Entrevues

Darren Curtis

11 avril 2017

Propos traduits de l’anglais
par Élie Castiel

ASSUMER SA SINGULARITÉ
SANS GÊNE ET SANS REPROCHE

Darren Curtis

Darren Curtis

Le premier long métrage solo de Darren Curtis est marqué du signe de l’originalité : scénario béton, personnages hors du commun, aucun compromis avec la langue de tournage dans un territoire comme le Québec, entière disponibilité d’un jeune cinéaste amoureux de son métier. Darren Curtis nous a accordé une entrevue dans la langue de Shakespeare, assumant sa singularité sans gêne et sans reproche. Sa franchise et sa candeur nous ont touchés.

Pourquoi avoir tourné en anglais ?
En fait, il s’agit pour moi d’une expérience subjective, d’un film qui touche à ma réalité linguistiquement intrinsèque ; le milieu dans lequel j’évolue. En quelque sorte, un monde anglophone à l’intérieur de la réalité montréalaise. Si vous prenez, par exemple, le personnage de Hakeem Nour, joué par l’Érythréen Nabil Rajo, il doit naviguer entre trois langues, la sienne propre, l’anglais et le français qui, en quelque sorte, est incidentel puisque sa famille a décidé de s’installer à Montréal. Mais le caractère subjectif de l’entreprise assume en quelque sorte le refus de cette nouvelle langue, non pas par déni idéologique, mais qui a trait à une certaine notion du pragmatisme. C’est dans cette optique que j’ai tourné le film en anglais.
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Lina El Arabi

30 mars 2017

Propos recueillis par
Mathieu Houle-Beausoleil

UN JEUNE CINÉMA D’ACTEURS ET D’ACTRICES

Quel est votre parcours avant ce premier long-métrage?
Je suis entrée au conservatoire quand j’avais six ans. J’y suis allée pour la danse classique et le violon. Une fois au conservatoire, on me propose, par exemple, de jouer dans une comédie musicale. Et là, c’est cool de jouer! Alors, je demande à ma mère de m’inscrire à des cours de théâtre. Dès l’âge de 10 ans, je cherche des castings. À 14 ans, j’ai mon premier agent… À défaut d’avoir l’air pompeuse, je me considère plus comme une artiste qu’une comédienne. Je pense que d’avoir fait du violon et de la danse classique pendant si longtemps m’a permis de faire des films. C’est un tout. Après, j’ai fait deux conservatoires d’art dramatique.

Lina El Arabi

Lina El Arabi

Le film utilise le lexique de la tragédie. Est-ce que le théâtre classique vous a inspiré pour construire ce rôle?
C’est une bonne question parce que les professeurs aiment que vous choisissiez des rôles qui vous ressemble, c’est-à-dire des rôles de votre âge, de votre sexe. Et moi, un professeur m’a dit un jour : « tu devrais jouer Phèdre! ». J’étais surprise parce qu’elle a sûrement 50 ans. Alors pourquoi? Il m’a répondu que j’avais une âme de vieille dans un corps de jeune. Ça m’a permis de découvrir que la tragédie était beaucoup plus près de moi que la légèreté. J’ai d’ailleurs plus de difficultés, dans le film, avec les scènes plus légères. Alors, au conservatoire, j’ai travaillé beaucoup les rôles de tragédies classiques comme Phèdre. Le rôle dans Noces m’a peut-être attirée pour ça.
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Danae Elon

23 mars 2017

Propos traduits de l’anglais
par Élie Castiel

LES DEUX DIASPORAS

En 1947, après le mandat britannique en Palestine, les Nations unies proposent un partage de la terre entre Juifs et Arabes. La ligue des états arabes refusent. Quelle est votre position à ce sujet ?
Ma position réside dans le fait que si un État palestinien avait été créé côte à côté d’un État israélien en 1947, la réalité serait différente aujourd’hui. Mais les faits sont, en réalité, plus complexes que de dire « les gouvernements arabes de l’époque avaient refusé toute partition ». En fait, nous reprenons en quelque sorte le dialogue sur les relations entre les Juifs et les Arabes en Palestine, avant la vague d’immigration juive massive dans la région. Je préfère voir cela comme une double tragédie : celle d’un peuple qui a eu pour base la création de l’État d’Israël, et celle d’un peuple, les Palestiniens qui a été déplacé de sa terre natale à cause de ce qui est arrivé aux Juifs, en Europe. Ces deux tragédies coexistent dans une même forme de narration, à l’intérieur des deux histoires, deux histoires qui se contredisent et qui ne peuvent coexister que si l’une et l’autre acceptent ses propres tragédies. Il ne s’agit pas lequel des deux peuples a tord ou raison, car dans les deux cas, il s’agit, selon l’époque, d’exil et de déplacement, d’un droit de retour. Pour les Juifs, celui d’avoir un territoire où ils se sentiraient en sécurité ; pour les Palestiniens, reprendre ce qu’ils avaient auparavant et qu’ils ont perdu.

Danae Elon

Danae Elon

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Shimon Dotan

16 mars 2017

ENTREVUE
Propos t
raduits de l’anglais
par Élie Castiel

ENRAYER LE DIALOGUE DE SOURDS

FILM_Shimon Dotan (The Settlers)Un an avant la création de l’État d’Israël, des décisions sont prises aux Nations Unies concernant la division de la Palestine, alors sous mandat britannique. Que s’est-il vraiment passé?
Le plan des Nations Unies de partager la Palestine en deux états distincts était une proposition qui donnerait suite à la fin de l’ancien mandat britannique sur la Palestine. Le 29 novembre 1947, l’Assemblée générale des Nations Unies adoptait la Résolution 181, appelant à diviser la terre de Palestine en deux territoires, l’un juif, l’autre arabe. L’Agence juive pour la Palestine accepte le plan. Les gouvernements arabes de la région rejettent le partage, refusant toute forme de division territoriale, revendiquant que ce plan violait les droits de la majorité des résidents entre le Jourdain et la Méditerranée. Des 1 237 000 habitants, 33 % étaient juifs et 67 % arabes. Le 30 novembre 1946, les confrontations commencent entre les deux camps. Le 14 mai 1948, les Juifs déclarent la création de l’État d’Israël. Les armées arabes envahissent la région. Le conflit se termine le 20 juillet 1949. Israël agrandit son territoire au-delà des limites établies par le plan des Nations Unies.
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Sylvain L’Espérance

27 février 2017

EXTRAIT /
ENTREVUE
Transcription : Jérôme Delgado

307_Sylvain L'Espérance

© ONF

« LA GRÈCE, C’EST
CE QUI NOUS ATTEND… »

Dévoilé aux Rencontres internationales du documentaire de Montréal, en novembre 2016, Combat au bout de la nuit est un film-fleuve porté par le désir de lutter contre les mesures d’austérité des gouvernements. Sylvain L’Espérance s’est tenu à le tourner en Grèce, mais il le considère comme un écho de l’état du monde. Sa présentation dans la section Panorama de la 67e Berlinale, en février 2017, le ravit particulièrement parce qu’on lui a annoncé avoir voulu faire, avec cette sélection, « un geste politique ». Le documentariste québécois ne pouvait mieux être servi, lui qui cherche, derrière sa caméra imprégnée de poésie, à suggérer des formes de résistance.  Suite

Luciano Tovoli

3 septembre 2016

PhD et Maître de conférence en langue italienne et cinéma européen à la Sheffield Hallam University, en Grande-Bretagne, Giulio L. Giusti a eu la possibilité, en 2015, d’interviewer le directeur photo Luciano Tovoli, plus de 80 films à son actif,  dont on se souviendra, entre autres, des images baroques dans Suspiria (1977) de Dario Argento, le fougueux Titus (1999) de Julie Taymor et avant cela, en 1985, le magnifique Police, de Maurice Pialat. Giusti a bénéficié de la présence de Maria Pia Arponi, doctorante en littérature italienne à l’Université Ca’ Foscari de Venise qui fait preuve de rigueur, d’imagination et d’érudition dans ses questions.

Et puis Luciano Tovoli, une vie pour mettre en mouvements diversifiés et nuancés les images cinématographiques et leur donner une signification transcendante, situant pour ainsi dire le cinéma au rang d’art immortel parce que miroir de la vie et de l’individu.

Nous vous proposons un extrait de cette entrevue, question de vous mettre l’eau à la bouche et d’attiser votre curiosité envers un métier peu abordé dans les revues. Voici donc le tout début d’une rencontre, exclusive à Séquences, dans la langue de Molière.

Élie Castiel
Rédacteur en chef
Séquences – La revue de cinéma

Luciano Tovoli

Luciano Tovoli

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Thierry Jousse

6 février 2016

«J’AVAIS QUAND MÊME L’IDÉE QUE LA CRITIQUE,
AUX CAHIERS EN TOUT CAS, C’ÉTAIT UN ENDROIT
OÙ ON ESSAYAIT DE TRACER LA CARTE DU CINÉMA..

Après une série d’entretiens réalisés avec des journalistes et des critiques du Québec, Il était impératif pour « États Critiques » (version imprimée, ndlr) de s’ouvrir à d’autres horizons et d’accueillir d’autres expériences plus éloignées des nôtres. Comme en témoigne cette rencontre avec Thierry Jousse, ancien rédacteur en chef des Cahiers, qui revient ici sur son rapport à la critique et, plus largement, au cinéma.

RENCONTRE
propos recueillis
par Sami Gnaba

Thierry Jousse 01 (Gnaba)

Avec la permission de Thierry Jousse

Je souhaiterais revenir sur les origines de votre parcours de critique. Quel a été le moment où le désir d’écrire sur le cinéma s’est imposé pour vous ?
C’est sûrement durant les années de mon adolescence quand j’ai découvert certains textes critiques, notamment le livre écrit par François Truffaut, Les films de ma vie. Qui réunit un certain nombre de ses textes, mais pas tous.… À l’époque j’étais déjà très intéressé par le cinéma, mais je ne sais pas si je pensais forcément à écrire dessus. Mais je me souviens que cette lecture a été très importante pour moi, parce que j’ai été frappé par sa façon d’écrire sur des films et des cinéastes que je ne connaissais pas forcément bien à l’époque, des gens comme Lubitsch par exemple. Après, ça a pris un petit moment avant de se décanter. J’ai écrit des choses pour moi, d’une manière assez informelle. Et ensuite, j’ai envoyé quelques textes aux Cahiers du cinéma qui ont retenu l’attention de Serge Toubiana.
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