5 novembre 2015
Combat féministe au début du siècle dernier, le film de Sarah Gavron (Brick Lane, 2007) est surtout le récit véridique des suffragettes londoniennes qui prend ici la forme d’une fiction à la limite du mélodrame, la très belle caméra observatrice d’Eduard Grau jetant son objectif sur le personnage de Maude Watts, magnifiquement porté par Carey Mulligan, passant d’un registre à l’autre avec une assurance innée. C’est en effet par ses nombreux déboires familiaux et sociaux que le discours narratif se matérialise, les problèmes encourus prennent forme et les grandes décisions politiques finissent par donner raison à la logique de la pensée.
Les scènes d’émeutes, trop nombreuses, sont tournées selon les codes du film épique, mais le discours autour de la problématique est souvent mis au rencart, à peine suggérée par de longues tirades un peu superflues, sans arguments solide, le tout au profit d’un certain sensationnalisme voyeuriste. Brendan Gleeson (en Inspecteur Arthur Steed) et Meryl Streep (Emmeline Pankhurst) font preuve de performances irréprochables, quoique limitées, notamment dans le cas de Streep. Mais Suffragette demeure quand même un film à voir, ne serait-ce que pour l’importance du sujet, notamment dans des parties du monde toujours tenaces contre les réformes progressistes.
Genre : Drame historique – Origine : Grande-Bretagne – Année : 2015 – Durée : 1 h 47 – Réal. : Sarah Gavron – Int. : Carey Mulligan, Helena Bonham Carter, Meryl Streep, Ben Wishaw, Brendan Gleeson, Romola Garai – Dist. / Contact : Fox.
Horaires : @ Cineplex
CLASSEMENT
Tout public
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [ Entre-deux-cotes ] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
Si on cherche à saisir les rudiments d’un quelconque récit dans le nouveau film du Taïwanais Hou Hsiao-Hsien, dont on se souviendra de son inoubliable Millennium Mambo / Qian xi man po (2001), inutile de perdre son temps à chercher. Car The Assassin est avant tout une exploration picturale, une recherche sur la forme des images en mouvements, un équilibre constant entre le geste sublime et l’immobilité.
Le préambule, composé de deux séquences, est filmé en noir et blanc et en ratio t 1.33 :1 tout à fait inattendu qui désoriente au tout début ; mais on comprend vite les intentions du cinéaste, voulant à tout prix jouer le jeu exigeant de la transition. On pourrait lire cet épisode comme un projet artistique de la part de Hou, séparant le réel et la suite, l’imaginaire, filmé en couleur, tel un tableau cinématographique où les images deviendraient une sorte de rendez-vous avec la peinture.
Schéma pictural animé en quelque sorte, laissant les personnages errer à travers l’espace, se laissant guider par une caméra-pinceau qui ne cesse de les convoiter. D’où le peu de dialogues, parti pris assumé. Telle se présente la mise en scène intime et personnelle de Hou Hsia-Hsien, puissante, singulière, donnant libre cours à l’inspiration. On cherche en vain une intrigue, on devine parfois quelques points de référence qui s’évanouissent de sitôt pour reprendre leur côté obscur.
Par moments, à travers quelques plans fugaces, The Assassin évoque Kobayashi et d’autres maîtres japonais dont le cinéaste semble s’inspirer, sans toutefois les mimer. L’originalité de Hou renprend très vite le dessus par le biais d’une profonde réflexision sur le dessin cinématographique, ses grandeurs et ses virtuosités. Noble proposition, mais sans doute intentionnellement distante.
Et pourtant, les dernières images, d’une lueur et d’une puissance évanescentes, prouvent jusqu’à quel point le cinéaste taïwanais non seulement possède le don de la maîtrise cinématographique, mais apporte à l’ensemble une formidable touche d’humanité, simple, lumineuse et conciliatrice, étonnamment romanesque et aérée, mettant fin à la solitude implacable d’une héroïne qui renaît finalement à la vie. Hou Hsian-Hsien s’impose ainsi avec une assurance jubilatoire.
Genre : Drame d’époque – Origine : Chine / Taïwan / Hong Kong / France – Année : 2015 – Durée : 1 h 47 – Réal. : Hou Hisao Hsien – Int. : Qi Shu, Chen Chang, Satoshi Tsumabuki, Chang Shao-Huai, Ethan Huan, Hsieh Nikki Hsin-Ying – Dist. / Contact : Well Go Usa.
Horaires : @ Cinéma du Parc.
CLASSEMENT
Tout public
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [ Entre-deux-cotes ] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
Aux spectateurs de cinéma ou de télé qui se posent des questions sur ces mousses ou champignons qui bougent, surgissant dans les films d’horreur et de science-fiction pour contaminer les personnages ou les engloutir, le documentaire britannique The Creeping Garden, de Tim Grabham et Jasper Sharp, donne de nombreuses réponses sur ces myxomycètes et nous fait rencontrer des passionnés (amateurs ou scientifiques) qui traquent ces multi-organismes dans les sous-bois. D’autres se servent de certaines de ces mille espèces pour les allier à des microprocesseurs. La caméra de Grabham et confrères montre un de ces spécialistes des amibozoaires s’émerveiller de leurs remarquables architectures montrées dans des versions asséchées, placées dans un de ces innombrables grands tiroirs de musées naturels, loin des regards.
Dans les années 1930, Percy Smith, un naturaliste amateur anglais, utilisa la microphotographie image par image pour montrer déjà au cinéma ces Magic Mixies. Puisque peu de scientifiques hors de leur sphère si pointue manifestent de l’intérêt, l’arrivée de ces deux réalisateurs qui filment élégamment ces bestioles constitue pour ces chercheurs quasi inconnus une manne qu’ils emploient goulûment. La musique de Jim O’Rourke et Woob participe habilement à la docte étrangeté de cette incursion chez l’infiniment petit.
Genre : Documentaire – Origine : Grande-Bretagne – Année : 2014 – Durée : 1 h 21 – Réal. : Tim Grabham, Jasper Sharp – Dist. / Contact : 108 Media.
Horaires : @ Dollar Cinema.
CLASSEMENT
En attente
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [ Entre-deux-cotes ] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
Genre : Animation – Origine : États-Unis – Année : 2015 – Durée : 1 h 23 – Réal. : Steve Martino – Voix (v.o.) : Noah Schnapp, Bill Melendez, Hadley Belle Miller, Venus Schultheis, Kristin Chenoweth, Francesca Capaldai – Dist. / Contact : Fox.
Horaires : @ Cineplex
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Tout public
29 octobre 2015
Lauréat du prix de l’AQCC lors de la dernière édition du Festival du nouveau cinéma, Les démons de Philippe Lesage mérite amplement cette reconnaissance. On y dépeint la vie d’une famille de banlieue, où le discret benjamin traverse une période de questionnements et de découvertes. Le portrait de ce garçon, nourri de légendes urbaines, s’avère sensible et captivant. Son quotidien, peuplé de petits drames, d’inquiétudes et de moments de folie, sauront captiver les spectateurs par leur justesse. Suite
Si David Gordon Green s’est taillé une honorable réputation auprès d’une certaine critique, force est de souligner qu’il n’a jamais réussi à réaliser LE film de sa carrière, forte de près de dix-huit productions. Rappelons que Manglehorn, un de ses tout derniers, n’est sorti ici que directement en DVD (Séquences, nº 299, p. 23). Cela étant dit, Our Brand Is Crisis demeure, dans le genre satire politique, plus satire que politique. Suite
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