11 avril 2017
Darren Curtis
Le premier long métrage solo de Darren Curtis est marqué du signe de l’originalité : scénario béton, personnages hors du commun, aucun compromis avec la langue de tournage dans un territoire comme le Québec, entière disponibilité d’un jeune cinéaste amoureux de son métier. Darren Curtis nous a accordé une entrevue dans la langue de Shakespeare, assumant sa singularité sans gêne et sans reproche. Sa franchise et sa candeur nous ont touchés.
Pourquoi avoir tourné en anglais ?
En fait, il s’agit pour moi d’une expérience subjective, d’un film qui touche à ma réalité linguistiquement intrinsèque ; le milieu dans lequel j’évolue. En quelque sorte, un monde anglophone à l’intérieur de la réalité montréalaise. Si vous prenez, par exemple, le personnage de Hakeem Nour, joué par l’Érythréen Nabil Rajo, il doit naviguer entre trois langues, la sienne propre, l’anglais et le français qui, en quelque sorte, est incidentel puisque sa famille a décidé de s’installer à Montréal. Mais le caractère subjectif de l’entreprise assume en quelque sorte le refus de cette nouvelle langue, non pas par déni idéologique, mais qui a trait à une certaine notion du pragmatisme. C’est dans cette optique que j’ai tourné le film en anglais. Suite
6 avril 2017
AVIS AUX CINÉPHILES
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RÉSUMÉ SUCCINCT
Hakeem et Anthony sont des amis d’enfance inséparables. Issus de familles d’immigrants, ils étudient à la même école et travaillent ensemble dans un lave-auto. Déterminés à augmenter leurs revenus, ils décident de voler eux-mêmes des voitures pour le compte d’un certain Ramaz. Les choses prennent néanmoins une tournure dramatique.
Une surprise de taille que ce deuxième long métrage de Darren Curtis qui, après le plutôt moyen Who Is KK Downey? (2008), coréalisé avec Patrick Kiely, propose une incursion dans un Montréal des défavorisés, ces nombreux immigrants qui ont comme langue commune, l’anglais. Hakeem (musulman, fort probablement d’Éthiopie) et Anthony (origines peu précises, mais catholique sans doute) étudient ensemble dans la même école où le français est de rigueur, mais le maîtrisent plutôt mal. Pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs familles, et confirmer leur virilité, ils font les quatre cents coups en s’alliant à des clans dangereux issus des nouvelles communautés migratoires – Afrique noire, Russie, Europe de l’est…
Film férocement politique sans vraiment l’assumer, Boost est un coup de poing sur une réalité montréalaise totalement ignorée par le cinéma québécois traditionnel, qu’il soit grand public ou d’auteur. Les bourgeois d’Outremont et des banlieues aisées sont maintenant choses du passé. Le Montréalais Darren Curtis l’a parfaitement compris. Dans une métropole qui dans dix, quinze ou pas plus de vingt ans, fort probablement moins, plus de la moitié de la population de notre île bien-aimée sera d’origines autres, il était grand temps de revoir la structure de notre cinéma. Ces jeunes sauront s’exprimer, comme on dit, en « québécois », mais comme ils ne cesseront jamais de croire au « rêve américain », car le Québec, qu’on le veuille ou pas se trouve en Amérique du Nord, l’anglais sera une première ou seconde langue, celle de la communication mondiale. Suite
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