5 juillet 2018
Surtout comédienne (entre autres, Le retour du héros, voir ici, et le dynamique et enjoué Quentin Tarantino Inglourious Basterds), Mélanie Laurent débute derrière la caméra dans le long métrage avec Les adoptés (2011), à ma connaissance, inédit ici, suivi du très remarqué Respire (2014), très bien accueilli par la critique. Dans ce troisième long, elle prend des risques énormes en transposant le récit de Christophe Ono-dit-Biot à l’écran. Genre littéraire aux multiples variations sur l’amour, l’aventure et la déchirure, dans tous les sens du terme.
Deux parties, dont la première en deux temps et passablement biscornue dans sa démarche; une rencontre, une histoire d’amour. Un couple. Les premiers balbutiements de la rencontre, la lune de miel et très vite, un deuxième mouvement plus grave; les malentendus, les différences entre deux personnalités opposées. L’homme cherchant la stabilité, la femme avide d’aventures frôlant souvent un côté métaphysique. C’est ce qu’on comprend dans une seconde partie où Laurent montre ses talents de réalisatrice, créant une étrange atmosphère de rêve, de fascination pour l’océan et mine de rien, laissant son personnage masculin se perdre dans une quête à la fois intérieure et en quelque sorte, policière.
C’est là aussi où Gilles Lellouche, pourtant très bon dans les deux premières sections, renforce son registre d’acteur de grand talent dans un rôle atypique qu’il défend avec un professionnalisme pointu, voire même poignant. Il intègre son personnage dramatique non seulement avec un sens inné de la répartie, mais transformant ses gestes et ses expressions pour signifier la tristesse, la dérive et les tourments de la perte.
Beau geste presque convenablement réussi de la part de Mélanie Laurent, mais tout de même porteuse d’une proposition audacieuse, bigrement casse-gueule, qui mérite définitivement notre adhésion. Sans oublier de souligner la direction photo aux multiples tonalités d’Arnaud Potier et celle de Jacques Ballard, pour la photographie sous-marine, resplendissante d’autant plus de majestuosité abyssale que d’hostilité sensuelle.
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Sortie
Vendredi 6 juillet 2018
Version originale
français
Réalisation
Mélanie Laurent
Genre
Drame
Origine
France
Année
2017
Durée
1 h 42
Distributeur
A-Z Films
Horaires & info.
@ Cinéma Beaubien
Cineplex
Classement
Tous publics
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MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Mauvais. 0 Nul / ½ [Entre-deux-cotes]
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La métaphore politique et la critique sociale s’intègrent sournoisement au genre d’exploitation pour grand public averti, plus exigeant, car il est question ici d’une étude sur le nouveau fonctionnement du film de genre. Et quoi de mieux qu’un décor made in USA pour que le message soit plus clair.
La blaxpoitation des années 70, très ancrée dans l’illustration d’une culture afro-américaine bien précise, était à l’époque un genre en soi.
Aujourd’hui, depuis l’avènement Obama, elle ne se distingue pas, du moins à Hollywood, de la blanche. Mêmes genres de films, mêmes scénarios, des personnages issus de toutes couches sociales, Noirs et Blancs confondus. Et pourtant, le racisme revient en force. C’est sur point que cette nouvelle mouture de la série Purge ne ressemble à aucune des précédentes.
Les citoyens des classes ouvrières et des oubliés sont en grande partie contre cette nuit de « crime légalisé ». Nouvelle approche scénaristique de la part d’un James Monaco en pleine puissance d’écriture. Mais les choses se compliquent un peu dans la réalisation de Gerard McMurray, dont le premier long métrage Burning Sands (2017) n’est disponible que sur le tout-puissant et incontournable Netflix.
La NFFA (New Founding Fathers of America) dont il est question dans The First Purge n’est-elle le substitut de la NRA (National Rifle Association)? Tout est affaire d’État. Par ailleurs, le KKK se mêle de la partie et c’est à une lutte de classes, de races et de couleurs de peau que nous avons droit.
Une lutte de classes sociales
Ici, les Bad guys sont les blancs (Trump et sa politique); les Noirs aussi le sont parfois : c’est peut-être le seul moyen qu’ils ont de se débrouiller dans une Amérique qui ne donnent pas les mêmes chances à tous. D’où l’utopie d’un rêve américain qui n’a jamais existé.
Un film intentionnellement déséquilibré dans sa forme, soutenu par la caméra d’Anastas N. Michos très souvent excessivement proche des personnages. Le directeur photo ne jure que pour le cadre, sa composition, son contenu, son rapport au récit et à la couleur.
Aucun comédien connu, un ensemble d’enthousiastes en délire devant les directives d’un cinéaste conscient de son époque, un tant soi peu bordélique dans la structure de sa mise en scène, des rapports entre les protagonistes, mais qui possède un ton, une démarche qui devrait se confirmer dans sa prochaine réalisation. Du moins, nous le souhaitons.
L’Amérique de Trump est malade et corrompue. Mais elle permet néanmoins de donner libre cours aux scénaristes engagés qui osent s’aventurer dans des chemins de traverse où on trouve toujours des idées à débattre. Le contraire aurait été consternant.
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Sortie
Vendredi 6 juillet 2018
Version originale
anglais / Version française
La première purge
Réalisation
Gerard MacMurray
Genre
Suspense
Origine
États-Unis
Année
2018
Durée
1 h 47
Distributeur
Universal Pictures
Horaires & info.
@ Cineplex
Classement
Interdit aux moins de 13 ans
Violence / Langage vulgaire
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MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Mauvais. 0 Nul / ½ [Entre-deux-cotes]
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28 juin 2018
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