14 octobre 2016
Au risque de me faire accuser d’hérétique, je me permets d’avancer que Dany Boon, l’homme aux mille tics, frôle ici par moments le Louis de Funès de l’âge d’or : son rythme, sa dégaine, sa détermination, son antipathie que nous savourons délicatement à toutes les sauces.
Et puis, sans nous avertir, il s’en aperçoit et très vitre reprend son rôle en livrant une de ses meilleures performances depuis des lustres. De ce personnage d’avare exacerbé, de radin confirmé, émane une détresse émotionnelle, une tendresse de tous les instants, une façon de se comporter, certes atroce, mais qui nous pousse à compatir avec lui.
Son François Gauthier souffre, tient à changer, mais se trouve constamment bloquer par ce monde de consommation où rien n’est gratuit et se paie davantage (sur ce point, la scène au restaurant est magnfiquement chorégraphié). Mais le problème n’est pas là puisque Cavayé ne tient pas à aller plus loin sur la critique de la sociale.
Cela, c’est la force du scénario de Nicolas Cuche et Laurent Turner, un duo dynamique qui a le sens de la répartie et tout particulièrement des transitions. Il est important que les critiques n’aient pas peur des comédies populaires, de ces films qui n’ont que le seul besoin de divertir, car derrière certains de ces personnages, se cachent des âmes en peine. Et puis, nous sommes devant un film qui respire une certaine France, un endroit qu’on ne retrouve plus. Cet élan de nostalgie, voire même de mélancolie nous ravit et nous sortons de la salle, le cœur gros comme ças. Non habitué à la comédie, Fred Cavayé prend le risque de l’aborder, prouvant sans peine jusqu’à quel point il peut être à l’aise.
Le film lance de nombreuses zones grises, s’appuyant fort probablement sur une idée béhavioriste de l’individu, d’où l’accumulation de scènes magnifiquement réussies où le genre comique s’impose comme s’il fallait le prendre au sérieux.
C’est à la fois drôle, triste, surprenant, délicat et menée par une pléïade de vedettes totalement ancrés dans leurs personnages. Jusqu’à date, une des plus surprenantes comédies françaises de l’année. Et s’il demeure aussi versatile dans son registre, Dany Boon mérite sans nul doute notre grand respect.
Genre : COMÉDIE – Origine : France – Année : 2016 – Durée : 1 h 30 – Réal. : Fred Cavayé – Int. : Dany Boon, Laurence Arné, Noémie Schmidth, Patrick Ridremont, Karina Marimon, Christophe Favre – Dist./Contact : A-Z Films.
Horaires : @ Cinéma Beaubien – Cineplex
CLASSEMENT
Tout public
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
Genre : SUSPENSE – Origine : États-Unis – Année : 2016 – Durée : 2 h 08 – Réal. : Gavin O’Connor – Int. : Ben Affleck, Anna Kendrick, J.K. Simmons, John Lithgow, Jon Bernthal, Jeffrey Tambor – Dist./Contact : Warner.
Horaires : @ Cineplex
CLASSEMENT
Interdit aux moins de 13 ans
(Violence)
Genre : FABLE – Origine : États-Unis / Porto Rico – Année : 2016 – Durée : 1 h 27 – Réal. : Julio Quintana – Int. : Lucas Quintana, Martin Sheen, Jacqueline Duprey, Aris Mejias, Hiram Delgado, Jorge Luis Ramos – Dist./Contact : A-Z Films.
Horaires : @ Cineplex
CLASSEMENT
Tout public
À la fin du XIXe siècle, Sacha, une adolescente aristocrate russe, part à la recherche du bateau de son grand-père Oloukine, célèbre scientifique et explorateur perdu dans l’Océan arctique. S’inscrivant dans la tradition des romans d’aventures tels Michel Strogoff de Jules Verne, le scénario de Claire Paoletti, Patricia Valeix et Fabrice de Costil, lui rajoute une touche féministe bienvenue puisque son personnage principal est une adolescente bien éduquée et volontaire mue par son désir de retrouver son grand-père maternel qui l’a aussi initiée à la science.
La mise en images de cette histoire se distingue par l’utilisation d’une animation en deux dimensions d’aplats magnifiques rendant hommage à la peinture et à la lithographie de cette époque. Les contours n’ont pas été délimités et les figures humaines peuvent ainsi plusieurs moments se fondre dans le paysage et la nature ambiante. Les effets de couchers de soleil, de neige, de brouillard et d’immenses étendues glaciales ou de steppes sont souvent frappants.
On retrouve donc cette attention aux détails dans la création d’un monde qui avait fait le succès du film irlandais The Secret of Kells. Le réalisateur Rémi Chayé y avait participé comme premier assistant. Plusieurs étapes d’une année d’apprentissage se produisent ainsi pour Sacha qui doit montrer son autonomie et sa faculté d’adaptation. Ayant quitté le confort ouaté d’un palais de Saint-Pétersbourg, elle devient ainsi successivement servante dans une auberge puis mousse-passager sur un navire. Les personnages secondaires sont assez variés dans leur différenciation pour qu’un portrait assez complexe de cette société très hiérarchisée soit ainsi dessinée par petits touches. Parmi les compositions vocales, on doit remarquer, en plus de celles des deux interprètes principaux, Christa Théret et Féodor Atkine, celle de Delphine Braillon dans le rôle bourru de Natacha, l’aubergiste.
Genre : ANIMATION – Origine : France / Danemark – Année : 2015 – Durée : 1 h 22 – Réal. : Rémi Chayé – Voix (v.o.) : Christa Théret, Féodor Atkine, Antony Hickling, Chloe Dunn, Thomas Sagets – Dist./Contact : SVBiz (Soda Pictures).
Horaires : @ Cineplex
CLASSEMENT
Tout public
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
6 octobre 2016
Le récit de Deborah Lipstadt prend la forme cinématographique en se concentrant tout particulièrerment sur le travail des avocats à la défense (meilleure partie de ce récit sur la justice et son contraire). Il en résulte un film bavard, mais non pour le moindre inintéressant : l’antisémitisme, la liberté d’expression, les limites et les défaillances de la démocratie, la montée des mouvements néo-nazis, autant de phénomènes de société au service d’une mise en scène qui n’innove rien, mais situe le spectacteur dans une zone de réflexion. Thème maintes fois abordé à l’écran, l’Holocauste sert ici de toile de fond à un regard sur la perte de la mémoire, le refus du souvenir quelle que soit sa gravité.
C’est l’être humain qui remis en question, nu devant ses contradictions, face à sa grandeur (les défenseurs de Lipstadt) et à son vil comportement (David Irving , qui assure sa propre défense). Rachel Weisz procure un jeu efficace, un peu trop zélée peut-être dans les scènes à la cour. Tom Wilkinson et Timothy Spall, dont on se souviendra de son brillant Mr. Turner (2014) de Mike Leigh, composent des rôles exemplaires. Pour le reste, le film aurait très bien pu être réalisé pour la télévision, avec, assurément, un plus grand auditoire.
Genre : DRAME JUDICIAIRE – Origine : États-Unis / Grande-Bretagne – Année : 2016 – Durée : 1 h 50 – Réal.: Mick Jackson – Int. : Rachel Weisz, Tom Wilkinson, Timothy Spall, Andrew Scott, Mark Gatiss, Jack Lowden – Dist. / Contact : Entract Films.
Horaires : @ Cineplex
CLASSEMENT
Tout public
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
Déjà, avec Rang De Basanti (Colour it Saffron, 2006), Rakeysh Omprakash Mehra mettait en relief un univers poétique où le réalisme transcendait avec forte habileté le quotidien. Dix ans plus tard, il choisit comme toile de fond deux espaces cinématographiques à l’opposé l’un de l’autre où le pouvoir de l’amour s’oppose aux multiples obstacles qui se présente à lui.
L’univers antique et mythique s’entrecroise avec l’époque contemporaine, mais pas toujours adroitement. Les deux histoires se ressemblent, et pourtant l’anachronisme de l’une se heurte à la logique de l’autre. Les principaux héros, admirablement bien campés par deux nouveaux venus dans l’industrie bollywoodienne, se heurtent au néfaste dilemme de caste (est-il possible que ça existe encore en Inde ?) qui les démunie de tout espoir de bonheur.
Harshvardhan Kapoor (première apparition à l’écran) et Saiyami Kher (deuxième long métrage après le succès commercial de Rey (2015), de Y.V.S. Chowdary, passent d’un registre à l’autre avec une aisance consommée, s’adaptant aux deux mises en scène, selon l’époque.
Mais c’est sur le plan de la narration que les deux récits ratent la cible, notamment en raison de leurs contresens évidents. Les deux histoires sont racontées par le biais d’une multitude de chants, intercalés de danses assez bien chorégraphiés ; approche poétique qui permet à Mehra d’essayer de se rapprocher le plus près possible du grand Sanjay Leela Bhansali. Peine perdue qu’à moitié car les univers qu’il crée ne sont pas dépourvus de grandeur poétique, de charme magnétique et de visuels somptueux, qualités apparentes et irrésistibles où le rythme sensoriel et celui de la terre s’unissent harmonieusement.
On soulignera la présence (courte) du légendaire Om Puri, dans un rôle de transmetteur de la mémoire, du souvenir et de l’éthique, sorte de guide spirituel, alter ego sans doute du réalisateur. À Bollywood, c’est le plus souvent une question d’amour, mais aussi de morale et de comportement de vie, autant personnel que social.
Genre : DRAME ROMANTIQUE – Origine : Inde – Année : 2016 – Durée : 2 h 10 – Réal. : Rakeysh Omprakash Mehra – Int. : Hashvardhan Kapoor, Saiyami Kher, Art Malik, Anuj Choudhry, Om Puri, K.K. Raina – Dist. / Contact : Imtiaz Mastan.
Horaires : @ Cineplex
CLASSEMENT
Tout public
(Déconseillé aux jeunes enfants)
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
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