16 novembre 2017
Genre : Drame – Origine : Canada [Québec] – Année : 2017 – Durée : 1 h 30 – Réal. : Todd Denis Langlois – Int. : Maxime Dumontier, Marine Johnson, Mathieu Thibodeau, Roseline Lamontagne, Patrick Renaud, Élyse Aussant– Dist. : Axia Films.
Horaires
@ Cinéma Beaubien – Cineplex
Classement
Tout public
9 novembre 2017
Qui ne se souvient des petites moustaches en pointes d’un noir d’encre d’Albert Finney en Hercule Poirot dans le film de Sidney Lumet (1974) ? On retrouvait la fine fleur des acteurs de l’époque, dont Lauren Bacall, Ingrid Bergman, Vanessa Redgrave, Sean Connery, Jacqueline Bisset, John Gielgud, Anthony Perkins et Wendy Hiller dans le rôle de la princesse Dragomiroff.
En termes de paillettes (ce qui n’est pas toujours synonyme de talent, mais ne l’exclut pas non plus), la production de Kenneth Brannagh n’a rien à envier à celle de Lumet puisqu’on y retrouve une brochette de méga-stars dont Johnny Depp, Michelle Pfeiffer, Judy Dench, Willem Dafoe, Tom Bateman et Josh Gad.
Brannagh est un Poirot dont les « petites cellules grises », toujours actives, lui permettent de percevoir le point où la droiture des choses se cabosse, se tord, se gauchit, pour terminer en crime. « Peut importe ce que les gens racontent, il y a le vrai et il y a le faux » lance le détective. Mais il est aussi un Poirot amoureux et sensible, passablement plus athlétique que ses incarnations précédentes. C’est également un Poirot orné de la moustache la plus phénoménale de ce siècle.
Malgré la popularité mondiale des romans d’Agatha Christie, son écriture est bien celle du mitan du XXe siècle. La collaboration de Branagh avec le scénariste Michael Green rafraîchit le texte tout en gardant la truculence des personnages, dont la terrible princesse Dragomiroff interprétée avec bonheur par une Judi Dench mise au goût du jour et dépourvue du masque de poudre qui affublait la haute dame dans le film de Lumet. De la même manière, le personnage de Caroline Hubbard (Michelle Pfeiffer) gagne en séduction tandis que le médecin Dr. Arbuthnot est joué par l’acteur afro-américain Leslie Odom Jr, ce qui permet d’étoffer le discours aryen du professeur Hardman.
La cinématographie a elle aussi été modernisée, parfois trop ; l’utilisation des écrans CGI donnant une désagréable touche artificielle aux plans de paysages de montagne et de neige et à ceux de la ville d’Istanbul. Le directeur-photo Haris Zambarloukos joue beaucoup sur les plongées verticales et les longs travellings latéraux. Si les seconds sont justifiés pour permettre d’apprécier la beauté du train, grand héros visuel du film dans sa taille mais moins dans ses détails, les premiers forcent parfois la note. C’est quand il joue avec les images des suspects qui mentent, dédoublant leur images à travers les portes vitrées, que Zambarloukos excelle, montrant la construction virtuelle de chacun.
Si chaque temps nous apporte un nouvel Hercule, de David Suchet à Peter Ustinov, on pourrait également dire que chaque Hercule personnifie son époque. Celui de Kenneth Brannagh est issu des films d’action et des production à hauts effets de caméra. Mais il est aussi un homme amoureux doué d’un grande sensibilité, aussi fantasque que précis, et d’une immense intelligence émotionnelle. À voir, ne serait-ce que pour la capacité de Brannagh à porter la moustache la plus extravagante depuis Dali, sans tomber dans le ridicule.
Genre : Suspense – Origine : États-Unis / Malte – Année : 2017 – Durée : 1 h 55 – Réal. : Kenneth Branagh – Int. : Kenneth Branagh, Penélope Cruz, Willem Dafoe, Johnny Depp, Derek Jacobi, Judi Dench – Dist. : 20th Century Fox.
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@ Cineplex
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Tout public
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
Il existe sans doute deux types de critiques de cinéma, ceux qui forment un clan et sont, en général, tous d’accord avec l’accueil réservé à un film, et les autres, les indépendants, comme moi, qui, après un premier visionnement, pourraient partager les idées avec certains membres du clan, mais pourraient également changer d’avis après une seconde intervention.
Oui, définitivement, Nous sommes les autres, titre ambitieux, psychanalytique, qui risquait de se casser la gueule, et pour certains, c’est arrivé. Mais c’est justement dans sa proposition osée, sa détermination presque narcissiste de vouloir montrer « qu’on est capable » que Jean-François Asselin réussit son pari. Il ne s’agit pas ici de l’encourager, mais au contraire, de le féliciter d’avoir eu cette hardiesse, cette volonté de se lancer corps et âme dans le vide.
Oui, il est vrai que le scénario d’Asselin et de Jacques Drolet (un premier long pour tous les deux), nous conduit à travers plusieurs pistes (à la deuxième projection, j’avoue avoir pris une certaine délectation à essayer, encore une fois, de comprendre). Ici, la philosophie de salon se prend à la légère même si elle manifeste des idées de grandeur ; et pour une des rares fois, des personnages québécois sont plongés dans une quête indentitaire, à la limite kafkaïenne, exprimant leur angst dans des images en mouvement, tout de même bien exprimées par Mathieu Laverdière, formidablement créatif dans l’incompris Le Cyclotron d’Olivier Asselin.
Côté jeu, Émile Proulx-Cloutier est formidable dans un personnage inhabituel, espèce d’ange exterminateur inversé. Non, ce n’est pas du Buñuel, mais Jean-François Asselin, transfuge du court et des téléséries mérite tout de même une certain attention. Je reste convaincu que Nous sommes les autres traverse une phase de « film maudit » qui changera de camp avec le temps.
Genre : Drame – Origine : Canada [Québec] – Année : 2017 – Durée : 1 h 50 – Réal. : Jean-François Asselin – Int. : Émile Proulx-Cloutier, Pascale Bussières, Jean-Michel Anctil, James Hyndman, VaLérie Blais – Dist. : Les Films Séville.
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@ Cinéma Beaubien – Cineplex
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Interdit aux moins de 13 ans
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
Avec son premier long-métrage en carrière, la réalisatrice et scénariste Maggie Betts (récipiendaire du Prix « Breakthrough Director » au dernier Festival du Film de Sundance), impressionne, par la finesse de son propos et la douceur de son regard, sur un sujet trop peu abordé au cinéma. Si l’environnement des nonnes et des carmélites, fait l’objet de quelques films, du classique avec Audrey Hepburn The Nun’s Story (1959, Red Zinnemann), au récent film d’Anne Fontaine Les innocentes (2016), Novitiate aborde le thème d’un angle qui se distingue quelque peu de ses contemporains. Dès les premières images, la voix hors-champ positionne le ton du film : l’histoire d’amour d’une jeune fille de 17 ans, son premier amour, entre elle et Dieu. « Je veux un amour idéal, auquel je dois tout donner », appuie Soeur Cathleen. Nécessairement, le film interroge, de par la protagoniste de la mère de Cathleen, comment une jeune fille n’ayant jamais connu l’amour et provenant d’une famille non-catholique, peut-elle avoir la foi en Dieu ? Cela dit, ce questionnement de la foi et de l’amour véritable, passe tout d’abord par Cathleen elle-même et sa procession de foi, donnant au film un propos personnel et intimiste.
Novitiate ne sombre pas dans les clichés du genre, des relations saphiques aux sœurs martyres, bien que ces thématiques soient abordées en filigrane, avec toute la finesse nécessaire. En début de film, on situe l’action dans le contexte du Vatican II, qui de 1962 à 1965, procédera à de nombreuses réformes de l’Église catholique, positionnant la procession de foi de Cathleen dans un contexte socio-historique déterminant, amenant son lot de questionnements vis-à-vis de la place de l’Église en société. L’évolution de la foi d’une jeune femme, sa fascination pour ce grand amour fait de sacrifices, est présenté de son enfance, jusqu’à son parcours au noviciat pour devenir nonne.
La voix hors-champ et la direction photo, faits d’observations et de silences, renforcent l’intimité du propos et le caractère pieu de Sœur Cathleen (un plan en plongée, la montrant priant, regardant les cieux, évoque pratiquement La passion de Jeanne D’Arc de Dreyer, 1927). Malgré une courte filmographie, la nouvelle venue Margaret Qualley, confère à Soeur Cathleen une profondeur, mêlant à la fois confiance et candeur. Une subtilité dans le jeu d’acteur, de la trempe de celles qui possèdent le talent pour durer.
Genre : Drame – Origine : États-Unis – Année : 2017 – Durée : 2 h 03 – Réal. : Margaret Betts – Int. : Margaret Qualley, Melissa Leo, Julianne Nicholson, Diane Agron, Liana Liberato, Eline Powell – Dist. : Métropole Films.
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Interdit aux moins de 13 ans
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
Il y a quelque chose de mélancolique dans ce premier long métrage dardannesque (confirmé par le réalisateur à qui j’ai posé la question), un refus de fiction traditionnelle qui se traduit par une prise en charge des personnages, mais en même temps leur donnant la liberté de créer leur quotidien, de veiller à ce que leurs occupations se passent comme dans la vraie vie.
Oui, effectivement, Petit paysan (joli titre) est un de ces films avec une nouvelle morale de l’existence : se battre contre vents et marées, faire face à un système qui ne protège plus les fermes, ici exemple parfait de solidarité. Charuel est fils de fermiers, mais il a décidé de ne pas suivre les traces de ses parents. Ce qu’il a fait, par contre, est une véritable lettre d’amour en mouvement faite de vers et de mots qui respirent la vie et la reconnaissance. Les bêtes bovines deviennent des personnages à part entière et de cette jolie ferme où on sent constamment les odeurs de la nature, même lorsque ça pue, cela nous ramène à l’origine du monde. Charuel a su créer cette atmosphère avec tendresse et amour.
Swann Arlaud (une force mentale de la nature) et Sara Giraudeau (solide, cachant une humanité derrière son travail clinique) répondent magnifiquement à cet élan de détermination et d’investissement émanant d’un nouveau jeune cinéaste totalement engagé, socialement et politiquement. Aujourd’hui, c’est immense comme proposition. Et puis une direction photo solaire (dans les deux sens du terme), en contradiction parfois avec les événements, mais gardant toujours un œil introspectif, comme dans un documentaire ; prouvant une fois de plus, comme les frères Dardenne, qu’entre la fiction et son contraire, les murs s’estompent à mesure que le temps passe. Essentiel et vachement engagé !
Genre : Drame – Origine : France – Année : 2017 – Durée : 1 h 30 – Réal. : Hubert Charuel – Int. : Swann Arlaud, Sara Giraudeau, Bouli Lanners, Isabelle Candelier, Clément Bresson, India Hair – Dist. : FunFilm.
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@ Cinéma Beaubien – Cineplex
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Tout public
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★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
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