23 novembre 2017
Genre : Chronique biographique – Origine : Canada / Irlande – Année : 2017 – Durée : 1 h 45 – Réal. : Bharat Nalluri – Dist. : Entract Films.
Horaires/Info.
@ Cineplex
Classement
Tout public
Palme d’or au Festival de Cannes 2017, contestée par certains, The Square est avant tout un essai vitriolique qui, par le truchement de la morale du plan, propose une éthique du monde, de la société actuelle, de son égoïsme généralisé, vu pour ainsi dire comme une sorte de vertu en soi.
La charité, le partage, l’entraide ne sont plus à l’ordre du jour. Et l’art est devenu lui aussi une commodité que de nombreux faux artistes s’évertuent à diffuser (et à vendre). Comment reconnaître une véritable œuvre artistique de ce qui ne l’est pas ?
Dans l’art, et dans toute activité créatrice, la démocratie n’existe pas puisque l’art, de part sa nature, est un phénomène individuel qui dépend du talent, inné ou parfois acquis, qui ne concerne que l’artiste en question.
Mais le film se moque de l’art contemporain, utilisé à toutes les sauces, ne voulant, la plupart du temps, rien dire. Cette démocratisation de la pensée et de la création a non seulement atteint des proportions hallucinantes, mais a surtout faire ressortir des dérives autrefois insoupçonnées.
Même la performance (comme cet homme-chimpanzé qui ravive l’ère des premiers hommes lors d’un dîner et filmé avec une maestria sans précédent) fait partie de l’art aujourd’hui. En premier, cette longue séquence nous paraît gratuite, mais à bien y penser, Östlund rappelle que le rêve bourgeois est une vraie calamité, et que dans le même temps, les précurseurs de la morale qui crient justice, par exemple envers les immigrés, sont autant petits bourgeois que ceux qu’ils critiquent. Comment alors se retrouver dans cet imbroglio social qui place l’individu dans une sorte d’espace sans issue ?
The Square, c’est la sculpture d’un carré rempli de gravats, unique pièce dans un espace muséal du rien, aux murs d’une blancheur clinique. C’est incisif, piquant, pince-sans-rire, provocateur, imprévisible et d’une humanité déconcertante. C’est un film qui parle d’aujourd’hui, des hommes et des femmes qui remplissent l’espace terrestre et qui ne savent plus où ils se dirigent. Ça donne froid au dos, mais ça donne aussi l’occasion de réfléchir sur la condition humaine, ne serait-ce que par instinct de survie.
C’est sans aucun doute excessivement démonstratif, comme si les spectateurs, devenus enfants, assistaient à une leçon de morale. C’est là un des quelques bémols d’un film qui tient la route, mais en prenant trop de libertés, risque d’atténuer le propos.
On retient néanmoins la théorie selon laquelle l’Occident commence à entrer dans sa phase inévitable de déclin. Le nouveau siècle n’a pas fini de nous étonner et de nous angoisser.
Mais heureusement que la présence de l’impeccable et attrayant comédien danois Claes Bang nous sort momentanément de la lucide torpeur ambiante des temps présents.
Genre : Comédie dramatique – Origine : Suède / Allemagne / France / Danemark – Année: 2017 – Durée : 2 h 25 – Réal. : Ruben Östlund – Dist. : Eye Steel Inc.
Horaires/Info.
@ Cinéma Beaubien – Cinéma du Parc – Cineplex
Classement
Interdit aux moins de 13 ans
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
De Joachim Trier, le premier film qui nous vient à l’esprit est sans aucun doute l’innovateur et vachement intelligent Oslo, 31 août (Oslo, 31. august / 2011). Six ans plus tard, il opte pour le film psycho-analytico-fantastique en l’imprégnant d’un discours intellectuel sur l’existence. La relation lesbienne n’est guère gratuite, mais au contraire, suggère une sorte d’ouverture au monde réaliste, une reconnaissance des nouvelles cultures occidentales ancrées sur la liberté, la parité et quelque chose qui a à voir avec la dignité individuelle et le respect de l’autre.
Ces éléments ne sont pas nécessairement illustrés dans le film, mais se devinent, se sentent, d’autant plus que le film est destiné à un spectateur cinéphile qui, de sucroît, possède assez d’intelligence pour lire entre les lignes.
Oui, en effet, la trame initiatique est évidente, mais ici, elle prend possession du cinéma pour aller partout et nulle part. Car les intentions et les comportements des personnages se passent dans le silence de l’âme, endroit indicible de notre être, mais si suggestif et motivant. C’est vrai aussi dans l’architecture des lieux, des endroits grandeur nature (université, bibliothèque), véritables mecques du savoir, de véritables témoins de la fiction, mais où, paradoxalement, l’esprit peut parfois (cinématographiquement) prendre des formes inquiétantes, souvent tournés en contre-plongées ou subtilement à vols d’oiseau.
La mise en scène, clinique, froide, presque morbide, s’acclimate parfaitement bien à une certaine cinématographie européenne venant du froid, mais si chère à nos instincts cinéphiles, d’où sont d’ailleurs sortis des cinéastes de la veine de Lars von Trier (oui, apparemment Joachim aurait des liens de parenté avec lui), mariant subtilement (ou pas) cinéma d’auteur et fiction traditionnelle en les juxtaposant judicieusement.
Mais Thelma, c’est aussi un film sur les sensations qu’on peut éprouver après un premier regard, quel que soient le sexe. L’œil, dans ce sens, et semble dire Trier, est un tyran intransigeant, un mur infranchissable sans lois, ni codes moraux. Tout compte fait, son film est un essai freudien où la psychanalyse tient lieu de guide. Les comédiens, tous brillants, survivent magnifiquement bien à cette épreuve hors du temps. Subtilement équivoque!
Le film, par ailleurs distribué ici officiellement et interdit aux moins de 13 ans, sort dans la section « Évènements cinéma », dans une salle du Quartier Latin destinée uniquements aux Évènements, ce qui explique aussi qu’il n’y a pas eu de projection de presse. Raison : ? Point d’interrogation qui nous pousse à nous interroger sur l’état un tant soit peu chaotique de la distribution au Québec, c’est-à-dire, majoritairement à Montréal.
Genre : Drame fantastique – Origine : Norvège / France / Allemagne / Suède – Année : 2017 – Durée : 1 h 56 – Réal. : Joachim Trier – Dist. : Films Eye Steel Inc.
Horaires/Info.
@ Cineplex
Classement
Interdit aux moins de 13 ans
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
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