25 avril 2012
>> Luc Chaput
À l’occasion de son 50e anniversaire à Montréal, l’Institut Goethe déménage ses pénates cet été de la rue Sherbrooke à un nouveau lieu dans le quartier des spectacles. La diffusion de la langue et de la culture allemandes est depuis longtemps entre autres passée par le cinéma allemand aidée en cela par le succès des Fassbinder, Herzog, Kluge, Schlöndorff, Schroeter — quand aura lieu une rétro complète de ce réalisateur mort en 2010? — et Wenders. Au printemps revient, au Goethe de Montréal depuis 20 ans, la série «Découvertes allemandes» qui nous a permis ainsi de voir chaque année de nouveaux cinéastes.
23 avril 2012
>> Élie Castiel
Les Sépharades l’ont organisé en mars dernier. C’est au tour des Ashkénazes de proposer leur édition 2012 avec un menu plus restreint, ce qui veut vouloir dire sans les quelques courts métrages fort intéressants que le premier festival comprenait. Si Footnote (Hearat shulayim), le magnifique film de Joseph Cedar, se retrouve dans les deux cas, c’est sans doute parce qu’il s’agit d’une des productions récentes les plus importantes en provenance d’Israël.
19 avril 2012
>> Élie Castiel
La culture est toujours la première cible lorsqu’il y a crise budgétaire au sein des gouvernements. Côté pratique, c’est tout à fait normal puisque les autres domaines d’intervention comme la santé et l’éducation paraissent et sont en fin de compte plus urgents, même si en ce qui a trait à l’accès démocratique aux études, tout n’est pas rose en ce moment au Québec, comme on peut s’en rendre compte depuis déjà quelques semaines.
REBELLE
(War Witch)
DRAME | Origine : Canada [Québec] – Année : 2012 – Durée : 90 minutes – Réal. : Kim Nguyen – Int. : Rachel Mwanza, Serge Kanyinda, Alain Bastien – Dist. : Métropole | Horaires / Versions / Classement : AMC – Cinéma Beaubien – Cineplex Divertissement
Résumé
Une jeune fille de 14 ans raconte au bébé qui grandit dans son ventre les événements qui ont mené à ce qu’elle devienne enfant-soldat dans le conflit armé en Afrique sub-saharienne.
En quelques mots
Fort bien servi par le jeu de Rachel Mwanza et de Serge Kanyinda, l’excellent scénario de Kim Nguyen est soutenu par une très belle mise en scène, des lieux naturels magnifiques, des décors criants de vérité et une trame sonore qui restitue la richesse musicale propre à cette région du monde. La caméra menée de main de maître par Nicolas Bolduc se concentre sur les enfants, au point de laisser les adultes dans une espèce de flou. Le pays dans lequel on se trouve, le nom des gens, des villes, la raison d’être des groupes armés, tout cela est heureusement mis de côté au profit de la perspective des enfants et de leur perception du monde qui les entoure. Quoique le film ait été entièrement tourné en République démocratique du Congo, il pourrait être de partout. Sans jamais tomber dans le gore ou le morbide, Nguyen nous rappelle fortement à la réalité sanglante de la récente histoire de l’Afrique subsaharienne. Quand Komona et Magicien se réfugient chez l’oncle de ce dernier, surnommé le Boucher à cause de son métier, Komona raconte à son enfant à naître que le Boucher garde toujours un sceau à vomir près de son étal, parce que son travail lui rappelle comment sa famille a été tuée. Mais Komona taira, à son enfant comme à nous, ces sinistres détails, parce que sinon, nous ne pourrions plus rien entendre. Mais il y a des silences plus éloquents que tous les mots. Le courage de Komona et ses capacités de résilience ne peuvent nous faire oublier son trouble. Ni celui de son pays. >> Anne-Christine Loranger
13 avril 2012
>> Sylvain Lavallée
J’imagine que mon parcours de cinéphile ressemble à quelque chose comme ça : il y a d’abord l’envoûtement, ces images mouvantes et sonores dont la puissante force d’attraction alimente une curiosité de plus en vorace, jusqu’à ce que je me lance dans cette quête désespérée du « tout voir », entreprise aussi chimérique que nécessaire, ne serait-ce que pour se rendre compte de sa futilité, ou plutôt pour m’obliger à sélectionner ce qu’il faut voir, donc à commencer à comprendre ce qui m’intéresse en premier lieu au cinéma, à ébaucher une première conception de cet art et de mon amour pour lui. À une première réception plus « naïve » des images se substitue peu à peu un début de regard plus « critique », des mots qui se méritent des guillemets puisque la naïveté ne se perd jamais tout à fait et le sens critique, lui, est toujours à portée de mains, implicite dans tout jugement, aussi hâtif soit-il. À ce moment, il y a plus ou moins un passage des « J’ai bien aimé, les acteurs étaient bons » à des « J’ai bien aimé, ses plans-séquences exprimaient parfaitement la solitude des personnages », un passage donc des commentaires vagues d’un samedi soir entre amis à une appréhension esthétique du film. Pas obligé de se constituer un vaste bassin d’images pour faire passer à l’avant-plan son sens critique, bien qu’évidemment cela ne nuit pas, mais il faut bien pouvoir comparer des expériences diverses pour trouver ce qu’il y a de commun à la plus médiocre et à la plus brillante des images cinématographiques, un questionnement constituant un premier pas hors du registre de la simple critique, de l’appréciation d’une œuvre en particulier, pour entrer plutôt dans le domaine de la philosophie esthétique, là où le jugement sur une œuvre devient sans importance.
>>Élie Castiel
Un espace scénique minimaliste dépouillé de tout artifice, sauf un, une sorte de caméra low-tech, qu’on retrouve sans doute difficilement sur le marché. De temps à autre, l’objet voyeur s’installe sur scène en provenance, métaphoriquement, des Cieux. L’instrument du regard renvoie sur un fond-écran la projection d’un homme seul sur scène. Et comme s’il s’agissait d’un miroir passablement déformant, elle capte le corps de l’homme, comédien devant l’Éternel, son visage, sa gestuelle, ses mouvements parfois sinueux, ses déhanchements poignants et saccadés.
12 avril 2012
BULLY
(Intimidation)
DOCUMENTAIRE SOCIAL | Origine : États-Unis – Année : 2011 – Durée : 100 minutes – Réal. : Lee Hirsch – Avec : Kirk Smalley, David Long, Alex Libby, Kelby Johnson, Ja’Meya Jackson – Dist. : Alliance | Horaires / Versions / Classement : AMC – Cineplex Divertissement
Résumé
Chaque jour, des enfants et des adolescents subissent les mauvais traitements de leurs pairs. Certains vont même jusqu’à s’enlever la vie par désespoir. Des victimes d’intimidation et des parents meurtris témoignent de cette douloureuse expérience.
En quelques mots
Il y a quelque chose d’attachant dans le documentaire coup-de-poing de Lee Hirsch, notamment dans les témoignages de quelques unes des victimes d’intimidation et de leurs parents. Conscients que la caméra les filme, ils demeurent pourtant cohérents, s’expliquent avec une lucidité exemplaire, suscitant par là-même le respect du spectateur. On évoque souvent l’homosexualité comme exemple de harcèlement. Mais intentionnellement, le réalisateur ne donne pas souvent la parole aux agresseurs. Est-ce là un tort ? À chacun d’entre nous de répondre à cette question. D’autre part, nous sommes devant des responsables d’école presque inconscients de la problématique, préférant se blottir dans le confort du statu quo ; cela provoque quelques répliques qui suscitent notre colère, donnant au film un ton dramatique et percutant. À la sobriété et rigueur de la mise en scène, s’ajoute une direction photo filmant le réel avec audace et acharnement. Regard percutant sur un phénomène social depuis toujours tabou, Bully est un film urgent et essentiel. >> Élie Castiel
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