En couverture

Les larmes amères de Petra von Kant

22 mars 2019

CRITIQUE
SCÈNE
| Élie Castiel |

★★★★ ½

CRIS DE FEMME

© Maxim Paré-Fortin

Quelque chose de magique se produit sur le coup lorsque Anne-Marie Cadieux apparaît sur scène. Muse, sirène, femme fatale, manipulatrice, souveraine et fragile comme la vie, comme l’existence, comme l’art dramaturgique. Quelque chose qui a à voir avec l’expérience sur scène qui, d’emblée, doit être multipliée maintes fois pour, finalement, sortir indemne.

Un auteur immense de la deuxième moitié du 20e siècle. Une écriture intransigeante. Des mots qui blessent, des paroles qui aiment et plus que tout, des relations humaines dont les comportements puisent aux sources de l’Histoire. L’Allemagne et ses démons. Quels que soient ses films ou ses écrits dramatiques, Fassbinder a toujours placé ses protagonistes dans des situations, produits directs ou indirects de la période sombre de son pays.

Et puis une pièce (et un film) intime, Les larmes amères de Petra von Kant, lieu privilégié où la solitude est faussement atténuée par un appartement luxueux, art déco des années 20, ayant survécu à l’après-Seconde Guerre mondiale dans certains cercles. C’est le cas de Petra von Kant. Chez elle, une nostalgie qui ne s’explique pas; une mélancolie qui refuse de partir dû à la solitude. L’existentialisme romantique est un humanisme semble dire un Fassbinder entre la tourmente et le désir d’être.

Et quelques agissements pour signifier l’attirance vers l’autre, coup de foudre instantané, engouement (pour ne pas dire le si beau terme anglais infatuation), pour se perdre, contre l’ennui, contre le néant routinier.

Et une traduction épatante qui défie les lois de la réalité (et de la normalité) pour en extraire les déterminants les plus monstrueux et obsessifs, mais tout autant amoureux et bouleversants.

Anne-Marie Cadieux n’a jamais été aussi puissante, radieuse, s’emparant du rôle pour mieux le forger… à sa propre image. Intransigeante, lumineuse. Vigoureusement.

Ce n’est pas exactement à une mise en scène que se livre Félix-Antoine Boutin. Plutôt à une possession obsédante des personnages en question, comme s’il les incarnait tous (toutes). Une sorte de mise en abyme foudroyante qui opère magnifiquement bien sur la scène du Prospero. On se croirait parfois dans un endroit particulier à l’intérieur d’un ces immenses paquebots transatlantiques où des histoires se racontent au gré des humeurs et de la vie qui bat.

Correspondance remarquable entre le metteur en scène et Léonie Blanchet, totalement investie dans cette expérience hallucinante, rêvée, d’un érotisme rare. Mais plus que tout, unité de lieu, d’espace et de temps, tour de magie qui rejoint en quelque sorte l’œuvre fassbinderienne, là où cinéma et théâtre semblent ne former qu’un.

Mais Les larmes amères de Petra von Kant est aussi une œuvre majeure du théâtre universel. Et entre les bras (en les corps) de ces magnifiques comédiennes, dans le cas du Prospero, la démonstration n’est que plus obsédante. Mais ne la cachons pas : Anne-Marie Cadieux n’a jamais été aussi puissante, radieuse, s’emparant du rôle pour mieux le forger… à sa propre image. Intransigeante, lumineuse. Vigoureusement.

Crédit photo : © Guillaume Langlois

ÉQUIPE DE CRÉATION

Texte
Rainer Werner Fassbinder

Traduction
Frank Weigand
Gabriel Plante
à partir de l’original Die bitteren Tränen der Petra von Kant

Mise en scène
Félix-Antoine Boutin
assisté de Émily Vallée-Knight

Scénographie
Odile Gamache
assistée de Léonie Blanchet

Éclairages
Julie Basse

Musique
Christophe Lamarche L.

Distribution
Anne-Marie Cadieux, Sophie Cadieux

Lise Castonguay, Marianne Dansereau
Florence Blain Mbaye, Patricia Nolin

Costumes
Elen Ewing

Production
Dans la Chambre et Théâtre du Trillium

Durée
1 h 30
(Sans entracte)

Représentations
Jusqu’au 6 avril 2019
Prospero
[ Salle principale ]

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [Entre-deux-cotes]

[ Nouveaux films dans les cinémas ] Semaine du 22 au 28 mars 2019

21 mars 2019

AVIS AUX CINÉPHILES
Les textes sont publiés le plus rapidement possible au fur et à mesure que les films sont vus. Veuillez noter que certaines bandes-annonces de films étrangers ne sont pas sous-titrées.

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LE FILM
DE LA SEMAINE
CA$H NEXU$
François Delisle Suite

Quartett

CRITIQUE
SCÈNE

| Élie Castiel |

★★★ ½

LA PHILOSOPHIE DANS LE BOUDOIR

Un décor minimaliste pour théâtre de chambre; un comédien, Adrien Bletton (la vicomte de Valmont), une femme de théâtre, Ève Pressault (la marquise de Merteuil). Libertinage, sexe, guerre des genres, à-qui-revient-le-dernier-mot et en fin de compte Éros et Thanatos qui s’unissent et convergent dans un dialogue d’une heure où règlements de compte, désir d’encore séduire et cette obsession tout à fait française de philosopher autour du sexe, avant et après font face aux spectateurs intimement, sans détours, comme si les situations s’imposaient d’elles-mêmes. Suite

Red Sky Performance

20 mars 2019

CRITIQUE
DANSE
| Élie Castiel |

★★★ ½

Backbone

L’ÉPINE DORSALE DU MONDE

Crédit photo :  © David Hou

Première présence à Danse Danse après une tournée constituée de 22 représentations en Europe. Pour le diffuseur montréalais de danse moderne, une opportunité de concilier message politique et renouveau chorégraphique. Et pour le groupe Red Sky Performance, l’occasion de renouer avec une culture ancestrale par le biais de la modernité. Suite

Les murs du désordre

17 mars 2019

Martin Bureau

POINT DE VUE
| Élie Castiel |

ZONES INTERDITES

Faisant partie du webdocumentaire Les murs du désordre proposé par Spira, organisme voué à la production du cinéma indépendant, Bonfires et 99 murs défient quasiment la parole en privilégiant l’image, le cadre, le plan. L’artiste multidisciplinaire Martin Bureau laisse témoigner ces limites filmiques selon une approche spontanée, grave, anti-cinématographique puisque parfois improvisée, suggérée : filmer la mise à feu d’une sorte de tour de Babel faite de morceaux de bois, toutes formes confondues, construite par des jeunes de la classe ouvrière issus de ce qui semble être un quartier défavorisé de Belfast; pour dénoncer justement les murs qui séparent les Protestants des Catholiques. Suite

[ Nouveaux films dans les cinémas ] Semaine du 15 au 21 mars 2019

14 mars 2019

Avis au cinéphiles
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LE FILM DE LA SEMAINE
ZIVA POSTEC
La monteuse derrière le film Shoah
Catherine Hébert

CRITIQUES
Genèse
Philippe Lesage

Miraï, ma petite sœur
Mamoru Hosada

Ruben Brandt, Collector
Milorad Krstic

 

 EN BREF
Captive State
Rupert Wyatt

Qu’est-ce qu’on a encore fait au bon Dieu?
Philippe Chauveron 

 

SANS COMMENTAIRES
Band Vaaje
Smeep Kang

Five Feet Apart
Justin Baldoni

Furie
Le-Van Kiet

More Than Blue
Gavin Lin

The Crossing
Baie Xue

Wonder Park
David Feiss

PRÉ-SORTIES
Jeudi 21 mars 2019
@ Cineplex

Kesari
Anurag Singh
Langue(s)
V.o. : punjabi; s.-t.a.
Saffron
Classement
En attente


The Hummingbird Project
Kim Nguyen
Langue(s)
V.o. : anglais / Version française

Le projet Hummingbird
Classement
Tous publics
[ Déconseillé aux jeunes enfants ]

Us
Jordan Peele
Langue(s)
V.o. : anglais / Version française

Nous
Classement
Interdit aux moins de 13 ans

[ Violence / Horreur ]

Fiches détaillées
Semaine du 22 au 28 mars 2019

La maison aux 67 langues

12 mars 2019

CRITIQUE
SCÈNE

| Élie Castiel |

★★★ ½

UN MOYEN EFFICACE
POUR DÉSAMORCER LES ARMES

L’ENTHOUSIASME DES PARTICIPANTS se fait sentir à chaque coin et recoin de cette tour de Babel théâtrale imaginée, d’abord en anglais (House of Many Tongues), par Jonathan Garfinkel; puis traduite en français par un François Archambault en plein délire de paroles et de mots. Simples, profonds et… tabous.

Le rythme est ce qui caractérise cette comédie satirique sur la possibilité d’entente entre Israël et les Territoires palestiniens. L’entente, après plusieurs tentatives avortées, passe selon Garfinkel, par le sexe, par un acte aussi peu exprimé dans les conversations que le …. (je ne dis pas plus; trop tard, la bande-annonce ci-haut en parle). Provocateur, peut-être que oui, mais pas vraiment, puisqu’on ne parle jamais de ce sujet en forme de petits points …, du moins dans la société actuelle atteinte du syndrome du politiquement correcte, état névralgique qui évite qu’on dise des choses sur la religion, le sexe et l’argent. Et pourtant. Suite

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