En salle

The Lazarus Effect

26 février 2015

Suspense inefficace

Élie Castiel
CRITIQUE
½

En 2011, avec le succulent Jiro Dreams of Sushi, David Gelb s’annonçait comme un réalisateur sur qui compter, alors qu’il combinait avec bonheur regard personnel et dextérité d’un chef accompli connu dans le milieu de la gastronomie haut de gamme. Sa première incursion dans le domaine de la fiction déçoit, particulièrement dû au scénario invraisemblable de Luke Dawson, à qui l’on doit, entre autres, l’écriture de Shutter (2009), de Masayuki Ochiai, et Jeremy Slater, dont c’est ici la première tentative de scénario.

The Lazarus Effect

La référence que The Lazarus Effect fait au très accompli Flatliners, film atypique de Joel Schumacher, est d’une évidence presque gênante : expériences scientifiques menaçantes, présence de jeunes internes fort doués, regard philosophique sur la vie après la mort, l’obsession des chercheurs d’un possible retour à la vie. De ce schéma prévisible, se dessine une fiction à la fois lourde et sans vraiment de suspense.

On sent la peur venir, on devine le dénouement. Et malgrè la présence de deux vedettes connues, qui s’évertuent à faire le meilleur qu’elles peuvent, le film de Gelb s’avère finalement une proposition avortée.

Olivia Wilde, beaucoup plus alerte dans d’autres productions, se démène pour donner vie à un personnage marquée par une enfance traumatisante pour devenir en fin de compte, et fiction oblige, un monstre sanguinaire. Quant à Mark Duplass, il arrive à peine à nous faire croire à son rôle atypique de scientifique, alors qu’il a l’habitude de participer dans ces séries de films sentimentaux à la sauce Sundance. Nul doute que The Lazarus Effect se retrouvera bientôt sur les tablettes des quelques magasins vidéo qui ont évité la faillite.

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Sortie : Vendredi 27 février 2015
V.o. : anglais

Genre : Suspense d’épouvante – Origine : États-Unis – Année : 2013 – Durée : 1 h 23 – Réal. : David Gelb – Int. : Olivia Wilde, Evan Peters, Mark Duplass, Sarah Bolger, Donald Glover – Dist. / Contact : Équinoxe / Séville.
Horaires
: Cineplex

CLASSIFICATION
Interdit aux moins de 13 ans
(Horreur)

MISE AUX POINTS
★★★★★ (Exceptionnel) ★★★★ (Très Bon) ★★★ (Bon) ★★ (Moyen) (Mauvais) ½ (Entre-deux-cotes) – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

 

 

Tokyo Fiancée

Nippophilie

Élie Castiel
CRITIQUE
★★ ½

Dans La Religieuse, le toujours inédit film de Guillaume Nicloux, Pauline Étienne apportait au personnage de Suzanne Simonin une dose de mysticisme empreint d’ambiguïté, s’opposant ainsi aux penchants libertins de la Supérieur Saint-Eutrope, incarnée par une Isabelle Huppert délirante.

Tokyo fiancée

Ici, la jeune actrice assume le jeu du charme avec décontraction. Et c’est d’autant plus évident que les cours de français donnés à son seul élève se transforment en rendez-vous amoureux. L’adaptation du roman d’Amélie Nothomb se présente alors comme un voyage guidé en territoire nippon. Mais les us et coutumes sont à peine effleurés, tant le récit se concentre sur la relation entre Amélie (Étienne) et Rinri (Inoue). À partir de ce canevas du tendre, Stefan Liberski propose un gentil et charmant récit sur le choc et l’attrait des cultures.

Le dénouement, à la limite du prévisible (pour ceux qui n’ont pas lu le roman), ne fait que véhiculer les clichés du genre. Le dialogue paraît souvent artificiel et inconséquent, même si les principaux comédiens inscrivent leurs rôles respectifs dans un climat où tout est beau et gentil. Le recours au tsunami survenu au Japon élève la pertinence du récit, et c’est à partir de ce moment que l’intrigue devient plus intéressante.

Soulignons la présence de Julie LeBreton (Christine), dont on se demande ce qu’elle apporte de plus à ce récit mis en scène par un cinéaste que nous découvrons ici pour la première fois. Et pour la petite histoire : lorsqu’un des personnages demande à Amélie si Christine vient du Canada, elle répond simplement : « Non, elle est Québécoise ». Petit lin d’œil politique plutôt ironique et inutile.

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Sortie : Vendredi 27 février 2015
V.o. : français ; anglais ; japonais
S.-t.f. – Tokyo fiancée

Genre : Comédie sentimentale – Origine : États-Unis / Suisse / Canada – Année : 2014 – Durée : 1 h 25 – Réal. : Stefan Liberski – Int. : Pauline Etienne, Taichi Imone, Julie LeBreton, Akimi Ota, Alice de Laencquesaing, Tokio Yokoi – Dist. / Contact : Axia.
Horaires
Beaubien

CLASSIFICATION
Interdit aux moins de 13 ans

MISE AUX POINTS
★★★★★ (Exceptionnel) ★★★★ (Très Bon) ★★★ (Bon) ★★ (Moyen) (Mauvais) ½ (Entre-deux-cotes) – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

 

Un prof pas comme les autres

Pédagogie peu orthodoxe

Patricia Robin
CRITIQUE

★★

Un prof pas comme les autres

À grand renfort de musique tonitruante, le réalisateur allemand Bora Dagtekin tente de nous séduire avec cette comédie romantique qui a enregistré plus de 7 millions d’entrées en Allemagne, accomplissant le quatrième plus important succès depuis des lustres. Contrairement à l’imbuvable Bad Teacher (Jake Kasdan, 2011), où l’école ne servait que de toile de fond et les élèves de mobilier humain, cette fantaisie légère pousse la réflexion un peu plus loin. Sur fond de crise sociale et scolaire, Un prof pas comme les autres dépeint les aventures d’un malfrat qui applique sa pédagogie peu orthodoxe entre deux problèmes personnels, prouvant que l’enseignement ne s’apprend pas que dans les livres.

… on se laisse entraîner par le sourire ravageur
et les pectoraux d’Elyas M’Barek…
la bonification de son groupe de cancres et leur réussite..
.

Fort de son triomphe télévisuel Turkish For Beginners, Dagtekin, qui signe aussi ce scénario cousu de fil blanc, met en œuvre les ressorts comiques usuels pour charmer son public cible. Ainsi, sa trame dramatique sans grandes surprises fait appel à des comportements machistes et nunuches, introduisant une histoire d’amour dans un double jeu de personnage et proposant la réinsertion réussie d’un petit escroc et d’une classe de décrocheurs. Cependant, on se laisse entraîner par le sourire ravageur et les pectoraux d’Elyas M’Barek, la bonification de son groupe de cancres et leur réussite de même que par l’efficacité du montage ainsi que la qualité irréprochable de la direction de la photographie chaude et saturée. Dagtekin a bien fait ses devoirs de scénariste et de réalisateur; comme tout bon élève appliqué, il parvient à ses fins, mais ne surprend ni par son originalité ni par sa forme. Note de passage.

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Sortie : Vendredi 27 février 2015
V.o. : allemand
V.f. – Fack ju Göhte

Genre : Comédie – Origine : Allemagne – Année : 2013 – Durée : 1 h 57 – Réal. : Bora Dagtekin – Int. : Elyas M’Barek, Karoline Herfurth, Katja Riemann, Jana Pallaske, Alwaa Höfels, Jella Haase – Dist. / Contact : A-Z Films.
Horaires : Beaubien (dès le lundi 9 mars 2015)
Cineplex

CLASSIFICATION
Interdit aux moins de 13 ans
(Langage vulgaire)

 

MISE AUX POINTS
★★★★★ (Exceptionnel) ★★★★ (Très Bon) ★★★ (Bon) ★★ (Moyen) (Mauvais) ½ (Entre-deux-cotes) – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

 

Une chaise pour un ange

La contemplation en héritage

Charles-Henri Ramond
CRITIQUE

★★★★

Les Shakers sont aujourd’hui reconnus comme la représentation parfaite de la simplicité et de la dévotion. On connaît peu ou prou le style du mobilier épuré qui porte ce nom, mais on connaît beaucoup moins, pour ainsi dire pas du tout, leur apport dans le domaine du chant monodique. Une chaise pour un ange de Raymond St-Jean, déjà auteur de plusieurs films mettant en images musique et danse, se penche sur l’héritage d’un mouvement religieux aujourd’hui en voie d’extinction.

Une chaise pour un ange

Pratiquement un an après avoir remporté le prix de la meilleure œuvre canadienne au Festival des films sur l’art de Montréal, le film, qui fut tourné aux États-Unis et en Finlande en 2012-2013, prend enfin l’affiche. Nous ne saurions que trop nous en réjouir et nous lui souhaitons de rencontrer auprès du public québécois un aussi bel accueil que celui qui lui fut réservé lors de son long parcours dans les festivals internationaux.

Réduire le sujet au synopsis ci-dessus est presqu’une injustice. Certes, le film nous en apprend plus sur le mode de vie novateur à bien des égards des Shakers, sur leur architecture ou leur mobilier dont la pureté des lignes perdure encore et toujours, alors que leurs fonctions originelles n’étaient qu’utilitaires. Mais au-delà du documentaire explicatif, le film a ceci de particulier qu’il nous ouvre les portes vers l’intime et le sacré au travers d’une culture oubliée, ayant pourtant voyagé partout dans le monde.

Une chaise pour un ange de Raymond St-Jean
s’avère l’une des plus belles représentations de l’art à l’écran
qu’il nous ait été donné de voir.

De cet héritage, qui a beaucoup influencé le style des pays scandinaves, le chorégraphe finlandais Tero Saarinen a tiré Borrowed Light, dont certains passages ont été recréés spécialement pour ce documentaire. En reprenant certains passages de cette œuvre reconnue mondialement, St-Jean fusionne l’épure des mouvements de Saarinen à l’extase des chants traditionnels shakers interprétés par l’ensemble vocal Boston Camerata. Les lumières bleutées ou ocres des éclairages mettent en valeur les chorégraphies, tandis que les voix imprègnent des lieux étrangement déserts de leurs résonnances extatiques. Autant de scènes possédant une rare énergie spirituelle que la caméra légère et aérienne de Jean-François Lord restitue avec grâce.

En plongeant notre regard dans le passé et dans ce qu’il a de plus spirituel, le film décloisonne aussi les époques et questionne notre propre rapport avec le temps. Dans un monde où tout va à cent à l’heure, où la performance, la compétition nous éloignent de plus en plus de préoccupations autrement plus fécondes et où la simplicité volontaire refait surface, pensons à ces Shakers, à la pureté de leurs rapports aux formes et au dépouillement de leur art.

Abordant le thème du legs aux générations futures de notre patrimoine culturel en présentant une communauté religieuse dont il ne restera bientôt plus que des artefacts dans les musées, Une chaise pour un ange de Raymond St-Jean s’avère l’une des plus belles représentations de l’art à l’écran qu’il nous ait été donné de voir. Un film que nous vous conseillons de ne pas manquer lorsqu’il passera sur un écran proche de chez vous

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Sortie : Vendredi 27 février 2015
V.o. : multilingue
S.-t.f. – Une chaise pour un ange

Genre : Documentaire – Origine : Canada [Québec] / Finlande – Année : 2013 – Durée : 1 h 15 – Réal. : Raymond St-Jean – Dist. / Contact : Ciné Qua Non.
Horaires
: Excentris

CLASSIFICATION
En attente de classement

 

MISE AUX POINTS
★★★★★ (Exceptionnel) ★★★★ (Très Bon) ★★★ (Bon) ★★ (Moyen) (Mauvais) ½ (Entre-deux-cotes) – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

 

Youm Maloosh Lazma

Youm Maloosh Lazma

Sortie : Vendredi 27 février 2015
V.o. : arabe (sans sous-titres)
Titres alternatifs – A Day Without Importance
Une journée sans importance

Genre : Comédie – Origine : Égypte – Année : 2015 – Durée : 1 h 52 – Réal. : Ahmed el Guindy, Tamer Hamza – Int. : Hala Fakher, Mohamed Hinidi, Riham Hajjaj, Roba – Dist. / Contact : Cinéma Cosmopolitain | Horaires / Versions: Sphèretech 14

CLASSIFICATION
Visa GÉNÉRAL

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Astérix : Le domaine des dieux

18 février 2015

Semaine du 20 au 26 février 2015

Astérix_Le domaine des dieux

Sortie : Vendredi 20 février 2015
V.o. : français
S.-t.a. : Asterix: The Mansions of the Gods

ANIMATION > Origine :   France / Belgique – Année : 2014 – Durée : 1 h 25 – Réal. : Alexandre Astier, Louis Clichy – Voix : Roger Carel, Guillaume Briat, Lorànt Deutsch, Philipppe Morier-Genoud, Bernard Alane, Alain Chabat – Dist. / Contact : Métropole | Horaires / Versions : Beaubien Cineplex

CLASSIFICATION
Visa GÉNÉRAL

APPRÉCIATION
CHIC ! DES GAULOIS !
Texte : Patricia Robin
Cote :  ★★★

Goscinny et Uderzo ne pouvaient trouver meilleur ambassadeur qu’Alexandre Astier (de la série télévisée culte Kaamelott) pour scénariser, dialoguer et coréaliser avec Louis Clichy cette nouvelle mouture des aventures d’Astérix, d’Obélix et du joyeux village de Gaulois en Armorique 55 ans après leur création. Après les formats BD, les huit films d’animation, les mises en scène avec de vrais acteurs, voici qu’une expérience technique inexplorée attend l’amateur de ces héros antiques : l’infographie en 3D. Ici, le spectateur en a pour ses sesterces : des Gaulois toujours menacés par César et ses légions de Romains, des civils romains qui viennent s’installer en Gaule, un mignon garçonnet, au prénom emprunté à l’anglais, qui se prend d’affection pour Obélix et une intrigue bien ficelée où le montage allègre et très cinématographique laisse peu de répit. Suite

Elephant Song

Semaine du 20 au 26 février 2015

Elephant Song

Sortie : Vendredi 20 février 2015
V.o. : anglais
S.-t.f. / V.f. – La Chanson de l’éléphant

DRAME PSYCHOLOGIQUE > Origine :   Canada [Québec] – Année : 2014 – Durée : 1 h 40 – Réal. : Charles Binamé – Int. : Xavier Dolan, Paul Greenwood, Catherine Keener, Carie-Ann Moss, Guy Nadon, Colm Feore – Dist. / Contact : Séville | Horaires / Versions : Beaubien Cineplex Excentris

CLASSIFICATION
Visa GÉNÉRAL

APPRÉCIATION
SCHIZOPHRÉNIE NARRATIVE
Texte : François D. Prud’homme
Cote : ★★★ ½

Dans cette adaptation de la pièce de Nicolas Billon, l’espace schizoïde d’un huis clos et un protagoniste à la psychologie complexe sont les deux piliers sur lesquels s’appuie la réalisation de Charles Binamé afin d’installer un duel enlevant et inattendu. Malheureusement, et malgré tout le bien qu’on puisse en dire, la chute du récit n’atteint pas le seuil d’intensité qui s’établit dans le temps et dans l’espace de cette rencontre entre les traumatismes d’un patient amoureux de son thérapeute et la naïveté candide du psychiatre chargé d’élucider la disparition de ce dernier. À la toute fin, il semble que le spectateur sorte de la projection avec une curieuse sensation d’incomplétude, d’inabouti. Suite

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