En salle

Force majeure

15 janvier 2015

Semaine du 16 au 22 janvier 2015

Force majeureSortie : Vendredi 16 janvier 2015
V.o. : suédois
S.-t.f. / S.-t.a. – Turist

Genre : Drame psychologique | Origine : Suède / France / Norvège – Année : 2014 – Durée : 1 h 55 – Réal. : Ruben Östlund – Int. : Johannes Kulnke, Lisa Loven Kongsli, Clara Wettergren, Kristofer Hivju, Fanni Metelius – Dist. / Contact : EyeSteelFilm | Horaires / Versions  : Cinéma du ParcExcentris

CLASSIFICATION
Visa GÉNÉRAL

APPRÉCIATION
OPPOSITIONS
François D. Prud’homme
★★★

L’idée de départ peut sembler un peu triviale, voire même tout à fait banale. Pourtant, la réalisation impressionnante de Ruben Östlund fait sortir cette histoire de l’ordinaire et rend avec justesse et couleur la magie du quotidien sinon répétitif d’une semaine de ski dans les Alpes françaises. Force majeure aborde à peu de choses près tout le questionnement existentiel auquel doit faire face un adulte du XXIe siècle, d’autant qu’il cherche à installer une forme de sécurité matérielle dans ses relations humaines et familiales, tout en domptant pour peu qu’il ne s’en rende compte l’animalité qui gronde dans les tréfonds de sa personnalité.

Plusieurs oppositions thématiques permettent l’élaboration structurelle d’une telle approche sur l’absurdité de l’existence : féminin/masculin, maturité/infantilisme, responsabilité/individualté, animalité/humanité… et ces oppositions sont présentées de manière à ce qu’il soit extrêmement difficile de se situer, de prendre position en tant que spectateur dans la discussion qui traverse et structure le film entier. Par l’utilisation d’inserts manifestement inspirés de l’idée deleuzienne de l’image-temps (situation optique pure) – écran blanc, écran noir, plan architectural sur les bâtiments de la station, plan serré sur les rangées infinies de bottes de ski, etc. – Östlund fait parler l’écran sans paroles et parfois sans mouvement, attribuant par cet effet un sens plus profond à sa représentation et, par extension, à la question dont elle se nourrit.

Ce qui déçoit un peu dans cette tranche de vie d’une famille moderne en vacances, c’est la manière dont le conflit est résolu : une espèce de mise en scène invraisemblable qui cherche à faire croire aux enfants (et aux spectateurs) que le père a retrouvé son rôle de protecteur et que la mère (et la famille avec) a finalement été sauvée de la catastrophe. La dernière scène du film vient toutefois sauver la poésie, alors qu’un échantillon de vacanciers se rassemble et prend conscience avec philosophie de l’incohérence de sa réalité. Enfin, le quatrième long-métrage du réalisateur suédois est appréciable pour le génie avec lequel l’image a été traitée (esthétique alpine et grands espaces), ainsi que le jeu irréprochable des six acteurs principaux.

MISE AUX POINTS
★★★★★ (Exceptionnel) ★★★★ (Très Bon) ★★★ (Bon) ★★ (Moyen) (Mauvais) ½ (Entre-deux-cotes) – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

 

 

I

Semaine du 16 au 22 janvier 2015
I

Sortie :Vendredi 16 janvier 2015
V.o. : hindi
S.-t.a. – I

Genre : Drame fantaisiste | Origine : Inde – Année : 2014 – Durée : 3 h 08 – Réal. : S. Shankar – Int. : Chiyaan Vikram, Amy Jackson, Suresh Gopi, Upen Patel, Santhanam, Ramkumar Ganesan – Dist. / Contact : Imitiaz Mastan | Horaires / Versions  : Cineplex

CLASSIFICATION
Interdit aux moins de 13 ans

Paddington

Semaine du 16 au 22 janvier 2015
Paddington

Sortie : Vendredi 16 janvier 2015
V.o. : anglais
V.f. – Paddington

Genre : Comédie | Origine : Grande-Bretagne / France / Canada – Année : 2014 – Durée : 1 h 35 – Réal. : Paul King – Int. : Hugh Bonneville, Sally Hawkins, Nicole Kidman, Samuel Joslin, Madeleine Harris, Jim Broadbent – Dist. / Contact : Séville | Horaires / Versions  : Beaubien Cineplex

CLASSIFICATION
Visa GÉNÉRAL

APPRÉCIATION
IMMIGRATION DOUCEMENT CLANDESTINE
Luc Chaput
★★★  ½

La suite de livres jeunesse de Michael Bond sur cet ourson, amateur de marmelade aux oranges et doué de la parole et parlant anglais avec un accent British, fut commencée dans les années 50. Elle est rendue à une trentaine d’ouvrages qui ont connu un immense succès international symbolisé par la statue du dit ours placée dans la gare qui lui a donné son nom. Le producteur David Heyman avait réussi à rendre plus visiblement célèbre un quai mythique d’une autre gare de cette métropole dans sa série d’adaptation des Harry Potter.

Le réalisateur Paul King conserve l’esprit fantaisiste des livres dans son scénario où Paddington côtoie dans le quartier multiculurel de Portobello Road d’autres nationalités, musiques et manières de vivre. L’étiqette que porte Paddington et qui le mène à Londres fait aussi référence aux Kindertransports qui ont sauvé 10,000 enfants juis européens de la Shoah. Cet épisode est évoqué de subtile manière dans une courte et précise animation.

Paddington devient donc une représentation joviale, velue et en peluche du nouvel arrivant confronté aux us et coutumes plus ou moins étranges qu’il doit assimiler ou naviguer avec tact. Le caractère quelquefois balourd de ce plantigrade explorateur permet à King de parsemer de gags virevoltants qui feront sûrement rire. D’autres allusions plus cinématographiques ou des jeux de mots parsèment ce périple enjoué dans lequel Nicole Kidman interprète avec délectation Millicent Clyde, une méchante taxidermiste frustrée. Hugh Bonneville et Sally Hawkins sont parfaits dans des parents transformés par l’arrivée de cet être, compagnon de jeux de leurs mioches. Le réalisateur et son équipe de production ont réussi à souligner de belle manière le caractère multiforme de cette métropole pourtant si britannique dans cette adapttion réussie d’une série mythique.

MISE AUX POINTS
★★★★★ (Exceptionnel) ★★★★ (Très Bon) ★★★ (Bon) ★★ (Moyen) (Mauvais) ½  (Entre-deux-cotes) – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

Sommeil d’hiver

Semaine du 16 au 22 janvier 2015

LE FILM DE LA SEMAINE

Winter Sleep_En salle

PALME D’OR
Festival de Cannes 2014

Sortie : Vendredi 16 janvier 2015
V.o. : anglais ; turc
S.-t.a. – Winter Sleep
S.-t.f. – Kiş uykusu

Genre : Drame | Origine : Turquie / France / Allemagne – Année : 2014 – Durée : 3 h 17 – Réal. : Nuri Bilge Ceylan – Int. : Haluk Bilginer, Melisa Sözen, Demet Akbag, Ayberk Pekcan, Tamer Levent, Nejat Isler – Dist. / Contact : Métropole | Horaires / Versions  : Beaubien Cineplex Excentris

CLASSIFICATION
Visa GÉNÉRAL

APPRÉCIATION
CONFIDENCES EXISTENTIELLES
Élie Castiel
★★★★★

Après le Prix de la mise en scène pour l’intelligent Les Trois Singes et celui du Grand Prix pour Uzak et Il était une fois en Anatolie, tous les deux aussi remarquablement aboutis, Nuri Bilge Ceylan se permet, sans arrière-pensée, une Palme d’or hautement méritée. Avec ce nouveau et très long septième long métrage, toujours tourné en Anatolie, le cinéaste turc du rationnel utilise un espace géographique qui lui permet de philosopher autour de thèmes humanistes à hauteur d’individus : l’amour, le couple, l’envie, l’art et la vie, la responsabilité sociale, les rapports de classe.

L’influence de Theo Angelopoulos est palpable, non pas revendiquée, mais en forme d’hommage, comme si les deux cinéastes, le disparu, Grec, et Ceylan, le Turc, devaient unir leurs différents politiques en les substituant au pouvoir unificateur et purificateur de la création.

Mais chez Ceylan, le plan est celui autant de la confrontation que de la réconciliation. Intransigeant, intuitif, lucide, rebelle, d’une richesse intellectuelle inégalée, situant les personnages dans des espaces qui ne cessent de les redéfinir, tel se présente le réalisateur, totalement conquis par le cinéma comme moyen de signifier la vie.

Dans cet hôtel reculé au curieux nom d’Otello, qui renvoit à l’ex-profession du protagoniste principal, l’excellent Haluk Biliginer, n’est pas si loin après tout du Bruno Ganz de L’Éternité et un Jour, du Marcello Mastroianni de L’Apiculteur ou encore du Harvey Keitel du Regard d’Ulysse. Hommes en questionnement, en crise existentielle, en état d’hibernation temporaire, le temps que l’écriture ou une autre forme d’art ne les ramène à la réalité.

Sur ce point, la séquence de réconciliation entre Nihal (sublime et incandescente Melisa Sözeb) et Aydin (Bilginer) exprime l’émotion à l’état pur. Il s’agit ici de rapprocher l’art d’interprétation à l’objectif de la caméra. Jamais superposition ne fut aussi organique et superbement enrichissante pour l’œil et l’esprit.

De ces moments, et à l’instar du grand Ingmar Bergman, Sommeil d’hiver en accumule pendant ses plus de trois heures que dure ce bel ode à la langueur des sentiments. Mais à la froideur réconfortante du cinéaste suédois, Ceylan opte pour la chaleur ottomane. Film de gestes et surtout de paroles, Sommeil d’hiver est dans le même temps une apologie du temps qui passe et qui soumet l’individu à se réconcilier avec sa propre finitude. Le paradoxe du rachat (magnifique séquence lorsque Ismail, exceptionnel Nejat Işler, manipule l’argent selon ses propres convictions) et la notion de culpabilité détonnent dans ce fim d’un profond humanisme.

La mise en scène favorise la lenteur, sommant le spectateur à bien observer. Chaque plan, chaque geste, chaque parole prononcée, tous ces éléments ne sont pas en vain, mais font partie d’un structure précise dans l’art de la gestation. Chez Ceylan, les contraires s’animent, se croisent, s’identifient clairement et comme un geste de profonde humanité, tentent de se rapprocher pour simplement survivre, exister, être de ce monde.

En adaptant Tchekhov, Nuri Bilge Ceylan provoque l’épure malgré la longueur de son récit, mais c’est grâce aussi à la précision du montage, à la richesse des réparties qui n’ennuient pas un seul instant, aux rares moments de non-dits qui exhaltent leur absolue signification. Chez Ceylan, la lenteur subliminale n’est plus un choix, mais un concept qui s’affirme avec dignité et bénéficie d’une caméra qui le filme presque corporellement avec une justesse inégalée.

MISE AUX POINTS
★★★★★ (Exceptionnel) ★★★★ (Très Bon) ★★★ (Bon) ★★ (Moyen) (Mauvais) ½ (Entre-deux-cotes) – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

The Wedding Ringer

Semaine du 16 au 22 janvier 2015
The Wedding Ringer

Sortie : Vendredi 16 janvier 2015
V.o. : anglais
V.f. – Garçons d’honneur Inc.

Genre : Comédie | Origine : États-Unis – Année : 2014 – Durée : 1 h 41 – Réal. : Jeremy Garelick – Int. : Kevin Hart, Josh Gad, Kaley Cuoco, Alan Ritchson, Ken Howard, Olivia Thirby – Dist. / Contact : Columbia | Horaires / Versions  : Cineplex

CLASSIFICATION
Interdit aux moins de 13 ans
(Langage vulgaire)

APPRÉCIATION
BROMANCE SENSIBLE ET HONNÊTE
Pascal Grenier
★★ 

Pressenti pour devenir la nouvelle coqueluche de l’humour depuis peu, le comédien et humoriste américain Kevin Hart (Ride Along)  partage la vedette avec le nouveau venu Josh Gad dans la comédie The Wedding Ringer. Hart semble avoir remplacé Martin Lawrence à cet égard et le comédien de petite taille s’acquitte plutôt honorablement dans le genre de cabotinage survolté requis pour ce genre de comédie à l’humour souvent potache, vulgaire et un peu balourd. 

Malgré un rythme inégal et un personnage féminin très peu approfondi, cette nouvelle comédie arrive tout de même à faire rire à quelques occasions. Curieusement, ce n’est pas dans ses moments extrêmes (la séquence avec la grand-mère, le chien qui mord les parties génitales ou encore dans ce match de football inspiré de The Longest Yard) que le film fait mouche. C’est davantage dans le sens de la répartie entre la bande colorée de garçons d’honneur ou encore dans la complicité qui s’établit entre les deux personnages principaux; cette sorte de bromance sensible et honnête qui fait de cette comédie un brin poussive un divertissement légèrement au-dessus de la moyenne prévisible du genre. 

MISE AUX POINTS
★★★★★ (Exceptionnel) ★★★★ (Très Bon) ★★★ (Bon) ★★ (Moyen) (Mauvais) ½  (Entre-deux-cotes) – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

Deux jours, une nuit

8 janvier 2015

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