum – Prod. : Bernard Lalonde, ACPAV – Dist./Contact : Collection Smith.
7 novembre 2016
Alanis Obomsawin, première réalisatrice autochtone au Québec, recevra le prix Albert-Tessier 2016. Au cours de sa longue et prolifique carrière à l’Office national du film du Canada (ONF) [1], elle est indiscutablement devenue l’une des plus grandes documentaristes au Canada. Cette récompense, la plus haute distinction cinématographique québécoise, couronne l’ensemble de sa carrière et atteste la richesse de son impressionnante contribution au cinéma d’ici, en plus de souligner la force imperturbable des convictions de la cinéaste, sans cesse engagée dans la lutte contre les injustices vécues par les Premières Nations.
Pour redécouvrir son œuvre, quoi de mieux que de commencer par quatre de ses films phares portant sur les événements d’Oka de l’été 1990. Œuvres indispensables et qui gardent vingt ans plus tard les traces d’une actualité encore brûlante, ces films sont disponibles en ligne sur le site web de l’ONF ou dans un coffret DVD. Voilà ce qu’en disait en 2008 notre collègue Luc Chaput dans un texte intitulé « Alanis Obomsawin : pour la suite d’un monde autochtone » [2].
Alanis Obomsawin, documentariste, chanteuse, artiste, éducatrice et militante – © Office national du film du Canada (Photo: © Rafy)
Née près de Lebanon, New Hampshire, aux États-Unis fin août 1932, elle est amenée rapidement à Odanak, réserve abénaquise au nord-est de Montréal sur la rivière Saint-François, où elle passe la majorité de son enfance, apprenant l’histoire et la culture de son peuple en écoutant les récits de son parent Théophile Panadis, conteur émérite. Elle croise par ailleurs la famille de l’annonceur et lecteur de nouvelles à Radio-Canada Jean-Paul Nolet, né Jean-Paul Wawanoloat, dont le père fut chef de la réserve pendant 35 ans.
Sa famille déménageant à Trois-Rivières, elle connaît le racisme ordinaire du milieu de l’éducation québécois d’alors, ce qui fortifie son caractère. Inspirée par Théophile, elle commence dans la vingtaine une carrière de conteuse et chanteuse qui lui permet de côtoyer la bohème montréalaise [3]. Une rencontre avec John Grierson, après un portrait télévisé sur elle présenté à la CBC, lui ouvre les portes de l’ONF où elle commence à travailler à divers projets et où elle acquiert ses galons avec des œuvres comme No Address et Richard Cardinal: Cry from the Diary of a Métis Child.
En juillet 1990, le début de la crise d’Oka l’incite à constituer rapidement une équipe de tournage et à se rendre immédiatement sur les lieux pour être témoin direct de cet événement dont elle devine l’importance. Elle sera la seule journaliste-cinéaste-reporter à vivre les deux mois et demi de la crise à Kanesatake même. Elle peut ainsi enregistrer de multiples bandes-son pour compléter les 180 heures d’images tournées. Cet acharnement physique et intellectuel lui servira lors du montage de ces kilomètres de pellicule avec l’aide de Yurij Luhovy.
À revoir ces quatre films sur trois DVD que sont Kanehsatake: 270 Years of Resistance, My Name is Kahentiiosta, Spudwrench Kahnawake Man et finalement Rocks at Whiskey Trench, l’on remarque tout d’abord l’imbrication des uns dans les autres, un personnage secondaire d’un film est le principal de l’autre. Mue par son éducation autochtone, qui privilégiait la transmission orale des acquis, la cinéaste accorde une très grande place à la parole de chacun. Elle souligne l’importance de la parole donnée dans les négociations. Obomsawin fournit un véritable cours d’histoire sur l’évolution des peuplements iroquois autour de Montréal, ce qui permet de mieux comprendre les frustrations accumulées qui ont mené à l’éclatement de la crise de 1990. Comme dans Incident at Restigouche, son film précédent sur un affrontement entre la Sûreté du Québec et des autochtones, elle met en lumière la solidarité des peuples premiers de l’Amérique du Nord, qui viennent en aide à leurs frères dans les moments difficiles.
Ces quatre documentaires constitueront, pour certains, des œuvres difficiles à regarder à cause des violences montrées et décrites (spécialement dans Spudwrench et dans Rocks), mais ils ont l’avantage de constituer un point de départ pour des discussions sur la place des Premières Nations dans notre monde changeant.
Références
[1] : Au cours de ses quarante ans de carrière, Mme Obomsawin a réalisé près de 50 films. Sa dernière réalisation, On ne peut pas faire deux fois la même erreur, sera projeté en première québécoise aux RIDM dans quelques jours.
[2] : « Alanis Obomsawin : pour la suite d’un monde autochtone » Luc Chaput – Séquences : la revue de cinéma, n° 256, 2008, p. 32.
[3] Leonard Cohen s’inspirera d’elle pour créer un des personnages de son roman Beautiful Losers.
3 novembre 2016
AVIS AUX CINÉPHILES
IL ARRIVE PARFOIS QUE CERTAINS FILMS NE SOIENT PAS PRÉSENTÉS TOUS LES JOURS, PARTICULIÈREMENT DANS LES SALLES INDÉPENDANTES. CONSULTEZ LES LIENS RESPECTIFS POUR LES HORAIRES DE LA JOURNÉE.
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