12 avril 2017
RÉSUMÉ SUCCINCT
Dom et Letty profitent du mieux qu’ils peuvent de leur lune de miel, tandis que les autres membres de l’équipe ont entrepris un nouveau tournant. Et voici qu’une femme mystérieuse convainc Dom de se joindre à elle dans le milieu criminel.
On prédit que cette huitième mouture de la franchise à succès The Fast and the Furious sera la dernière. Devons-nous le souhaiter ? Quoi qu’il en soit, si le côté action ne laisse pas à désirer, se transformant, selon le spectateur, en plaisir coupable tout à fait assumé, on soulignera que les comédiens semblent en accord parfait avec la mise en scène F. Gary Gray, solide, virile, sans surprise, mais livrant la marchandise avec le plus grand soin.
La dernière partie, où ces nombreux bolides superbes deviennent les victimes bousillées d’un course à mort à la mode film-d’espion, on soulignera qu’on entrevoit des petits accents psychologiques, réduits mais efficaces, notamment de la part du personnage principal, d’un coup décidant à trahir ses collègues (on saura plus tard pourquoi). Mais le plus étonnant dans cette entreprise faite de parfaites démolitions, c’est bel et bien de voir ces he-men affranchis qui restent encore en fonction réunis dans un même film : Dwayne Johnson qui n’est pas un si mauvais comédien, Jason Statham, toujours impayable, mais aussi Vin Diesel, comme d’habitude très peu convaincant. Mais pour qui ? Car les spectateurs (et surtout les spectactrices) ne cessaient de l’aduler à chacune de ses prouesses.
Tout compte fait, The Fate of the Fast and Furious, titre on ne peut plus prémonitoire, ne s’adresse qu’à un public conquis d’avance, celui d’un cinéma populaire qui assume farouchement sa fonction. Pour les autres, les cinéphiles et les critiques, il ne nous reste qu’à se laisser emporter par ce tourbillon de nombreux tours de force aussi invraisemblables que foncièrement subliminaux ; malgré un dialogue superficiel tout à fait brouillon.
Genre : Action– Origine : États-Unis / France / Canada / Grande-Bretagne, État indépendant des Samoa– Année : 2016 – Durée : 1 h 42– Réal. : Gary F. Gray– Int. : Vin Diesel, Dwayne Johnson, Jason Statham, Kurt Russell, Michelle Rodriguez, Charlize Theron – Dist. : Universal.
Horaires
@ Cineplex
Classement
Tout public
(Déconseillé aux jeunes enfants)
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
RÉSUMÉ SUCCINCT
De retour d’Afghanistan, Aurore et Marine passent trois jours à Chypre avec les autres membres de leur section. L’endroit : un hôtel cinq étoiles plein de touristes en vacances. Le but : oublier la guerre, ne serait-ce qu’un instant, qui sera vite oublié.
Un ensemble est aussi fragile que le plus faible de ses éléments. C’est en quelque sorte ce que démontrent Delphine et Muriel Coulin1 dans ce Voir du pays, un drame de et sur la guerre qui dépeint autant la fragilité du groupe que celle de l’individu. Car si les traumatismes causés par l’embuscade meurtrière ne semblent pas chambouler l’assurance des gradés, ils révèlent surtout dans chacun des survivants un malaise profond. Le mal est dans les têtes, les blessures sont avant tout psychologiques.
De l’Afghanistan, le théâtre des hostilités se déplace dans un luxueux hôtel chypriote, utilisé en guise de cure de désintoxication destinée à faire oublier l’horreur avant le retour des soldats en sol natal. L’exercice est évidemment maladroit, car cette thérapie collective où tout le monde est obligé de se vider le cœur, au lieu d’apaiser les consciences, ne parvient finalement qu’à exacerber les tensions, mues par le sentiment d’échec personnel et les remords.
En choisissant ce moment et ce lieu si particuliers, coincés entre les affres de la guerre et la quiétude de la vie civile, les auteures nous rappellent que l’individu, même malgré des techniques « modernes » de gestion du choc post-traumatique, n’est que peu de choses et reste seul face à ses démons intérieurs. Au passage on notera l’insistance de leur réflexion sur l’incongruité de la méthode qui consiste à revivre les combats, réalité virtuelle à l’appui, tout en passant du bon temps au bord de l’eau en compagnie de touristes insouciants bien peu au fait des horreurs dont les militaires ont été les acteurs.
Dans sa seconde partie plus convenue, le film s’ouvre à plus de volupté en délaissant son ton critique. Les cinéastes s’aventurent dans un drame sensuel qui libère les pulsions jusque-là refoulées, tout en faisant de l’opposition entre les sexes son point de force. C’est lors d’une escapade nocturne aux accents tragiques que les corps exultent enfin, bravant les interdits jusqu’à frôler la mort. Pas celle que connaissent les troupes sur le terrain des opérations, mais celle de presque-civils rongés par le machisme et l’orgueil. Mais si l’on sent une volonté évidente dans Voir du pays de parler de la place de la femme, de sa capacité à soutenir l’épreuve dans un système essentiellement masculin, on a l’impression que le discours se dilue dans une finale confuse et peut-être un peu trop sage.
1 Lire notre critique de leur précédent film 17 filles
Genre : Drame – Origine : France / Grèce – Année : 2016 – Durée : 1 h 42 – Réal. : Delphine Coulin, Muriel Coulin – Int. : Soko, Ariane Labed, Ginger Roman, Karim Leklou, Andreas Konstanntinou, Makis Papadimitriou – Dist. : Axia Films Inc.
Horaires
@ Cineplex
Classement
Tout public
(Déconseillé aux jeunes enfants)
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
RÉSUMÉ SUCCINCT
Ils sont trois : Alex, Maria et David, issus de différents endroits du monde : la Colombie, le Mexique, les Philippines. Chacun, à sa façon, tentera de trouver sa place dans la société.
Le cinéma contemporain semble retrouver un intérêt envers les thèmes engagés. Ceci est sans doute une réponse forcée aux discours politiques pollués, haineux et d’une idiotie profonde dont les nations sont victimes ces derniers temps. Le deuxième long-métrage de Juan Andrés Arango Garcia s’inscrit dans cette tendance du cinéma réaliste.
Il met en scène trois variations sur l’intégration. Du Mexique au Canada en passant par la Colombie et les Philippines, X Quinientos rappelle sans cesse l’intérêt de notre époque pour ces « citoyens du monde ». En effet, les trois personnages tenteront, pour améliorer leur condition, de faire face aux troubles de la migration. Ces déracinés seront l’objet, parfois catastrophique, de transformations identitaires. Le fait d’avoir choisi trois adolescents n’est pas anodin puisque cette période reflète la transformation physique et morale de la puberté. David fera face à la stigmatisation des marginaux et en même temps sera propulsé par une révolte libératrice. Alex, un déporté colombien, aura le récit le plus pessimiste. La criminalité ambiante de son pays natal l’entraînera à confondre son rêve à la grandeur mégalomane.
Ici, Garcia semble nous dire que ces criminels sont directement liés aux complications de la déportation. Le dernier récit se passe à Montréal où Maria tente de se conformer à sa nouvelle société. Celle-ci deviendra très agressive quant aux discours contrôlants de l’école et de sa grand-mère. D’ailleurs, ce n’est pas un hasard que Maria soit confrontée à une professeure et à la police qui ont chacun un rôle idéologique de domestication. Garcia arrive à approfondir les thèmes de la criminalité, de l’identité et des supposées valeurs de l’Amérique d’une façon remarquable.
Une chose frappe au visionnement de ces récits d’une crédibilité hors pair : l’absence de nationalisme. L’identité de ces adolescents ne se construit pas autour d’une culture propre à un pays. Au contraire, les transformations des personnages témoignent de l’hybridité de l’identité nationale. Comme quoi, cette nouvelle génération sera dénuée de nationalisme. La mondialisation inévitable dans laquelle la jeune génération est née mettera peut-être un terme aux débordements de cette vieille conception politique moderne des « nations », du patriotisme, etc. Ce film reflète la remise en question constante de l’époque contemporaine envers le nationalisme.
On fera bien des liens entre le cinéma d’Alejandro González Iñárritu (Babel) et celui de Garcia. On a, de chaque côté, des citoyens du monde dont les liens forts sont démontrés malgré la distance. Les deux utilisent aussi une narration chorale et une esthétique réaliste engagée. On pourrait opposer deux utilisations de la caméra épaule inspirées par le cinéma direct. Par exemple, les frères Dardenne (Rosetta) utilisent une esthétique se caractérisant par une caméra épaule nerveuse dont la mise en scène n’est pas connue de l’équipe au cadre. Le spectateur est alors un témoin impliqué dans le récit qui prend corps au travers du point de vue de la caméra. Garcia se compare davantage à une esthétique plus omnisciente comme le cinéma de Cristian Mungiu (4 mois, 3 semaines, 2 jours). Le cadre, dans ces cas, connait très bien la mise en scène. D’un côté, le réalisme vient du fait que le spectateur a l’impression que le tout est pris sur le vif, sans intervention d’un metteur en scène et de l’autre, l’effet de réel naît d’une sorte de reconstitution authentique. Le choix de non-acteurs vient d’ailleurs nourrir cet effet et peut-être compenser les interventions de la mise en scène. Le spectateur est alors un observateur plus froid et certainement, plus critique. Ceci est un choix esthétique bien habile dans notre cas.
X Quinientos est pertinent à une époque où les discours nationalistes et où la stigmatisation de la migration triomphent, parfois. Même, si l’épisode de Montréal est moins bien exécuté (ce n’est pas la même direction photographique et le récit est moins solide), ceci témoigne bien de l’ouverture nécessaire du cinéma québécois. Cette coproduction Canada/Colombie/Mexique réclame un cinéma parfois subversif créé par ces gens d’autres nations… pas si « autres » au fond. Garcia, lui-même, un Colombien migrant au Mexique et à Montréal est l’un de ces citoyens du monde qui font un cinéma québécois? Un cinéma du monde plutôt !
Genre : Documentaire – Origine : Canada / Colombie / Mexique – Année : 2016 – Durée : 1 h 44 – Réal. : Juan Andrés Arangao – Int. : Jemble Almazan, Bernardo Garnica Cruz, Jonathan Diaz Angulo – Dist. : Filmoption International.
Horaires
@ Cinéma Beaubien – Cinéma du Parc
Classement
NC
(Non classé – Exempté)
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
2025 © SÉQUENCES - La revue de cinéma - Tous droits réservés.