En couverture

Hommage à la Nikkatsu Corporation

15 juin 2012

CONVERGENCES INTIMES

>>  Élie Castiel

Par voie de point de presse et de communiqué, on nous annonçait la semaine dernière que le duo FNC (Festival du nouveau cinéma de Montréal) et Fantasia (Festival international de films Fantasia) unissent leurs forces pour rendre hommage à la célèbre boîte de distribution nippone, la Nikkatsu Corporation, qui fête son 100e anniversaire. Dix décennies témoins de multiples transformations cinématographiques. À l’aube des années 1970, la Nikkatsu se spécialise dans le cinéma à « sensations fortes » (sic). La tendance se maintient au cours des années 1980, alors que le « roman porno » fait son apparition et assure sa place auprès d’un public de plus en plus large. Les thèmes de prédilection, dont la violence, le sadomasochisme et le romantisme connaissent leurs heures de gloire et influencent en quelque sorte un certain cinéma occidental qui bénéficiera de sa reconnaissance grâce au mouvement psychotronique et à l’émergence d’un circuit marginal revendiqué par une grande partie de la critique. Par la même occasion, la Nikkatsu favorise l’émergence de nouveaux talents qui ont pour nom, entre autres, Tatsumi Kumashiro, Masaru Konuma et Chusei Sone.

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Semaine du 15 au 21 juin 2012

LE FILM DE LA SEMAINE …

LES ACACIAS
(Las acacias)

DRAME | Origine : Argentine / Espagne – Année : 2011 – Durée : 83 minutes  – Réal. : Pablo Giorgelli – Int. : Hebe Duarte, Germán de Silva, Nayra Calle Mamani –  Dist. : K-Films Amérique | Horaires / Versions / Classement : Cinéma du Parc – Excentris

Résumé
À la demande de son patron, un camionneur accepte de conduire une jeune femme et son bébé du Paraguay jusqu’en Argentine. Sur la route qui les mène à Buenos Aires, ces êtres étrangers l’un à l’autre devront apprendre à s’apprivoiser.

En quelques mots
★★★★
Caméra d’or à Cannes en 2011, Las Acacias ressemble à un road movie, mais l’ensemble est trop intimiste pour cette formule. Il faut des prodiges de montage pour rendre de très nombreux champs/contrechamps vivants. Et le film réussit cela. En fait, il s’agit d’une histoire d’amour entre un « vieux monsieur » bourru et une jeune mère monoparentale, mais le tout a des allures des premiers émois d’un premier rendez-vous amoureux. L’émotion est donc au rendez-vous, en particulier dans la dernière partie du film, alors que notre camionneur toujours solitaire, découvre le bonheur possible de connaître une grosse famille. Le film est simple, certains diront simpliste, mais la vérité des situations gagne un ensemble de spectateurs. >> Pierre Pageau

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Croire au monde

8 juin 2012

>> Sylvain Lavallée

Cela fait si longtemps que l’on parle de l’ontologie de l’image photographique qu’il me semble que cela devrait être un acquis dans les discours sur le cinéma. La relation du cinéma au monde est au cœur de toutes les pensées sur cet art, bien avant que Bazin le formule ainsi d’ailleurs, alors pourquoi le cinéma est encore largement considéré comme une simple forme de narration, qui ne serait au fond que de la littérature ou du théâtre avec des images? On a beau se plaindre de films pas assez « cinématographiques », comme j’en parlais à propos de A Dangerous Method, et comme on le lit encore ces jours-ci à propos de Cosmopolis (décidément, on ne m’écoute pas), ce reproche doit se comprendre plutôt comme si les images de ces films ne sont pas assez narratives. A Dangerous Method ne serait pas « cinématographique » parce que les images de ce film ne racontent rien, elles ne font que supporter indifféremment les mots, mais comme je l’écrivais il y a quelques semaines, non seulement ces images racontent, elles disent aussi (et surtout) quelque chose sur le monde. Une image qui ne serait pas « cinématographique », quant à moi, ça serait une image qui n’a que faire du réel, qui serait trop préoccupée à communiquer un discours unilatéral pour présenter une image vraie du monde, la publicité par exemple, que je suis exaspéré de voir souvent mis côte à côte avec le cinéma simplement parce qu’elle a été réalisée par un cinéaste réputé, parce que l’image est léchée, parce qu’elle est bien foutue, alors qu’il n’y a jamais eu, et ne pourra jamais avoir, une quelconque forme d’art dans la publicité. Ou encore Young Adult, dont je parlais aussi il y a peu, un film qui n’a que faire du monde. D’ailleurs, ce n’est sûrement pas un hasard si les films eux-mêmes se préoccupent de moins en moins du monde, de toute sorte de façons, alors qu’au même moment les commentateurs sur le cinéma ne parlent plus de son ontologie.

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Semaine du 8 au 14 juin 2012

7 juin 2012

LE FILM DE LA SEMAINE …

LE CHEVAL DE TURIN
(The Turin’s Horse / A Torinói ló)

DRAME | Origine : Hongrie / France / Allemagne – Année : 2011 – Durée : 146 minutes – Réal. : Béla Tarr, Ágnes Hranitzsky – Int. : János Derzsi, Erika Bók, Mihály Kormos, Ricsi – Dist. : FunFilm | Horaires / Versions / Classement : Cinéma du Parc – Excentris

Résumé.
À  la fin de sa carrière, démoralisé, le philosophe Friedrich Nietzsche s’était jeté en pleurant au cou d’un cheval malmené par son cocher. Ça s’est passé à Turin le 3 janvier 1889. Le film explore les destinées du cocher, de sa fille et du cheval en question.

En quelques mots
★★★
1/2
Appartenant à un genre inclassable, Le Cheval de Turin est avant tout un film sur la puissance de l’image qu’aucun mot, qu’aucune parole ne peut entraver, sur la morale éthique du plan aussi, sur le parti pris esthétique, sans conditions, intransigeant, se voulant plus fort que le récit, revendiquant la place qu’il mérite dans la fabrication d’un film. Il y a une musique insistante, grave, désordonnée, enveloppant le mouvement des deux principaux et quasi-uniques personnages, comme dans un rituel funèbre et grandiose. Envoûtant, hypnotisant, surréaliste, intemporel, le nouveau  film de Béla Tarr (et selon ses dires, son dernier) déploie ses plans-séquences avec une virtuosité remarquable. Le temps n’est plus dans la durée, mais dans l’instant, irrémédiable, contrastant, suivant les caprices et les bruits de la nature. Sur ce point, presque tout le film est terriblement bercé par le vent, par le bruit des feuilles qui tombent avec fracas. Et chez l’homme et sa fille, les travaux et les jours et comme exhortation, l’attente. Et puis survient un personnage, alter-ego du cinéaste, qui prononce les paroles du seul vrai dialogue dévoilant une vision apocalyptique du monde. Car en fin de compte, Le Cheval de Turin ressemble à une œuvre-testament, offrande d’un grand réalisateur pour qui le cinéma n’est rien d’autre que la mise en scène de l’incontournable et irréversible finitude. Nous sortons de la projection à la fois désemparés et émus par une telle ampleur visuelle. >> Élie Castiel

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Une nouvelle découverte allemande

3 juin 2012

QUI LE FERA, SINON NOUS ?
(Wer wenn nicht wir)

DRAME SOCIAL | Origine : Allemagne – Année : 2011 – Durée : 104 minutes – Réal. : Andres Veiel – Int. : August Diehl, Lena Lauzemis, Alexander Fehling – Contact : The Match Factory (Allemagne).

Résumé
Début des années 1960, dans petite ville de l’Allemagne de l’Ouest. Bernward Vesper et l’une de ses camarades d’université, Gudrun Ensslin, vivent une aventure amoureuse passionnée. Croyant au pouvoir des mots et voyant les ravages de la guerre au Vietnam, ils se lancent dans l’édition d’ouvrages politiques controversés. Mais, comme le monde qui les entoure, leur relation est de plus en plus tumultueuse. En 1968, Gudrun intègre Fraction armée rouge, un groupuscule terroriste pro-violence dirigé par Andreas Baader.

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La politique des images

1er juin 2012

ENGORGEMENTS

>>  Élie Castiel

En moyenne, on compte chaque semaine une dizaine de nouveaux films qui prennent l’affiche à Montréal, regroupant pour ainsi dire ceux destinés au grand public et les autres conçus pour un groupe de spectateurs plus sophistiqués. Si l’on tient compte que les deux catégories sont de plus en plus intégrées dans notre système de valeurs, force est de souligner que cette manne cinématographique nous submerge inlassablement, envahit notre quotidien de cinéphile (ou de critique), et cela sans tenir compte des événements cinématographiques ponctuels qui, eux aussi, s’accaparent de nos temps libres et nous compliquent parfois la vie.

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Semaine du 1er au 7 juin 2012

LE FILM DE LA SEMAINE …

AMADOR
COMÉDIE DRAMATIQUE | Origine : Espagne – Année : 2010 – Durée : 112 minutes  – Réal. : Fernando León de Aranoa – Int. : Magaly Solier, Celso Bugallo, Fanny de Castro, Sonia Almarcha, Pietro Sibille – Dist. : Film Movement | Horaires / Versions / Classement : Cinéma du Parc

Résumé
Enceinte de son copain qu’elle s’apprête à quitter, Marcela est engagée pour servir d’assistante à Amador, un vieil homme malade. La relation qui s’établit entre eux pousse la jeune femme à remettre en question sa propre existence.

En quelques mots
★★★

Fernando León de Aranoa à qui l’ont doit, entre autres, Mondays in the Sun (Los lunes al sol, 2002) et Princesses (Princesas, 2005), signe ici son œuvre la plus intimiste. S’il use (et même abuse) de silences, de regards voilés et de mimiques esquissés,  il nous montre aussi jusqu’où peut pousser parfois le désespoir des immigrants. Magaly Solier dont l’exquise beauté et le jeu puissant avait conquis les spectateurs dans The Milk of Sorrow (La teta asustada, 2009), nous revient ici dans un beau personnage féminin courageux, tendre et naïf, tels qu’on en voit peu sur nos écrans, depuis quelques années envahis par les Lara Croft de tout acabit. Amador regroupe des thèmes chers au réalisateur espagnol : la mort et le quotidien des nouveaux clandestins, bien évidemment, mais aussi celui de la prostitution grâce au délicieux personnage de Yolanda, une sirène sur le retour qui visite Amador une fois par semaine. Aranoa contourne cependant les clichés et les expectatives et surprend le spectateur avec quelques scènes pétillantes d’humour. Le film vaut largement le détour même s’il aurait gagné à être écourté d’une vingtaine de minutes. >> Anne-Christine Loranger

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