3 mai 2019
Semaine 18
Du 3 au 9 mai 2019
RÉSUMÉ SUCCINCT
Niché au-dessus d’un quartier délabré de La Havane, se cache un village secret, à l’abri du brouhaha des rues qu’il surplombe. Ces maisons de fortune sont habitées par Roberto, Lala, Tita, Arturo, Juan, José, Reynol, Leonardo, Alejandro, Diosbel, Katiuska, Gabriel, Jean et Maria. Comme beaucoup d’autres habitants du centre de La Havane, ils ont été contraints de se réfugier dans les hauteurs devant la pénurie chronique de logements.
On sort de la projection avec une curieuse sensation de déjà-vu, un état de vertige assumé, un étonnement de voir que les choses n’ont pas changé dans ce pays, cet État des Caraïbes ; et étrangement, on s’en réjouit parce que ça nous rappelle avec nostalgie que la résilience et la résignation des individus sont des vertus encore à l’ordre du jour malgré le cynisme mondial ambiant.
Si les étranges habitants des azoteas (les terrasses ou encore les toits, en espagnol) ont déjà un certain âge, les propos d’aucun représentant de la nouvelle génération ne sont recueillis par le cinéaste, comme si les jeunes Cubains étaient occupés à préparer leur destin, en douce, sans que personne s’en aperçoive.
Avec Sur les toits Havane, Pedro Ruiz réconcilie habilement le spectateur avec la fragile notion d’humilité, denrée rare de nos jours.
Voici un document saisissant sur la fin d’une époque, d’une façon de vivre, de voir la vie, de penser à sa jeunesse rebelle, prise dans la tourmente d’une libération qui, sur certains points, a réussi, mais n’a pas tenu complètement ses promesses. Mais à partir de ces toits, ces terrasses devenues des chez-soi accueillants et protecteurs, tous les habitants, le plus souvent seuls, attendent une fin de vie qui tarde à venir, conscients qu’ils seront là pour encore longtemps et que rien ne changera pour eux même sir le pays se transforme.
Cubains dignes, qui ne travaillent pas ou si peu, mais qui envisagent la vie comme d’un passage provisoire sur Terre qui devrait nous être favorable. Et Pedro Ruiz sait filmer ce sentiment de plénitude, cette idée que le bonheur ne doit pas être nécessairement synonyme de possession de biens, que le simple fait qu’au lever du soleil, on puisse voir la ville, non pas celle touristique, mais celle où la mer paisible et le reflet du soleil sont déjà des valeurs inestimables, pour la simple raison qu’on ne les paie pas. Avec Sur les toits Havane, Pedro Ruiz réconcilie habilement le spectateur avec la fragile notion d’humilité, denrée rare de nos jours.

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FICHE TECHNIQUE
Sortie
Vendredi 3 mai 2019
Réal.
Pedro Ruiz
Origine(s)
Québec [Canada]
Année : 2019
Langue(s)
V.o. : espagnol / s.-t.a. & s.-t.f.
Havana from on High
Arriba Habana
Genre(s)
Documentaire
Durée : 1 h 20
Dist. @
K-Films Amérique
Classement
Tous publics
En salle(s) @
Cinéma Beaubien
Cineplex
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Mauvais. 0 Nul.
½ [Entre-deux-cotes]
Semaine 18
Du 3 au 9 mai 2019
RÉSUMÉ SUCCINCT
Documentaire sur Steve Bannon, l’ancien directeur exécutif de la campagne présidentielle de Donald Trump.
Accompagnée d’une petite équipe, la réalisatrice américaine Alison Klayman suit le stratège politique américain Steve Bannon dans ses déplacements aux États-Unis et en Europe, de son départ de l’équipe de Trump à la Maison-Blanche en 2017 à l’élection de mi-mandat de novembre 2018. Klayman est devenu célèbre pour son fascinant documentaire sur l’artiste dissident chinois Ai Wei Wei. (Ai Weiwei: Never Sorry). Steve Bannon, en raison de son égo aussi surdimensionné et parce qu’il a touché au cinéma comme producteur (Titus) et réalisateur (Torchbearer), a accepté d’être ainsi épié. Il est clair que le personnage en question aime bien les confrontations et le débat d’idées. Certaines de ses prises de position sont mises en contradiction par des intervieweurs ou des débatteurs plus aguerris. Le film manque cependant d’arrière-plan biographique pour qui ne connaîtrait pas le personnalité controversée de ce chantre de l’extrême-droite. Klayman, en montrant les interactions de Bannon avec un grand nombre de personnages politiques crypto-fascistes européens, permet pourtant de mieux cerner les prolégomènes de ce point de bascule (Brink) que Bannon tente de créer lors des élections de ce printemps au Parlement européen. Pour cela, la réalisatrice a fait œuvre d’alerte utile.
Il est clair que le personnage en question aime bien les confrontations
et le débat d’idées. Certaines de ses prises de position sont mises
en contradiction par des intervieweurs ou des débatteurs plus aguerris.

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FICHE TECHNIQUE
Sortie
Vendredi 3 mai 2019
Réal.
Alison Klayman
Origine(s)
États-Unis
Année : 2019
Langue(s)
V.o. : anglais
The Brink
Genre(s)
Documentaire
Durée : 1 h 31
Dist. @
Métropole Films
Classement
Tous publics
En salle(s) @
Cinéma du Parc
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Mauvais. 0 Nul.
½ [Entre-deux-cotes]
Semaine 18
Du 3 au 9 mai 2019
RÉSUMÉ SUCCINCT
Russ Sheppard se rend à Kugluktuk, une communauté inuite située au Nunavut, dans le Nord du Canada, pour y entamer une carrière en enseignement. Perçu comme un étranger sur le territoire, le jeune diplômé a fort à faire pour convaincre ses élèves de s’investir dans leurs études. Dans ce coin de pays complètement isolé du monde, où le désespoir, la violence, la drogue et l’alcool conduisent plusieurs adolescents au suicide, Russ se propose d’instaurer un programme sport-études qui motiverait jusqu’aux plus récalcitrants.
Avant tout actrice, Miranda de Pencier (entre autres, The Myth of the Male Orgasm) se lance dans la réalisation d’un premier long métrage, après le sujet court autochtone Throat Song (2013). La simplicité de la mise en scène, sans fioritures, allant droit au but, la direction d’acteurs et d’actrices, maîtrisée, et le sens d’observation de l’espace, sujet à de magnifiques prises de vue font de The Grizzlies un film à la fois émouvant et efficace sur le peuple inuit.
De Pencier assume avec dignité le côté grand public de l’entreprise, n’essayant pas de se laisser emporter par les codes du cinéma d’auteur. Les sentiments, les prises de bec, les incidents de parcours, les drames familiaux sont montrés de façon presque documentaire. Les plus réussies sont les séquences en classe, où l’enseignant blanc venu d’ailleurs change de stratégie après avoir fait la morale à un groupe d’insubordonnés, conscient d’une culture bafouée par les siens depuis des siècles. D’où un dialogue parfois soutenu par des répliques sournoisement exprimées.
Pédagogique, très certainement, mais essentiel tout de même.
Le sport, ici le jeu de la crosse ou Lacrosse. devient la métaphore du partage, du sens de la collectivité, de la responsabilité et en même temps d’une réappropriation de l’identité. Lorsque l’enseignant indique que ce jeu est le véritable sport national canadien, et non pas le hockey, on ne peut éviter de sourire devant la réaction de ces élèves rebelles (et des spectateurs dans la salle). La très belle trame sonore, d’auteurs autochtones, enrichit le film et les comédiens, dont Tantoo Cardinal, que l’on voit peu ici, mérite encore plus d’attention dans le cinéma canadien, s’en tirent merveilleusement bien. Dans un premier rôle, la jeune Emerald MacDonald (Miranda) domine la distribution par son charisme, sa timidité et sa détermination.
Pédagogique, très certainement, mais essentiel tout de même.

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FICHE TECHNIQUE
Sortie
Vendredi 3 mai 2019
Réal.
Miranda de Pencier
Origine(s)
Canada
Année : 2018
Langue(s)
V.o. : anglais, inuktikut / s.-t.a.
The Grizzilies
Genre(s)
Drame sportif
Durée : 1 h 46
Dist. @
Métropole Films
Classement
Tous publics
[ Déconseillé aux jeunes enfants ]
En salle(s) @
Cineplex
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Mauvais. 0 Nul.
½ [Entre-deux-cotes]
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