21 juillet 2016
Par sa capacité d’intégrer le jeu comme déterminant social et d’en faire le cœur des relations humaines, Nerve propose un portrait troublant et à peine exagéré d’une certaine jeunesse d’aujourd’hui, surtout à la vue de la folie Pokemon GO qui s’empare actuellement de la planète. L’acuité des auteurs sur leur époque est donc intéressante, apportant au film un point de vue sociologique certain qui ne manquera pas d’intéresser les historiens du cinéma dans les années à venir. Mais il faut plus qu’un attrait anthropologique pour faire un bon film, tant les ingrédients de cette bluette romantique placée à l’heure d’internet et des réseaux sociaux ne parviennent jamais à se soustraire aux conventions.
L’une des immenses qualités du cinéma d’Hirokazu Kore-eda est de capter la grâce, la spontanéité, la fraîcheur de minuscules moments de vie. De quoi la vie est-elle faite, sinon de moments? Capter l’instant le plus heureux d’une vie fut d’ailleurs le sujet de son film After life (1998), où un groupe de jeune gens aident ceux qui viennent de mourir à trouver l’instant de bonheur qu’ils souhaitent vivre éternellement. À remarquer que ceux qui accueillent les âmes décédées dans « l’entre-vie » sont des personnes qui n’ont pu faire de choix sur le moment de bonheur qu’ils cherchent à revivre pour l’éternité. Incapable de choisir, il leur est impossible d’avancer. Le thème du choix est central chez Kore-eda lié à celui, viscéral pour lui, de la famille.
Héritier d’Ozu dont il fait revivre les atmosphères et complexes relations familiales, le cinéaste brosse des portraits de familles complexes, où gravite la mort et l’abandon et où tous sont forcés de faire des choix. Qui sommes-nous, qui sont nos parents et à quelle famille choisissons-nous d’appartenir, sont les questions fondamentales que pose Kore-eda, et qu’il explore dans tous les sens…
Notre petite sœur reprend les thèmes de l’abandon parental et de la mort, mais de façon plus légère. Abandonnées par leur père, qui se remariera deux fois, puis par leur mère, les sœurs Sashi, Yoshino et Chika ont été élevées dans une vieille maison de la ville côtière de Kamakura par leurs grands-parents, désormais disparus…
L’art de Kore-eda est de tracer la trajectoire de ses personnages avec des lignes si fines qu’elles se fondent dans le paysage de ces moments minuscules dont la vie est faite. Si ces sœurs de Tchékhov façon japonaise n’en ont pas l’aigreur, elles sont tout de même pétries de ces conflits qui font que l’humain est humain…
Texte intégral
Séquences
Nº 304 (Septembre-Octobre 2016)
En kiosque : Septembre 2016
Genre : COMÉDIE DRAMATIQUE – Origine : Japon – Année : 2015 – Durée : 2 h 08 – Réal : Hirokazu Kore-eda – Int. : Haruka Ayase, Masami Nagasawa, Kato, Suzu Hirose, Ryô Kase, Ryôhei Suzuki – Dist. / Contact : Métropole.
Horaires : @ Cinéma Beaubien – Cineplex
CLASSIFICATION
En attente
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
La saga continue, pour le plus grand plaisir des trekkies ou plus poliment des trekkers. N’étant pas moi-même ni l’un ni l’autre, je me suis laissé guider par cette entreprise intergalactique populaire en faisant des efforts pour m’apprivoiser.
En ce 50e anniversaire de la série, Star Trek Beyond se démarque des autres par son approche un tant soit peu plus humaniste ; des questions s’imposent entre les membres de l’équipage ; comme toujours, des forces externes menaçantes se manifestent et il faut les détruire pour ne pas se faire annhiler ; un coming-out plutôt discret peine à s’affirmer alors que la publicité s’est montrée supérieurement prometteuse ; des êtres étranges venus d’autres planètes se solidarisent aux Terriens ou, au contraire, cherchent à les détruire.
Visuellement, c’est magnifiquement spectaculaire et dû au genre, promet des effets spéciaux époustouflants. Narrativement, Star Trek Beyond évoque la télésérie initiale, satisfait tout type de spectateurs, ceux qui rentabilisent sur les personnages et ceux qui recherchent l’action. En fin de compte, le film livre un spectacle respectable, sincère quant au domaine exploité et qui, mine de rien, crée un monde à la fois surréaliste et gigantesque.
Auteur des récents Fast and Furious, l’actif Justin Lin se plie admirablement aux exigences d’une machine hollywoodienne dominée par le gain immédiat, quels que soient les chemins à emprunter. C’est délirant, serein par moments, revendique un humour groupie (voir la réaction de certains dans la salle), se livre à une mécanique de la sensation à tout prix et finit par convaincre les plus tenaces récalcitrants de la série malgré la superficialité de l’ensemble.
Une suite… c’est fort probable.
Genre : SCIENCE-FICTION – Origine : États-Unis – Année : 2015 – Durée : 2 h – Réal. : Justin Lin – Int. : Chris Pine, Zachary Quinto, Zoe Saldana, Idris Elba, Simon Pegg, Karl Urban – Dist. / Contact : Paramount.
Horaires : @ Cineplex
CLASSIFICATION
Tout public
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
Avec Wiener-Dog, le cinéaste américain Todd Solondz fait du chien du titre un intéressant argument narratif reliant entre elles quatre courtes histoires mettant en scène des personnages provenant de différents milieux, observés à plusieurs étapes de leur vie. Il se donne ainsi la possibilité, par le biais de ce film composé de quatre segments (avouons-le d’inégales valeurs), de continuer à explorer les comportements de nos semblables, avec un humour toujours aussi sombre et sans concessions, cependant parfois teinté d’une inhabituelle tendresse…
Texte intégral
Séquences
Nº 304 (Septembre-Octobre 2016)
En kiosque : Septembre 2016
Genre : COMÉDIE NOIRE – Origine : États-Unis – Année : 2015 – Durée : 1 h 28 – Réal. : Todd Solondz – Int. : Julie Delpy, Tracy Letts, Greta Gerwig, Keaton Nigel Cooke, Kieran Culkin, Danny DeVito– Dist. / Contact : Métropole.
Horaires : @ Cinéma du Parc
CLASSIFICATION
Interdit aux moins de 13 ans
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [ Entre-deux-cotes ] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
14 juillet 2016
Dans Dressed to Kill, la caméra suit dans un musée pendant de longues minutes une femme, s’intéressant également aux autres personnes et aux œuvres d’art. Voilà une des séquences que Brian De Palma décortique dans ce parcours de sa vie et son œuvre. Deux plus jeunes confrères, Noah Baumbach et Jake Paltrow qui le connaissent depuis une dizaine d’années, sont ses interlocuteurs. Suite
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