30 mai 2019
| PRIMEUR. Semaine 22 |
Du 31 mai au 6 juin 2019
RÉSUMÉ SUCCINCT
Menahem Lang nous ouvre la porte secrète de sa ville natale, Bneï Brak, « la ville des hommes en noir », la capitale mondiale des ultra-orthodoxes juifs. C’est ici qu’il a été violé tout au long de son enfance.
Quelque chose d’agréablement troublant émane de cet essai documentaire de Yolande Zauberman. Une sensation de béatitude face à l’interdit, non pas le montré, mais l’avoué, l’organique, le senti et plus encore le filmé. Car au-delà d’un film-témoignage, M est aussi un regard sur le plan, sur son ingérance dans le réel et plus particulièrement dans l’intime, finalement dévoilé. Persuader le sujet filmé à s’ouvrir au regard et à la curiosité du spectateur n’est plus une affaire de proposition intellectuelle, mais un geste interventionniste de la part de la cinéaste.
Geste politique, presque journalistique, tenant le cinéma en hotage, captif et passif face au thème abordé. D’où des ruptures de ton, un rythme inhabituel; des plans qui cadrent le M (pour Menahem) du film comme s’il devait se défendre contre le mal qu’on lui a fait dans une Cour de justice sociale. La sexualité dans le milieu des Juifs mâles ulta-orthodoxes existe, mais demeure cachée, secrète, terriblement discrète, interdite, et se manifeste parfois, dans de rares cas, dans la forme de pédophilie.
C’est avec Moi Ivan, toi Abraham (1993) que nous avons découvert Yolande Zauberman, plus habituée au genre documentaire – Would you have sex with an Arab (2011), nous avait emballés, non pas par l’approche du sujet, mais par la proposition elle-même. Ici, le M en question est devenu chanteur et la vie continue malgré tout. Pour la cinéaste, le film est avant tout le combat que doit entreprendre le cinéma pour atteindre une certaine vérité, afin de disséquer l’âme humaine, comme si le médium en question était un laboratoire d’expérimentation apte à décortiquer l’ADN et ses multiples cellules.
Revenir sur les lieux du crime, ce n’est pas seulement revoir l’endroit où se produisaient ces actes d’agression et peut-être bien, parfois consentis, mais surtout s’assurer qu’on filme les corps et les visages témoins avec respect, tendresse, une distance propre à un cinéma qui se respecte.
Avec M – oui, comme Menahem – Zauberman se permet sans doute une autre définition, comme le sous-titre en suspension, Maudit, dans le film de Fritz Lang; Menahem comme les autres victimes ne sont-ils pas devenus secrètement des déchus sociaux par la force du hasard?
Pour la cinéaste, le film est avant tout le combat que doit entreprendre le cinéma pour atteindre une certaine vérité, afin de disséquer l’âme humaine, comme si le médium en question était un laboratoire d’expérimentation apte à décortiquer l’ADN et ses multiples cellules.
FICHE TECHNIQUE
Sortie
Vendredi 31 mai 2019
Réal.
Yolande Zauberman
Genre(s)
Documentaire
Origine(s)
France
Israël
Année : 2018 – Durée : 1 h 47
Langue(s)
V.o. : anglais, hébreu, yiddish / s.-t.a. & s.-t.f.
M
Dist. @
Maison 4tiers
En salle(s) @
Cinéma du Musée
Cinéma Moderne
Classement
Tous publics
[ Déconseillé aux jeunes enfants ]
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]
| PRIMEUR. Semaine 22 |
Du 31 mai au 6 juin 2019
RÉSUMÉ SUCCINCT
L’hospitalité de Ma envers des adolescents va virer à l’obsession. Le sous-sol au départ si accueillant pour ces jeunes va devenir le pire endroit sur Terre.
Sans Octavia Spencer, Ma n’est qu’un suspense parmi d’autres, de ceux qui pullulent sur nos écrans. Mais aucun rôle ne lui fait peur; elle assure une corporalité (à prendre du bon côté) charismatique qui pousse le spectateur à tout lui pardonner, même si le premier scénario de Scotty Landes pour le grand écran affiche de nombreux clichés et n’évite pas les invraisemblances. Spencer s’impose. La mise en scène de Tate Taylor, dont on avait bien apprécié The Help / La couleur des sentiments (2011), opte cette fois-ci pour le regard satirique posé sur les petites bourgades des États-Unis et la démonstration du monde clos des lycées américains, où certains exercent du harcèlement sur leurs camarades, en principe les plus timides. Pour des raisons qui nous échappent, on pense vaguement à Whatever Happened to Baby Jane? / Qu’est-il arrivé à Baby Jane? (1963) le classique de Robert Aldrich, mais là s’arrête la comparaison; car ici, de nombreuses séquences demeurent prévisibles, et voir même risibles. Bien que le message final laisse un goût amer lorsqu’on s’aperçoit que ces erreurs de jeunesse sont pardonnées, comme si l’intimidation faisait partie des faux pas de l’adolescence qu’on doit vite oublier.
Sans Octavia Spencer, Ma n’est qu’un suspense parmi d’autres, de ceux qui pullulent sur nos écrans. Mais aucun rôle ne lui fait peur…
FICHE TECHNIQUE
Sortie
Vendredi 31 mai 2019
Réal.
Tate Taylor
Genre(s)
Suspense
Origine(s)
États-Unis
Année : 2019 – Durée : 1 h 39
Langue(s)
V.o. : anglais / Version française
Ma
Dist. @
Universal Pictures
En salle(s) @
Cineplex
Classement
Tous publics
[ Déconseillé aux jeunes enfants ]
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]
| PRIMEUR. Semaine 22 |
Du 31 mai au 6 juin 2019
RÉSUMÉ SUCCINCT
Une représentation épique des événements entourant l’infâme massacre de Peterloo en 1819, où un rassemblement pacifique pro-démocratie à St Peter’s Field, à Manchester, s’est transformé en l’un des épisodes les plus sanglants et les plus célèbres de l’histoire britannique.
Joseph, un soldat, revient traumatisé de la bataille de Waterloo1, le 18 juin 1815. Il rentre à pied à Manchester où sa famille travaille à très petit salaire dans les filatures. Dans ce Royaume-Uni où peu de personnes ont le droit de vote et où existent les « bourgs pourris », comtés avec peu d’électeurs alors que les grandes villes sont sous-représentés, Mike Leigh raconte les événements menant à la manifestation du 16 août 1819 sur le terrain de St Peter.
Filmée dans des teintes sombres par le directeur photo Dick Pope, la vie de la famille de Joseph, d’où ressort l’interprétation de sa mère Nellie par Maxine Peake, se déroule dans un contexte de nombreuses discussions, palabres, assemblées dont les tenants et aboutissants peuvent apparaître peu compréhensibles à plusieurs spectateurs. Pourtant, les épisodes judiciaires et la suppression de l’Habeas Corpus en 1817 offrent des parallèles avec la situation actuelle. Le grand nombre d’intervenants de tous types entrave la bonne marche de l’entreprise filmique même si des épisodes plus satiriques relèvent l’intérêt.
La peur de la Révolution française dans les classes mieux nanties est aiguillée par l’utilisation du symbole du bonnet phrygien par les organisations de défense des travailleurs ou en faveur du droit de vote pour tous. L’emploi de l’armée et de la milice pour la répression de ces manifestations devient donc une option trop facile2.
Les scènes bucoliques de rassemblements des participants dans les pâturages à l’extérieur de Manchester permettent de rajouter un allant aux préambules de la manifestation. Celle-ci est filmée dans un espace restreint où les coups de sabre pleuvent. Une panique s’en suit et dix-huit morts et de nombreux blessés tombent en ce lieu du centre-ville où cet événement est devenu Peterloo par contraction de Peter et de Waterloo. Mike Leigh, après ses grands films biographiques Turner et Topsy Turvy, n’a malheureusement pas réussi le projet de rendre complètement justice ce moment important de l’histoire de sa ville natale.
Filmée dans des teintes sombres par le directeur photo Dick Pope, la vie de la famille de Joseph, d’où ressort l’interprétation de sa mère Nellie par Maxine Peake, se déroule dans un contexte de nombreuses discussions, palabres, assemblées dont les tenants et aboutissants peuvent apparaître peu compréhensibles à plusieurs spectateurs.
1 Le duc de Wellington, pour cette victoire, reçoit du Parlement, une hénaurme bourse de £750,000 soit aujourd’hui l’équivalent de 133 M$ CAN. L’inflation gruge en plus les maigres revenus des travailleurs de cette ère.
2 Le commandant pour le Nord de l’Angleterre est le général Byng. Il sera absent de Manchester en ce fatal jour d’août. Il est le grand-père du général Byng of Vimy, gouverneur-général du Canada après la Première Guerre mondiale.
FICHE TECHNIQUE
Sortie
Vendredi 31 mai 2019
Réal.
Mike Leigh
Genre(s)
Drame historique
Origine(s)
Grande-Bretagne
Année : 2018 – Durée : 2 h 34
Langue(s)
V.o. : anglais
Dist. @
Métropole Films
En salle(s) @
Cineplex
Classement
Tous publics
[ Déconseillé aux jeune enfants ]
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]
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