En salle

Les fleurs bleues

23 mars 2017

RÉSUMÉ SUCCINCT
Wladyslaw Strzeminski, peintre réputé dans la Pologne d’après-guerre, figure de l’avant-garde, enseigne à l’École nationale des beaux-arts de Lódz. Mais ses idées ne plaisent pas aux autorités.

EXTRAIT
★★★★
Texte : Denis Desjardins

Andrzej Wajda, mort en octobre dernier, savait-il que Les fleurs bleues serait son ultime opus, le dernier d’une série de plus de 30 longs métrages sur une carrière s’étendant sur quelque 65 années ? En tout cas, on dirait bien là une sorte de bilan, un condensé de ses principales sources d’inspiration. Comme presque toujours chez lui, l’histoire est ancrée dans un contexte historique précis, un moment de crise où des forces antagonistes s’affrontent, avec à la clé un changement d’époque, un bouleversement sociétal. Suite

Les terres lointaines

RÉSUMÉ SUCCINCT
À l’aide d’entrevues et d’images captées sur le vif, un cinéaste québécois s’intéresse à la vie de marins qui travaillent sur un cargo. Au rythme des vagues et des ports visités, il témoigne du vécu et des rêveries de ces hommes partis à l’aventure.

CRITIQUE
★★★
Texte : Charles-Henri Ramond

SEULS À BORD

À l’instar du superbe Transatlantique de Félix Dufour-Laperrière (lire notre critique) auquel on ne peut s’empêcher de penser, Les terres lointaines est une virée au long cours à la découverte de l’univers si particulier qu’est la vie à bord d’un navire marchand. Un monde d’autant plus fascinant qu’il reste assez peu documenté et qui, face aux dangers de la mer, est en quelque sorte composé de héros ordinaires qui n’ont pas souvent voix au chapitre. Récompensé du prix Pierre et Yolande Perreault (meilleur premier ou second long métrage documentaire) aux RVCQ 1 ce voyage à travers les océans sonde la dureté du métier de ces hommes perdus dans l’immensité, étudie leurs motivations et se fait le témoin de leurs espoirs.

Ici, l’expérience formelle se compose de plans-séquences
contemplatifs, d’une trame sonore méditative aux accents
électroniques du plus bel effet, et de plans muets des tâches
et les passe-temps des occupants qui permettent de
mieux saisir la répétitivité et l’ennui du quotidien.

Les terres lointaines

Félix Lamarche a choisi de privilégier une démarche esthétique forte, comme l’avait fait son prédécesseur. Ici, l’expérience formelle se compose de plans-séquences contemplatifs, d’une trame sonore méditative aux accents électroniques du plus bel effet, et de plans muets des tâches et les passe-temps des occupants qui permettent de mieux saisir la répétitivité et l’ennui du quotidien. Indissociable de l’humain, la machine occupe une place prépondérante. Outre le travail efficace effectué sur le son, véhiculant les hurlements de ce mastodonte des mers, plusieurs séquences en exposent les tréfonds.

Se dégage alors une certaine forme de fascination envers sa bestialité métallique, faisant écho à celle que Denis Côté avait démontrée dans Que ta joie demeure. Des entrevues avec le personnel de bord complètent cette chronique de l’isolement, faisant ressortir un monde étrange bercé par une profonde solitude. Cependant, en dépit de leur intérêt, ces interventions longues et statiques traduisent dans un anglais parfois approximatif un message très semblable. Il aurait peut-être fallu les raccourcir. Malgré tout, force est de constater que pour un premier film, l’expérience est très prometteuse.

1 Tout comme l’avait été le film de Félix Dufour-Laperrière

Sortie :  vendredi  24 mars 2017
V.o. :  multilingue
Sous-titres : français

Genre :  DOCUMENTAIRE  – Origine : Canada [Québec] –  Année :  2016 – Durée :  1 h 38  – Réal. :  Félix Lamarche – Dist./Contact :  Les Films du 3 mars.

Horaires
@
Cinémathèque québécoise

Classement
Tout public

MISE AUX POINTS
★★★★★  Exceptionnel★★★★  Très Bon★★★  Bon★★  Moyen★  Mauvais½  [Entre-deux-cotes]  –  LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

Séquences_Web

Life

RÉSUMÉ SUCCINCT
Une équipe multidisciplinaire composée d’astronautes de différents pays a pour mission de récupérer une navette qui contient des prélèvements effectués sur la planète Mars. À bord de la station spatiale, les quatre hommes et les deux femmes unissent leurs compétences pour mener à bien l’opération.

EN QUELQUES MOTS
★★
Texte : André Caron

Quelques moments vivifiants se font sentir ici et là dans cette affligeante refonte du chef-d’œuvre de Ridley Scott, Alien (1979). D’abord, le plan-séquence de sept minutes à l’intérieur des modules communicants de la station spatiale internationale, qui présente l’un après l’autre les six membres de l’équipage chargés de récupérer une sonde revenant de Mars avec de précieux échantillons. La réalisation technique de ce plan impressionne autant qu’elle génère une confusion dans la relation spatiale entre les modules de cet habitacle sinueux. Toutefois, cette belle métaphore visuelle nous rappelle que ces humains seront bientôt décimés de l’intérieur par une forme de vie extraterrestre (pas nécessairement martienne) qui, à maturité, ressemble à un croisement entre la fleur de l’orchidée paphiodilum concolor et les bras d’une étoile de mer géante (pourquoi pas?).

Life

Ensuite, la découverte de cette étrange cellule vivante laisse croire que nous allons atteindre la complexité scientifique de The Andromeda Strain (1971), le grand film de science-fiction de Robert Wise qui abordait le même sujet. Malheureusement, nous plongeons très tôt dans l’absurdité biologique de Prometheus (2012) : une goutte ou une cellule qui prend des proportions gigantesques en quelques instants sans sustentation suffisante. Bien avant ce moment, la capture de la sonde endommagée par le bras canadien modifié défiait déjà toute logique physique : la force du moment d’inertie de la sonde aurait déchiquetée la station spatiale.

Chaque membre sera ultimement massacré ou sacrifié
avec la régularité d’un métronome, d’une façon de plus
en plus horrible, jusqu’à une séquence finale dont l’issue,
malgré son affinité avec Gravity (2013), ne devrait
surprendre que le plus crédule des spectateurs.

Au pire, admettons. Mais aussitôt que la créature agrippe la main du savant dans le laboratoire, la routine s’installe : chaque membre sera ultimement massacré ou sacrifié avec la régularité d’un métronome, d’une façon de plus en plus horrible, jusqu’à une séquence finale dont l’issue, malgré son affinité avec Gravity (2013), ne devrait surprendre que le plus crédule des spectateurs. Dommage, car les auteurs ont vraiment fait l’effort de former un véritable équipage international qui comprend trois Amércains (dont un Canadien et une Suédoise), un Britannique, un Japonais et une Russe, tous interprétés par des acteurs de talent. Dommage aussi que le réalisateur suédois Daniel Espinosa ait senti le besoin de désamorcer son punch final avec, au générique, la joyeuse et religieuse chanson Spirit in the Sky de Norman Greenbaum, entendue récemment dans Gardians of the Galaxy (2014). Ne croyait-il plus lui-même à son film, alors?

Sortie :  vendredi  24 mars 2017
V.o. :  anglais  / Version française
Vie

Genre :  SUSPENSE DE SCIENCE-FICTION  – Origine : États-Unis –  Année :  2017 – Durée :  1 h 47  – Réal. :  Daniel Espinosa – Int. : Jake Gyllenhaal, Rebecca Ferguson, Ryan Reynolds, Hiroyuki Sanada,  Ariyon Bakare, Olga Dihovichnaya  – Dist./Contact :  Columbia.

Horaires
Cineplex

Classement
Interdit aux moins de 13 ans
(Horreur)

MISE AUX POINTS
★★★★★  Exceptionnel★★★★  Très Bon★★★  Bon★★  Moyen★  Mauvais½  [Entre-deux-cotes]  –  LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

Séquences_Web

P.S. Jerusalem

RÉSUMÉ SUCCINCT
Fille unique du grand intellectuel israélien Amos Elon, Danae Elon, exilée depuis l’âge de vingt ans, décide de retourner vivre à Jérusalem peu après la mort de son père. Enceinte de son troisième enfant, elle quitte New York avec son conjoint, Philip, d’origine française, et leurs deux fils, Tristan et Andrei. Au cours des trois années que la famille passera en Israël, Danae prendra conscience de ce que signifie désormais pour elle la notion de patrie.

CRITIQUE
★★★★ ½
Texte : Élie Castiel

LES TERRES DE LA GRANDE PROMESSE

La semaine dernière, Shimon Dotan et The Settlers (Les colons). Cette semaine, Danae Elon et P.S. Jerusalem. Dans les deux cas, un regard acerbe sur la politique israélienne en ce qui a trait aux territoires occupés.

Deux générations de cinéastes : le premier issu de plusieurs vagues cinématographiques, puisque né en 1949 ; la seconde, ce sont les années 70 d’un XXe siècle où les revendications palestiniennes se font de plus en plus sentir dans le reste du monde, et non seulement parmi l’intelligentsia urbaine, mais partout dans les populations.

Début d’un Israël qui ne compte plus beaucoup d’amis (sauf ceux que l’on connaît déjà). Et une histoire de Juifs errants (surtout ceux de la diaspora), qui, dans certains cas, se repositionnent en ce qui a trait à cette antique terre promise. Ce qui est certain, c’est que la majorité des gouverments israéliens, depuis sa création, se sont mis d’accord pour que la paix soit évitée, ce qui explique et surtout confirme la colonisation massive, le plus important obstacle à la paix.

P.S. Jerusalem

Fille unique du célèbre journaliste de gauche israélien, Amos Elon, né en Autriche, mais très vite installé en Palestine, en 1933, encore sous mandat britannique, l’histoire de Danae (quel beau prénom mythologique grec) est un récit politique, un parcours de conscientisation morale et éthique, un rapport à l’Histoire de son peuple qui, prenant l’Holocauste comme alibi pour occuper des terres qu’ils possédaient il y a presque six mille ans, se sont donnés le droit de les ravir. Certes, une histoire d’holocauste, une histoire de Juifs ambulants, pas toujours bienvenus dans les terres d’accueil.

Aujourd’hui, un autre peuple qui souffre, la Palestine. Effectivement, à l’instar de Shimon Dotan, Elon, la cinéaste, aime son pays, mais comme son père l’aimait, avec ses différences, son optimisme sociopolitique des origines, ses souhaits de former une terre égalitaire.

La séquence où l’enfant palestinien sanglote lorsque son petit camarade juif doit repartir avec ses parents, en Amérique, nous déchire le coeur. Ces moments d’ultime réconciliation datent sans doute de 2015 ou même avant. Que s’est-il passé depuis ?

Le passé, c’est le passé, et P.S. Jerusalem est un documentaire à la fois politique et intime qui non seulement remet en cause la notion de patrie, mais diffuse admirablement bien la radicalisation interne, le racisme ordinaire (certes, la même chose se passe aussi chez les Palestiniens). Israël a la main forte, semble avoir oublié un passé plus généreux et a construit une démocratie à sens unique.

Le film d’Elon montre courageusement cette réalité. Son conjoint, Juif originaire d’Algérie, est présent dans le film, mais son discours est en quelque sorte réduit puisque la caméra de la cinéaste braque son objectif sur les enfants, le futur. Ils se poseront des questions sur Israël et les États-Unis, où la famille demeure, sauront édifier leurs idéologies lorsqu’ils seront adultes.

En attendant, nous partageons aussi une intimité matrimoniale qui se traduit parfois par des silences qui en disent long, et découvrons un peuple dont le fondamentalisme religieux dirige en quelque sorte le pays.

Entre antisémitisme et se prononcer contre la politique israélienne, énorme différence. Pour le spectateur, deux peuples, la Palestine et Israël, qui fonctionnent justement selon leurs fois respectives, et non uniquement en termes territoriaux. La séquence où l’enfant palestinien sanglote lorsque son petit camarade juif doit repartir avec ses parents, en Amérique, nous déchire le coeur. Ces moments d’ultime réconciliation datent sans doute de 2015 ou même avant. Que s’est-il passé depuis ? Et puis, qu’en est-il de la politique du Hamas et d’autres territoires fondamentalistes ?

Comme ce fut la cas la semaine dernière avec Dotan, nous avons posé quelques questions à Danae Elon, qui nous a répondu en anglais, alors que les attachés de presse nous avaient clairement indiqué qu’elle s’exprimait dans notre langue.

Mais bon…  cela est  une autre histoire !?

[ Entrevue avec Danae Elon, ici. ]

Sortie :  vendredi  24 mars 2017
V.o. :  anglais, arabe, hébreu
Sous-titres : anglais, français

Genre :  DOCUMENTAIRE  – Origine : Canada / Israël –  Année :  2015 – Durée :  1 h 28  – Réal. :  Danae Elon – Dist./Contact :  Filmoption.

Horaires
@
  Cinémathèque québécoiseCineplex

Classement
Tout public

MISE AUX POINTS
★★★★★  Exceptionnel★★★★  Très Bon★★★  Bon★★  Moyen★  Mauvais½  [Entre-deux-cotes]  –  LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

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Personal Shopper

RÉSUMÉ SUCCINCT
Courant les boutiques pour satisfaires les besoins vestimentaires d’une riche cliente, Maureen rentre chez elle le soir et tente de communiquer avec les esprits, souhaitant entrer en contact avec son frère, récemment disparu.

CRITIQUE
★★★★
Texte : Élie Castiel

TRAJECTOIRES INSOLITES

Film de fantômes ? Est-ce bien le cas de Personal Shopper, le nouveau Olivier Assayas ? À voir de plus près, les origines du cinéaste-auteur y sont pour quelque chose, notamment en ce qu’il a hérité fort probablement de son père, Jacques Rémy (véritable nom : Raymond Assayas), né en 1911 à Constantinople (aujourd’hui Istanbul), de confession juive, et à qui l’on doit, les scénarios, entre autres, de La chatte (Henri Decoin, 1958), Les bijoutiers du clair de lune (Roger Vadim, 1958), Le secret du chevalier d’Éon (Jacqueline Audry, 1959) et Le bois des amants (Claude Autant-Lara, 1960).

Personal Shopper

Les Juifs sépharades, particulièrement ceux de la péninsule ibérique, autrefois sous la tutelle des Arabes en Espagne, du fait même de leurs croyances, ont hérité d’un terrain où le supertitieux et l’occulte étaient une façon de vivre et de traverser les crises existentielles et les rapports familieux.

Est-ce si évident chez Olivier Assayas ? Sans doute, inconsciemment. C’est ce qui explique l’attachement entre le personnage de Maureen Cartwright (pourquoi avoir choisi une comédienne américaine alors que l’intrigue se passe en France ?), et son frère décédé, qu’elle observe comme un fantôme de l’au-delà. Car dans toute cette histoire de revenants, le psyché travaille plus rapidement que d’habitude, et ce qu’on s’imagine voir n’est que le fruit d’un désir, d’un souhait de transcender la vie, de nier la mort de l’autre et la sienne.

Ces effets spéciaux que nous nous fabriquons ne sont que le résultat de notre culture, notre éducation et avant tout notre rapport au monde et aux images (en mouvement). Il est certain que Assayas l’a compris et c’est de son for intérieur qu’il s’agit dans Personal Shopper. À notre sens, un film philosophique aussi bien que mystique.

Personal Shopper. À notre sens, un film
philosophique aussi bien que mystique.

Entre un boulot diurne qui consiste à acheter des produits féminins pour une cliente et une vie intime guidée par le spectre d’une disparition, deux univers, deux films en soi, deux approches cinématographiques qui ont pour guide le cinéma et ses multiples fonctions.

Des choix chromatiques qui se joignent par le côté grisâtre des univers mis en perspective. Avouons que Stewart compose son personnage admirablement bien, mettant à contribution l’aspect mondialiste de la culture (film français, interprète américaine). Film glauque, désespéré, ouvertement insolite, Personnal Shopper confirme l’originalité d’un auteur qui n’a pas dit son dernier mot. Sensuel dans son délire, serein dans sa proposition, en connaissance de cause majestueux dans les univers créés ; en fin de compte, un Olivier Assayas à voir avec bienveillance.

Sortie :  vendredi  17 mars 2017
V.o. :  anglais, français
Sous-titres : anglais

Genre :  SUSPENSE  – Origine : France / Allemagne –  Année :  2016 – Durée :  1 h 45  – Réal. :  Olivier Assayas – Int. : Kristen Stewart, Anders Danielsen Lie, Lars Eidinger, Nora von Waldstatten, Ty Olwin, David Bowles  – Dist./Contact :  Métropole.

Horaires
Cineplex

Classement
Interdit aux moins de 13 ans

MISE AUX POINTS
★★★★★  Exceptionnel★★★★  Très Bon★★★  Bon★★  Moyen★  Mauvais½  [Entre-deux-cotes]  –  LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

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Power Rangers

RÉSUMÉ SUCCINCT
Jason, Kimberly, Billy, Zack et Trini, cinq adolescents atypiques de la ville d’Angel Grove, découvrent des amulettes multicolores, sédimentées dans la roche d’une mine. Ils constatent rapidement que ces artéfacts extraterrestres leur donnent des pouvoirs spéciaux.

SANS
COMMENTAIRES

Sortie :  vendredi  24 mars 2017
V.o. :  anglais / Version française
Power Rangers

Genre :  AVENTURES FANTASTIQUES  – Origine : États-Unis / Canada –  Année :  2017 – Durée :  2 h 05  – Réal. :  Dean Israelite – Int. :  Dacre Montgomery, RJ Cyler, Naomi Scott, Ludi Lin, Becky G., Elizabeth Banks – Dist./Contact :   Séville.

Horaires
@
  Cineplex

Classement
Tout public
(Déconseillé aux jeunes enfants)

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T2 Trainspotting

RÉSUMÉ SUCCINCT
Vingt ans après avoir trahi ses amis en s’enfuyant avec le butin d’une transaction de drogue, Mark Renton revient à Édimbourg. Il retrouve d’abord Spud, toujours toxicomane, qui, désormais séparé de sa femme et de son fils, s’apprête à se suicider par surdose. Après avoir sauvé la vie de Spud in extremis, Mark rend visite à Simon qui, pétri de rancœur, l’accueille à coups de queue de billard. Par perfidie, Simon accepte de refaire équipe avec Mark et lui présente Veronika, une prostituée avec qui il s’est associé pour faire chanter des hommes en vue.

LE FILM DE LA SEMAINE
★★★  ½
Texte : Julie Vaillancourt

NOSTALGIE ET « NOUVELLES DROGUES »

Après le succès critique en 1994 de Shallow Grave (Petits meurtres entre amis), Danny Boyle réalise Trainspotting (1996), succès commercial et critique, qui révèle le cinéaste britannique sur la scène internationale, avec notamment une nomination aux Oscars du meilleur scénario, adapté du roman éponyme d’Irvine Welsh.

T2_En salle 01

Si T2 Trainspotting se veut aussi une adaptation romanesque du même auteur (Porno, 2002), il s’en inspire, sans pour autant y être fidèle;  le thème de la pornographie étant abordé en superficialité. Cela dit, on y retrouve tous les protagonistes principaux, alors que les acteurs du film de 1996, reprennent leur rôle, 20 ans plus tard. Un tour de force, dans une industrie basée sur l’égo et la superficialité de l’image ; le vieillissement des acteurs est organique et non pas créé par les artifices du maquillage. Pour le spectateur ayant découvert Transpotting lors de sa sortie en salles à la fin des années 90, le visionnement de la suite amène nécessairement son lot de réflexions personnelles sur le passage du temps, la société contemporaine et les nouvelles « drogues » des consommateurs.

Certains dialogues sont d’ailleurs éloquents ; pensons à l’excellent monologue prodigué par Mark Renton à Veronika, sur le thème « Choose Life ». Le slogan de la campagne antidrogue de la fin des années 80 est ici transposé à nos dépendances contemporaines à la technologie, faisant office de drogues, dans notre société du paraître où « l’interaction humaine ne se résume qu’à des données informatiques ».

T2 Transpotting, demeure dans la continuité de
l’oeuvre originale, avec les protagonistes, la signature
et l’humour qui en ont fait son succès et les nombreux
retours en arrière, donnant envie de découvrir
(ou de redécouvrir) Trainspotting, le premier.

À une époque où le cinéma américain multiplie plus que jamais les suites (et préquels) de films à succès afin de vendre du popcorn, le cinéaste britannique a le mérite de proposer une suite intelligente, où les protagonistes évoluent dans une continuité temporelle vraisemblable. En attendant deux décennies avant de proposer T2, des phrases sur le thème de la nostalgie, prennent tous leur sens: « Tu es un touriste visitant ta propre jeunesse » dira Simon « Sick Boy » à Mark, son ami d’enfance. À n’en point douter, la force de Danny Boyle est non seulement de rester fidèle à ses protagonistes et leurs parcours, avec une diégèse ancrée dans un contexte plus contemporain, mais aussi à son esthétique avec une signature assumée, et ce, malgré maints succès aux genres divers (Slumdog Millionaire, 28 Days Later, 127 Hours). Boyle démontre que l’on peut faire carrière à Hollywood, sans tomber dans le pathos du réalisateur qui perd ses repères. L’esthétique du premeir Trainspotting, qui a conduit plusieurs cinéastes de la fin des années 90 à s’en inspirer, citons Cours Lola Cours (1998), est encore présente dans T2, particulièrement dans les scènes associées à la consommation de drogue, lorsque Renton « rechute » ou encore lorsque Simon consomme de la cocaïne.

Quoique légèrement plus sage, à l’image de ses protagonistes (ex-toxicomanes), l’esthétique est dynamique, alliant vitesse du montage, arrêt sur image ou encore cadrages en gros plans décentrés. Notons aussi quelques citations à des classiques du cinéma; Spud campe le Jack La Motta de Raging Bull le temps d’une scène (dans le premier opus, c’était le bébé mort qui interprétait une célèbre scène de The Exorcist). D’ailleurs, ceci démontre le caractère un peu plus sage de T2 ; séquences moins « glauques », car moins de toxicomanie. Une musique pertinente, quoique mois exacerbée. Légèrement moins violent, outre le personnage de Robert Carlyle, toujours aussi colérique (doublé d’un sentiment de vengeance).

T2_En salle 02

Malgré tout, T2 paraît moins original que l’opus de 1996 : ce qui faisait office de coup de poing dans le premier, de par son caractère novateur, surprend moins, sans compter que les protagonistes, désormais quadragénaires, se sont quelque peu assagis. Néanmoins, T2 Transpotting, demeure dans la continuité de l’oeuvre originale, avec les protagonistes, la signature et l’humour qui en ont fait son succès et les nombreux retours en arrière, donnant envie de découvrir (ou de redécouvrir) Trainspotting, le premier.

Sortie :  vendredi  24 mars 2017
V.o. :  anglais / Version française
F2 Ferrovipathes

Genre :  COMÉDIE DRAMATIQUE  – Origine : Grande-Bretagne –  Année :  2016 – Durée :  1 h 58  – Réal. :  Danny Boyle – Int. : Ewan McGregor, Robert Carlyle, Johnny Lee Miller, Ewen Bremner, Angela Nedyalkova, Kelly Macdonald – Dist./Contact :  Columbia.

Horaires
@
  Cineplex

Classement
Interdit aux moins de 13 ans
(Langage vulgaire)

MISE AUX POINTS
★★★★★  Exceptionnel★★★★  Très Bon★★★  Bon★★  Moyen★  Mauvais½  [Entre-deux-cotes]  –  LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

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