14 février 2015
Fin de parcours pour une Berlinade dont nous reviendrons de façon analytique dans notre numéro de la revue imprimée des mois de mai-juin 2015. En attendant, quelques coups de cœur de notre rédactrice Anne-Christine Loranger. Au menu de sa prochaine couverture : ses Prédictions et les Vrais gagnants
Les deux heures et quatorze minutes de Victoria ont été tournés en une seule prise. Aucune coupe, aucun effet spécial. Le 27 avril 2014, l’équipe commençait le tournage dans un club créé de toute pièce pour le film. Deux heures et quatorze minutes plus tard, après avoir couru, marché, grimpé conduit à travers 22 lieux de tournages contenant plus de 150 extras gérés par six assistants à la réalisation, la jeune actrice espagnole Laia Costa s’éloignait du directeur photo Sturla Brandth Grøvlen, qui mérite une médaille olympique, sinon un Ours, pour son exploit.

Victoria
Victoria, jeune madrilène nouvellement installée à Berlin, rencontre dans une discothèque quatre jeunes berlinois qui lui promettent de lui montrer le vrai Berlin. Rares sont les jeunes femmes qui partiraient en cavale à 4 h du matin avec des garçons inconnus et déjà passablement imbibés. Mais Victoria n’a peur de rien. Il faut dire que, dans le groupe, il y a Sonne, avec qui elle a un vrai contact. Mais au fil des minutes qui passent, la chouette aventure se transforme en cauchemar, l’un des Berlinois ayant une dette à repayer à la mafia. Alors que l’aube approche, Victoria et Sonne réalisent qu’ils devront se la jouer quitte ou double. Suite
13 février 2015
Pour ces Berlinades, Anne-Christine Loranger a été séduite par un film roumain qui, à sa façon, s’attaque à divers anti-ismes établis. Bientôt, ses prédictions quant aux prix. On a hâte.
On sait depuis Freud que la plupart de nos névroses trouvent leurs origines dans les fractures du passé. Le réalisateur roumain Radu Jude pousse la réflexion plus loin, jusqu’à englober les sociétés humaines dans leur ensemble. Si on veut comprendre les peuples modernes, dit-il, il faut nous plonger dans leur passé. Les questions de racisme, d’antisémitisme et de misogynie qui hantent la Roumanie actuelle seraient donc selon lui ancrées dans son histoire. « Je ne sais pas quel psychologue a dit qu’une personne est mentalement saine seulement si elle sait d’où elle vient, où elle se trouve et où elle souhaite aller. La Roumanie actuelle ne sera jamais réellement saine tant qu’elle n’aura pas fait face à son passé avec honnêteté et lucidité, qu’il soit récent ou lointain…»

Aferim !
12 février 2015
PRIX DU JURY ŒCUMÉNIQUE (Abderrahmane Sissako)10 février 2015
Anne-Christine Loranger, notre correspondante attitrée à Berlin, continue son séjour cinéphile. De surprises en surprises, de déceptions en déception, elle constate que les grands noms ne produisent pas nécessairement les grands films. Elle s’est donc donné comme objectif de nous faire découvrir les films qui l’ont marquée.
Avec ce portrait d’un couple en crise à l’orée des célébrations de leur 45e anniversaire de mariage, le cinéaste britannique Andrew Haigh déclenche sur les brumeuses plaines du Norfolk un volcan d’émotions brillamment contenues. Enseignante à la retraite, Kate (Charlotte Rampling) mène une vie heureuse tout en s’activant à préparer la fête de son anniversaire de mariage, quand son mari Geoffrey (Tom Courtenay) reçoit une lettre lui annonçant la découverte du corps de Katya, son premier amour, disparue dans une fissure au milieu des montagnes suisses cinquante ans plus tôt. La réminiscence de ce premier amour fera plonger Geoffrey dans le monde de ses souvenirs et de ses espoirs de jeune homme. Pour Kate, la découverte de la relation que son mari avait eue avant la leur ouvre une brèche sous ses pieds d’où confusion et ressentiments s’échappent comme autant de vapeurs toxiques.

45 Years
8 février 2015
Notre correspondante Anne-Christine Loranger poursuit son chemin vers les salles obscures de Berlin, se privant de la clarté du jour. Par moments, cela en vaut la peine, comme dans le cas du Bill Condon. Mais le nouveau Terrence Malick ne l’a pas impressionnée. Parions qu’à la sortie de Knight of Cups à Montréal, le film trouvera son public, ne serait-ce que durant deux ou trois petites semaines. À suivre…
la Rédaction Suite
L’étrange couple La Cantatrice chauve et La Leçon confirme jusqu’à quel point l’univers d’Eugène Ionesco, le plus français des roumains intellectuels, a bâti son œuvre sur un rapport surréaliste à l’homme. Ellipses, reconstructions temporelles, mises en scène subersives, personnages inventés dans une perspective de réédification de la vie, autant d’éléments qui permettent de construire de brillantes mises en perspective.
Celle de Frédéric Dubois explose, possède l’espace aussi subrepticement que fructueusement. Ce combat de l’absurde devient celui des mots et de la pensée. Parler, oublier, se rappeler, déformer, bâtir et reconstruire, faire semblant, se perdre dans l’autre, infantiliser le moment. Avec de telles propositions, le théâtre de Ionesco ne peut être que libérateur. Dans sa rebellion, son refus de système social, sa négation des valeurs établies, sa transformation de l’appareil humain, notamment le vocal, ici vu comme une sorte de machine incompréhensive de la charpente humaine.

La Cantatrice chauve (© Frédérique Ménard-Aubin)
Nous attendions cette revue musicale avec grande impatience, certains qu’il s’agirait d’un regard sur la transition culturelle en matière de musique entre deux époques charnières de l’Amérique. Et pourtant, l’accident qui a lieu au début de ce spectacle sans aucune surprise laissait présager une continuation plus circonstancielle.
Or, Forevever Plaid se limite à des réparties le plus souvent enfantines, manquant de maturité et annonçant les chansons sans plaisir inattendu. Frankie, Smudge, Sparky et Jinx sont des chanteurs amateurs qui reviennent sur terre après l’accident qui leur a coûté la vie. Ce retour, tout de même bien présenté par la mise en scène, bancale par ailleurs, de Roger Peace, sert d’unique justification à un défilé de chansons d’une autre époque.

De gauche à droite: Jonathan Patterson, Gabe Desmond, Chris Barillaro et Daniel Murphy (© Antoine Saito)
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