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Festival du film israélien

23 avril 2012

UNE TENTATIVE D’APPRÉHENDER LE COLLECTIF ET LE PRIVÉ

>> Élie Castiel

Les Sépharades l’ont organisé en mars dernier. C’est au tour des Ashkénazes de proposer leur édition 2012 avec un menu plus restreint, ce qui veut vouloir dire sans les quelques courts métrages fort intéressants que le premier festival comprenait. Si Footnote (Hearat shulayim), le magnifique film de Joseph Cedar, se retrouve dans les deux cas, c’est sans doute parce qu’il s’agit d’une des productions récentes les plus importantes en provenance d’Israël.

Mais comme c’était le cas dans son pendant francophone, les programmateurs ont choisi des films qui n’abordent pas directement la réalité israélo-palestienne, privilégiant ceux qui s’inscrivent dans le vécu israélien. Si le conflit interne politico-géographique (et sans doute religieux) se retrouve par-ci par-là, ce n’est qu’en filigrane, et qu’il fraudra donc lire entre les lignes.

Comme dans chaque festival de ce genre, un film-locomotive est nécessaire pour donner le coup d’envoi. Le Festival du film israélien version sous-titrée-anglais ouvre le bal le dimanche 29 avril avec The Flood (Mabul), déjà vu au Festival des films du monde de Montréal l’été dernier.

Lorsque nous sommes devant un récit qui frôle le mélodrame, tout est dans le traitement. La présentation d’une famille dysfonctionnelle est montrée ici sans pathos ni apitoiement. Au contraire, il y a dans l’approche de Guy Nattiv, une sorte de distanciation face aux situations et aux personnages qui ne fait qu’alléger le propos. L’image du Québécois Philippe Lavalette surprend par la façon dont elle cadre les individus et les espaces. Elle prend soin de codifier les gestes et les mouvements des protagonistes, les situant dans des contextes qui les dépassent. Selon les circonstances, la direction photo poétise le quotidien ou, au contraire, s’ajuste aux mots, notamment dans les séquences montrant les personnages en conflit. La Bar Mitzvah a bel et bien lieu le jour prévu. Cette séquence finale montre la liberté de ton avec laquelle filme Nattiv, offrant une métaphore biblique d’une surprenante force d’évocation. Avec Mabul, le jeune réalisateur prouve qu’il est fort probablement l’un des cinéastes israéliens les plus atypiques de sa génération. Mais il compte aussi sur la présence d’acteurs chevronnés et talentueux comme Ronit Elkabetz et Tzahi Grad, sans oublier les jeunes Yoav Rotman et Michael Moshonov, d’une présence remarquable devant la caméra. Guy Nattiv et Philippe Lavalette seront présents lors de la soirée d’ouverture pour répondre aux questions des spectateurs.

Il aura aussi, entre autres, Melting Away (Names Ba-geshem), de Doran Eran, un film courageux, poignant, sans doute la première production israélienne qui parle de la condition transgenre avec tant d’humanité, notamment dans les relations parents-enfants. Avec, en guise de conclusion, un dénouement aussi inattendu que poignant.

La réalité des Sépharades en Israël sera aussi montrée dans deux films, My Lovely Sister (Ahoti ayafa), de Marco Carmel, racontant l’histoire d’un étrange triangle amoureux, et Obsession (Resisei Ahava), premier long métrage de Nissim Notrika. Le titre israélien se traduit par Fragments d’amour et donne une idée plus précise d’un récit sur le quotidien et l’intime dans le milieu sépharade. Sans oublier, bien entendu, Restoration (Boker Tov Adon Fidelman) de Yossi Madmoni, sans doute l’un des films les plus attendus de l’événement. Tous les films présentés ont obtenu des récompenses dans diverses manifestations cinématographiques locales et étrangères.

Le Festival du film israélien de Montréal aura lieu du 29 avril au 7 mai 2012, au AMC Forum 22 et au cinéma Guzzo Méga-Plex Sphèretech 14. Les billets sont déjà en vente – par téléphone : 514 937-2332 ou en ligne à www.fr.israelfilmfestival.ca. Selon la disponibilité des places, l’entrée est gratuite pour les étudiants sur présentation de leur carte. C’est là une excellente initiative!

Mais n’est-il pas temps que les deux festivals s’assemblent pour un seul et unique événement présentant les mêmes films, avec des sous-titres français et anglais en alternance ? Cela relève sans doute du miracle !

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