10 décembre 2015
Après son horripilant La Croisière (2011), Pascale Pouzadoux nous revient avec La Dernière Leçon, une œuvre basée sur un sujet sensible et complexe : le droit de mourir dans la dignité. Avec ce scénario autrement plus signifiant que ses précédentes réalisations, la réalisatrice livre un film juste et maîtrisé et se montre à l’aise tant dans la comédie que dans le drame. Mais sa démonstration est un peu trop schématique. C’est qu’en voulant s’attarder à illustrer autant les motivations poussant à une telle décision que son impact sur la famille, le scénario de Pascale Pouzadoux et Laurent de Bartillat ressemble un peu à une composition théorique travaillant principalement sur l’opposition des forces en présence.
Face à sa détermination d’en finir, l’incrédulité de ses proches cède la place à une participation active (la fille incarnée par Sandrine Bonnaire), mais aussi à une réprobation virulente (le fils joué par Antoine Duléry). En séparant les réactions de la sorte, le film scinde son sujet de manière un peu trop évidente, les camps du pour et du contre ayant droit chacun à leur tour d’exprimer leur point de vue.
Heureusement, par l’entremise du personnage de Mady, incarné par une Marthe Villalonga toujours aussi douée dans des rôles de dames dignes et droites, une note de légèreté parvient par alléger la rhétorique. Si la réalisation ne propose rien de plus qu’un honnête téléfilm, c’est dans un traitement tout en finesse que ce sujet sensible parvient à atteindre le cœur, sans forcer le trait plus qu’il ne faut et sans puiser dans un pathos trop chargé. Car malgré sa construction un peu rigide, le duo Villalonga-Bonnaire laisse s’épanouir de superbes scènes d’amour filial entre une mère et sa fille, emportant ainsi le récit vers un portrait des plus touchants sur la complicité des générations. Ne serait-ce que pour ces deux actrices admirables, cette ode à l’amour et à la mort vaut le détour.
Genre : DRAME – Origine : France – Année : 2015 – Durée : 1 h 45 – Réal. : Pascale Pouzadou – Int. : Marthe Villalonga, Sandrine Bonnaire, Gilles Cohen, Antoine Dullery – Dist. / Contact : Axia.
Horaires : @ Beaubien – Cineplex
CLASSEMENT
Tout public
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [ Entre-deux-cotes ] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
Drame le plus cinématique de Shakespeare, Macbeth a pourtant été assez peu représenté au cinéma. La version de Roman Polanski, dernière en ligne après celles d’Orson Welles et de Kurosawa, date de 1971. Celle de Justin Kurzel (The Snowtown Murders) passera elle aussi à l’histoire. En plus d’une cinématographie à couper le souffle, le cinéaste australien y prend des risques interprétatifs d’envergure qui ajoutent à la cohérence de l’histoire et offrent un regard neuf sur des personnages archétypiques ainsi que sur des scènes iconiques.
Le drame de Shakespeare laissait certaines questions sans réponse, celle de la descendance de Macbeth, entre autres. Kurzel fait de ce mystère, résolu dans son film, le pivot de son scénario, lequel, s’il de côté certaines scènes célèbres comme celle du portier, a le mérite d’une grande justesse psychologique, porté qu’il est par des interprètes de premier rang et une cinématographie misant à la fois – et c’est remarquable, sur le délire et la délectation. La physicalité brute de Michael Fassbinder en Macbeth s’allie à son génie du texte pour former un guerrier grisé de son succès mais hanté par ses démons, et qui perd peu à peu les pédales. À cela s’oppose la finesse elfique de Marion Cotillard, aussi ambitieuse et tout aussi dévorée, qui crée une Lady Macbeth dont l’accent et les traits en font une étrangère dans sa propre cour. Les sorcières, centrales dans la pièce, deviennent ici des fragments de l’imagination de ces deux personnages qu’on découvre plus humains et souffrants que jamais.
Misant autant sur des décors sublimes que sur les silences et l’expressivité des visages, Kurzel fait large place aux monologues, ce qui rend le plaisir de son film parfois un peu cérébral. Mais la puissance de ses images et l’originalité de son propos permettent à son film de passer la rampe. Et bien au-delà! Il n’y avait, dans notre salle bondée de jeunesse échaudée un samedi soir de sortie, pas un son, pas une respiration durant les dix dernières minutes du film. Le public de 2015 avait fait corps avec les guerriers écossais du Moyen-Âge dans leurs luttes sanglantes vers le pouvoir. Difficile d’en demander plus!
Genre : DRAME DE GUERRE – Origine : Grande-Bretagne / France / États-Unis – Année : 2015 – Durée : 1 h 53 – Réal. : Justin Kurzel – Int. : Michael Fassbender, Marion Cotillard, Elizabeth Debicki, Sean Harris, David Thewlis, Paddy Considine – Dist. / Contact : Séville.
Horaires : @ Cinéma du Parc
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En attente
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [ Entre-deux-cotes ] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
Avec Pinocchio, André-Line Beauparlant complète un triptyque familial commencé en 2001 avec Trois Princesses pour Roland, une œuvre touchante traitant de la survivance après le suicide, puis continué en 2004 avec Le Petit Jésus, dans lequel la cinéaste nous donnait déjà un troublant aperçu du côté indéfinissable de la personnalité de son frère Éric. Dans cette œuvre d’une rare sensibilité cherchant dans la mort d’un petit frère handicapé mental et physique les racines d’une famille marquée, Éric dit « Pinocchio » livrait par bribes des indices sur sa dualité et sur une vie construite de toute pièce, comme pour mieux échapper à une réalité trop lourde à porter.
André-Line Beauparlant a donc fait de son frère le point central d’une interrogation ouverte sur le mensonge, sur cette inventivité que seul l’être humain est capable de déployer pour s’inventer une vie idéalisée, loin des problèmes et de contraintes. Qui est-il ce frère qui se dit navigateur ? Pourquoi se retrouve-t-il interné dans une prison brésilienne? Quelle importance accorder à ce témoignage troublant, et peut-être aussi totalement mensonger, d’un mystérieux canadien mandaté par l’Ambassade ?
Ne cherchant pas de réponses, comme pour mieux témoigner du désarroi de la cinéaste, impuissante à révéler les mystères enfouis dans la vie de son frère, Pinocchio se déploie aux confins du documentaire familial et d’une tentative plus vaste de comprendre les origines de l’enfermement psychologique dont est victime (ou héros ?) son frère. Bâti sur un schéma narratif non linéaire, ce road movie initiatique se transporte en Amérique du Sud – lieu hautement évocateur – à sur la trace de cet homme qui mène son petit monde en bateau. Une arche fictive que bien entendu nous ne verrons jamais. Filmé la manière d’une enquête policière, Pinocchio teste les frontières entre documentaire et fiction.
Reconnue pour son travail de directrice artistique sur de nombreux films d’auteur, André-Line Beauparlant nous fait partager ses incertitudes, son désarroi presque, face à un frère charmeur et charismatique qu’elle ne connaît que par le prisme d’une vie inventée. On reste étonnés et dubitatifs, mais conscients des tourments que la cinéaste doit affronter et qu’elle a bien voulu nous partager non sans une émouvante sincérité.
Genre : DOCUMENTAIRE – Origine : Canada [Québec] – Année : 2015 – Durée : 1 h 15 – Réal. : André-Line Beauparlant – Dist. / Contact : Les Films du 3 mars.
Horaires : @ Beaubien
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Tout public
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [ Entre-deux-cotes ] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
3 décembre 2015
Très actif à la télévision britannique et connu pour le délicieux Kinky Boots (2005) et l’élégant Being Jane (2007), Julian Jarrold s’offre le luxe de rompre subtilement avec les lois de la bienséance en prenant comme sujet un fait divers historique dont nous ignorions l’existence, du moins en ce qui nous concerne. Détails d’autant plus intéressant qu’il place en situation embarrassante les deux princesses royales dans le Londres de 1945. Suite
Genre : COMÉDIE ROMANTIQUE – Origine : Chine – Année : 2015 – Durée : 1 h 38 – Réal. : Tony Chan – Int. : Zhang Yunlong, Di Li Re Ba, Wang Yao Qing – Dist. / Contact : Eye Steel Inc.
Horaires : @ Cineplex
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Tout public
Genre : COMÉDIE DRAMATIQUE – Origine : Inde – Année : 2015 – Durée : 2 h 17 – Réal. : Atharv Baljua – Int. : Anita Devgan, Hardeep Gill, Ravinder Grewal, Parjesh Kapil, Surbhi Mahendra, Chandan Prabhakar – Dist. / Contact : Imtiaz Mastan.
Horaires : @ Cineplex
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Tout public
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