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Jusqu’ici tout va bien

16 mai 2019

| PRIMEUR |
Semaine 20
Du 17 au 23 mai 2019

RÉSUMÉ SUCCINCT
Une entreprise de publicité branchée située en plein centre de Paris est depuis des années faussement déclarée en Zone Franche à La Courneuve, une domiciliation qui lui permet d’obtenir des aides et des exonérations de charges. Lors d’un contrôle, l’administration fiscale se rend compte de la supercherie et vient en informer le patron.  

< BRÈVE >
Élie Castiel
★★★

La périphérie

Moins réussi que La vache (2016), dont je pensais tout le grand bien, Jusqu’ici tout va bien permet quand même à Mohamed Hamidi d’aller fouiller les enjeux sociaux et plus particulièrement démographiques d’une France actuelle qui se cherche sans cesse. Une chose est claire : la France ne sera plus la même et elle ne l’a pas été depuis des décennies. Paris, centre névralgique où tout se passe et d’où émerge le meilleur comme le pire. Il faut se faire une idée et plutôt chercher les qualités de ces démunis, ces laissés-pour-compte, de ceux venus d’ailleurs qui, si on leur donne la possibilité, peuvent s’intégrer à un ensemble, de nos jours, pas si rose que cela. En pédagogue, Hamidi aime tous ses personnages, particulièrement ceux qu’on voit pour la première fois à l’écran et qui, mine de rien, affiche fièrement un naturel parfois même bouleversant. Film français, mais vachement pied noir par moments, donnant à ces banlieues complexes de la capitale hexagonale ses lettres jouissivement indignes de noblesse. Gilles Lellouche, comme toujours, excelle… et Malik Bentalha (beaucoup de télé et surtout La vache) diffuse un instinct acquis qui le domine et ressemble à une promesse de bonheur.

En pédagogue, Hamidi aime tous ses personnages, particulièrement ceux qu’on voit pour la première fois à l’écran et qui, mine de rien, affiche fièrement un naturel parfois même bouleversant.

FICHE TECHNIQUE
Sortie
Vendredi 17 mai 2019

Réal.
Mohamed Hamidi

Origine(s)
France

Belgique

Année : 2019 – Durée : 1 h 33

Langue(s)
V.o. : français

Jusqu’ici tout va bien

Genre(s)
Comédie

Dist. @
Les Films Opale

Classement
Tous publics

En salle(s) @
Cinéma Beaubien
Cineplex

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel.  ★★★★ Très Bon.  ★★★ Bon.
★★ Moyen.  Mauvais. 0 Nul.
½ [Entre-deux-cotes]

Kokoschka, Œuvre-Vie

| PRIMEUR |
Semaine 20
Du 17 au 23 mai 2019

RÉSUMÉ SUCCINCT
Peintre, écrivain, amoureux, dramaturge, voyageur, et libre-penseur, Oskar Kokoschka (1886-1980) est un être rare, demeuré lucide et passionné sa longue vie durant. À travers le portrait exceptionnel de cet homme attachant, témoin et acteur de son siècle, ce documentaire, parsemé d’éclats de fictions, nous fait découvrir le destin mouvementé d’un homme extraordinaire

CRITIQUE
< Sophie Leclair-Tremblay >
★★★★

LES MULTIPLES VISAGES DE L’EXISTENCE

Kokoschka, Oeuvre-Vie, de Michel Rodde (entre autres, l’inédit Impasse du désir, 2010) nous ouvre les portes de la vie du peintre expressionniste Oskar Kokoschka, artiste multidisciplinaire dont l’impressionnant parcours fut marqué par la lugubrité de son temps, le sanglant XXe siècle. Il s’agit d’une oeuvre dynamique et ludique dont les accents fictionnels lui confèrent une puissance métaphorique importante, à l’image de la grande imagination de l’artiste. Kokoschka, artiste plutôt méconnu mais non pour le moins important, peintre et écrivain ayant énormément voyagé, surtout à travers l’Europe, et dont l’existence est indissociable des grands tourments de son époque.

Le monde intérieur de Kokoschka, univers riche et complexe, est représenté grâce à un amalgame d’images d’archives, d’oeuvres et de photos, et une énergique narration de l’actrice Aurélia Lüscher et de Michel Rodde lui-même, étant la voix d’Oskar Kokoschka. Mais le récit se distingue par ses séquences fictives, là où par exemple Lüscher personnifie certaines femmes ayant fait partie de la vie d’Oskar. Ces moments à saveur burlesque installent une atmosphère bien particulière dans l’ensemble du film, venant à la fois pallier et maintenir l’intensité de ce dernier. L’utilisation versatile de la musique ajoute à la singularité du cheminement narratif et exprime à merveille les nombreuses bifurcations que prirent la route de Kokoschka. De Vienne à Dresde en passant par Berlin, allant du théâtre à l’écriture ou encore à l’enseignement, il semblait s’intéresser aux individus et aux moeurs avec une vigueur inépuisable malgré l’ère chaotique dans laquelle il évoluait.

Le film arrive à trouver un brillant équilibre entre l’illustration des conflits qui déchiraient la société, du désordre qui en résulta dans la vie du peintre et de l’impact que ce dernier pouvait avoir. Ses toiles avaient une façon de déshabiller son sujet, de retirer le masque des apparences qui suscitait l’ahurissement. Le caractère exhaustif du documentaire se veut bien à l’image de cette mise à nu, de cette justesse à l’égard des nombreuses composantes de la vie et de la personnalité de Kokoschka.

Oskar Kokoschka, dont la vision et l’expérience du monde se nourrissaient mutuellement de façon infinie, est un artiste ayant admirablement poursuivi son chemin et son art à travers les profonds changements et les grandes découvertes qui ont caractérisé son époque. Avec Kokoschka, Oeuvre-Vie, Michel Rodde aura levé le voile sur l’un des artistes les plus fascinants et éclectiques de son temps, offrant un portrait vivifiant de cet infatigable vivant, explorant avec originalité la richesse de son parcours et les tréfonds de son esprit.

Avec Kokoschka, Oeuvre-Vie, Michel Rodde aura levé le voile sur l’un des artistes les plus fascinants et éclectiques de son temps, offrant un portrait vivifiant de cet infatigable vivant, explorant avec originalité la richesse de son parcours et les tréfonds de son esprit.

FICHE TECHNIQUE
Sortie
Vendredi 17 mai 2019

Réal.
Michel Rodde

Origine(s)
Suisse

Année : 2017 – Durée : 1 h 31

Langue(s)
V.o. : français / s.-t.a.

Kokoschka, Life-Work

Genre(s)
Documentaire biographique

Dist. @
K-Films Amérique

Classement
Tous publics

En salle(s) @
Cinéma du Musée

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel.  ★★★★ Très Bon.  ★★★ Bon.
★★ Moyen.   Mauvais. 0 Nul.
½ [Entre-deux-cotes]

Leto

| PRIMEUR |
Semaine 20
Du 17 au 23 mai 2019

RÉSUMÉ SUCCINCT
Leningrad, un été du début des années 80. Tandis que les vinyles de Lou Reed et de Bowie s’échangent sous le manteau, une scène rock émerge en amont de la Perestroïka.

< CRITIQUE >
Jules Couturier
★★★★

LE ROCK SOUS EMPRISE

Le rock ’n roll est depuis toujours un véhicule de révolte et de liberté. Réaliser un film sur le rock amène son taux d’attentes liées à ses thèmes évocateurs. Mais lorsqu’on l’ancre dans un contexte historique de totalitarisme idéologique, l’expression des codes du genre se retrouve limitée. Ce point de vue permet une exploration intéressante du genre musical, de ce qu’il porte de rêve et, dans ce cas, de ce qui le contraint. C’est ce que Kirill Serebrennikov observe dans son cinquième long métrage, Leto, illustration d’un rêve de liberté confiné dans une prison idéologique.

D’entrée de jeu, on est entraîné dans le mouvement. La caméra en plan-séquence suit des jeunes filles s’introduisant illégalement par la fenêtre des toilettes d’une salle de concert. La conclusion de cette scène toute en action saisit quand on découvre que les audacieuses jeunes filles rejoignent des spectateurs qui sont tous assis, stoïques, comme interdits de mouvement, dûment surveillés par des agents de sécurité. Il y a un étonnant contraste entre le début et la fin de la séquence. Cette opposition entre folie et rigidité est au cœur de l’ensemble du film qui, par le contexte historique et politique dans lequel il est campé, ne prend jamais la voie habituelle du récit rock ‘n roll tel qu’attendu.

Avec ce précieux portrait de groupe, Kirill Serebrennikov nous fait découvrir une génération que l’Occident n’a pas pu connaître à sa juste mesure en raison du mur qui la confinait.

La forme du film elle-même évoque autant l’affranchissement que l’autorité. Dans sa manière de filmer, Serebrennikov appelle à de grands élans de liberté. Sa caméra toujours en mouvement est en concordance avec l’esprit qui habite les musiciens du groupe représenté.

Le noir et blanc des images est magnifié par une lumière solaire qui ajoute au sentiment de liberté et surtout d’espoir. Ce choix participe à créer une ambiance lyrique et nostalgique. Mais le noir et blanc témoigne aussi de la grisaille et de l’uniformité dans lesquelles baigne l’URSS à cette époque.

Si Viktor Tsoï, un des personnages phares du film, est une icône nationale pour une génération en Russie, sa notoriété internationale est beaucoup plus limitée que celle d’autres vedettes occidentales tel un Jim Morrison ou un David Bowie. Avec ce précieux portrait de groupe, Kirill Serebrennikov nous fait découvrir une génération que l’Occident n’a pas pu connaître à sa juste mesure en raison du mur qui la confinait.

« Meilleure trame sonore »
Festival de Cannes 2018

FICHE TECHNIQUE
Sortie
Vendredi 17 mai 2019

Réal.
Kirill Serebrennikov

Origine(s)
Russie

France

Année : 2018 – Durée : 2 h 08

Langue(s)
V.o. : russe / s.-t.a. & s.-t.f.

L’été
Summer

Genre(s)
Chronique musicale

Dist. @
MK2 / Mile End

Classement
Tous publics

En salle(s) @
Cinéma Moderne
Cinémathèque québécoise

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel.  ★★★★ Très Bon.  ★★★ Bon.
★★ Moyen.   Mauvais. 0 Nul.
½ [Entre-deux-cotes]

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