23 novembre 2017
La réalisation, paresseuse, navigue dans tous les bords, se cherchant constamment, se pliant à des codes archi-usés qui ne conviennent plus dans le cinéma contemporain. Si d’une part, l’incontournable Denzel Washington confirme sa versatilité à habiter des personnages hors-normes, il ne peut s’empêcher de dépasser sa motivation habituelle. À tel point qu’il peut finir par désamorcer certains spectateurs. Quant à Colin Farrell (impeccable dans le Sofia Coppola et les deux récents Yorgos Lanthimos), il se contente d’avoir des allures de beau gosse, sans rien apporter de nouveau à son personnage de chef de firme. La bande-son est assez originale et dans l’esprit des personnages principaux, mais on sort de la projection aussi confus qu’au début, témoins d’une affaire judiciaire qui, au fond, ne nous intéresse guère.
Il manque un souffle, une âme, un esprit de corps, des sensations inhabituelles, un discours performant; en somme, tous ces ingrédients qui font qu’un film est réussi, nonobstant de la possible minceur du scénario. Ici, le risque encouru ne produit rien de concret. C’est comme si le réalisateur avait décidé de composer une ballade sur le milieu de la justice et qu’au beau milieu, il aurait été la victime d’une série de faux pas. Sans oublier le manque de délicatesse d’un titre gratuitement pompeux, totalement injustifié par le résultat.
Genre : Drame – Origine : États-Unis – Année : 2017 – Durée : 1 h 42 – Réal. : Dan Gilroy – Dist. : Columbia Films.
Horaires/Info.
@ Cineplex
Classement
Tout public
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
Genre : Chronique biographique – Origine : Canada / Irlande – Année : 2017 – Durée : 1 h 45 – Réal. : Bharat Nalluri – Dist. : Entract Films.
Horaires/Info.
@ Cineplex
Classement
Tout public
Palme d’or au Festival de Cannes 2017, contestée par certains, The Square est avant tout un essai vitriolique qui, par le truchement de la morale du plan, propose une éthique du monde, de la société actuelle, de son égoïsme généralisé, vu pour ainsi dire comme une sorte de vertu en soi.
La charité, le partage, l’entraide ne sont plus à l’ordre du jour. Et l’art est devenu lui aussi une commodité que de nombreux faux artistes s’évertuent à diffuser (et à vendre). Comment reconnaître une véritable œuvre artistique de ce qui ne l’est pas ?
Dans l’art, et dans toute activité créatrice, la démocratie n’existe pas puisque l’art, de part sa nature, est un phénomène individuel qui dépend du talent, inné ou parfois acquis, qui ne concerne que l’artiste en question.
Mais le film se moque de l’art contemporain, utilisé à toutes les sauces, ne voulant, la plupart du temps, rien dire. Cette démocratisation de la pensée et de la création a non seulement atteint des proportions hallucinantes, mais a surtout faire ressortir des dérives autrefois insoupçonnées.
Même la performance (comme cet homme-chimpanzé qui ravive l’ère des premiers hommes lors d’un dîner et filmé avec une maestria sans précédent) fait partie de l’art aujourd’hui. En premier, cette longue séquence nous paraît gratuite, mais à bien y penser, Östlund rappelle que le rêve bourgeois est une vraie calamité, et que dans le même temps, les précurseurs de la morale qui crient justice, par exemple envers les immigrés, sont autant petits bourgeois que ceux qu’ils critiquent. Comment alors se retrouver dans cet imbroglio social qui place l’individu dans une sorte d’espace sans issue ?
The Square, c’est la sculpture d’un carré rempli de gravats, unique pièce dans un espace muséal du rien, aux murs d’une blancheur clinique. C’est incisif, piquant, pince-sans-rire, provocateur, imprévisible et d’une humanité déconcertante. C’est un film qui parle d’aujourd’hui, des hommes et des femmes qui remplissent l’espace terrestre et qui ne savent plus où ils se dirigent. Ça donne froid au dos, mais ça donne aussi l’occasion de réfléchir sur la condition humaine, ne serait-ce que par instinct de survie.
C’est sans aucun doute excessivement démonstratif, comme si les spectateurs, devenus enfants, assistaient à une leçon de morale. C’est là un des quelques bémols d’un film qui tient la route, mais en prenant trop de libertés, risque d’atténuer le propos.
On retient néanmoins la théorie selon laquelle l’Occident commence à entrer dans sa phase inévitable de déclin. Le nouveau siècle n’a pas fini de nous étonner et de nous angoisser.
Mais heureusement que la présence de l’impeccable et attrayant comédien danois Claes Bang nous sort momentanément de la lucide torpeur ambiante des temps présents.
Genre : Comédie dramatique – Origine : Suède / Allemagne / France / Danemark – Année: 2017 – Durée : 2 h 25 – Réal. : Ruben Östlund – Dist. : Eye Steel Inc.
Horaires/Info.
@ Cinéma Beaubien – Cinéma du Parc – Cineplex
Classement
Interdit aux moins de 13 ans
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
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