4 mai 2017
L’univers des films Marvel prend de nouveau de l’expansion. Tenez-vous bien : ce second Guardians s’inscrit comme le troisième chapitre de la troisième phase des films Marvel et il se place quinzième dans cette série qui a débuté avec l’immense succès du premier Iron Man en 2008. Douze milliards de dollars américains plus tard, comment se fait-il que tous ces longs métrages continuent de connaître un aussi fracassant succès? Contrairement à la tentative ratée de DC Comics de confectionner un univers similaire avec Batman-Superman-Wonder Woman-Suicide Squad, Marvel est parvenu à tisser une toile foisonnante et cohérente de film en film, augmentant avec chaque nouveau projet le défi narratif, technique, esthétique et dramatique qu’un tel déploiement impose. Bien que les dirigeants de Marvel prennent cette odyssée très au sérieux, ils savent aussi saupoudrer d’humour et d’auto-dérision des intrigues qui, bien souvent, font sourciller. Le ton de Dead Pool et Doctor Strange le prouvent éloquemment. Avec les deux Guardians of the Galaxy, ils plongaient pour la première fois dans la comédie franche et ce deuxième volet prend même des allures de comédie musicale. Bienvenue dans l’univers de Baby Groot qui, avec seulement trois mots (« I am Groot »), parvient en même temps à tout dire et à ne rien dire, comme le film lui-même d’ailleurs.
Une fois passée l’étrange et mystifiant rajeunissement de Kurt Russell dans la scéne pré-générique (une technique expérimentée avec autant de malaise sur Jeff Bridges dans Tron Legacy), le film démarre véritablement avec nos cinq amis en train de combattre une horriblement drôle de créature de l’espace (on se croirait dans Monsters vs. Aliens). Commence alors la chanson d’Electric Light Orchestra, Mr. Blue Sky, déclenchée par Baby Groot qui vient de brancher le système de son. Le minuscule bébé-arbre se met à danser et l’action est repoussée au second plan. Ce qui importe, semble nous dire le réalisateur, c’est de s’amuser, de danser et de ne pas prendre trop au sérieux les péripéties de nos héros intergalactiques. Il y aura plusieurs numéros de danse semblables durant le film, même que la grande bataille finale sera chorégraphiée comme un grand numéro musical à la Busby Berkeley. Let’s dance!
Il ne faut donc pas s’attendre à rien de bien original dans ce « space opera » plus proche de Buck Rodgers et Flash Gordon que de Star Wars ou Star Trek, quoiqu’il présente la même tendance anthropomorphique que cette dernière série de films. L’idée de voir des humains maquillés et peints de diverses couleurs pour se faire passer pour des extra-terrestres commence à sérieusement m’horripiler. D’ailleurs, beaucoup d’éléments font inévitablement penser à l’univers de Star Trek. L’idée de visiter une planète dominée par une déité malveillante est vieille comme la série télé, dans laquelle plusieurs épisodes exploitaient ce filon, ou encore ce vaisseau spatial qui s’est écrasé et qu’il faut rafistoler en vitesse. Et puis, il y a ce suspense vieux comme James Bond, étiré sur une séquence entière et construit sur le compte à rebours d’une bombe (rappelez-vous, dans Goldfinger, le cadran s’arrêtait sur 007 – c’était déjà un cliché en 1963!).
Alors amusons-nous et embarquons dans la danse. Les fans des bandes dessinées auront un plaisir fou à déchiffrer toutes les allusions à des personnages ou à des situations qu’ils ont déjà lus (bonjour les « Watchers »…), les accros aux chansons des années 1970 seront enchantés d’entendre Cheap Trick ou Fleetwood Mac, les cinéphiles seront ravis de reconnaître au passage une foule de vedettes faisant une brève apparition (Sylvester Stallone, Michelle Yeoh, Ving Rhames, Don Johnson, Gregg Henry, Jeff Goldblum et même David Hasselhoff) et, bien sûr, l’inévitable Stan Lee qui s’infiltre dans tous les films Marvel depuis le Hulk de Ang Lee en 2003. Il faut tout de même reconnaître qu’il y a un ton de grande bonhomie et de franche camaraderie qui se dégage de ce film, un élan enjoué dans l’exécution qui est communicatif et festif. Le réalisateur-scénariste James Gunn fait des efforts considérables pour approfondir des personnages qui n’en méritent pas tant, le forçant ainsi à combiner certains d’entre eux dans des duos qui se pourfendent en longues confessions : Peter et son père Ego, Gamera et sa sœur Nebula, Rocket et Yondu, Drax et Mantis. Tout cela appraît bien artificiel, mais personne ne peut se braquer longtemps contre un film qui se termine sur un montage rassembleur aux tonalités exquises de la ballade Father and Son de Cat Stevens. Allez, chantez avec moi : « Look at me, I am old, but I’m happy »!
Genre : Aventures / Science fiction – Origine : États-Unis – Année : 2017 – Durée : 2 h 16 – Réal. : James Gunn – Int. : Chris Pratt, Zoe Saldana, Dave Bautista, Sylvester Stallone, Kurt Russell, Paul Klementieff – Dist. : Buena Vista Canada.
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@ Cineplex
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Tout public
(Déconseillé aux jeunes enfants)
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
Seconde Palme d’Or à Cannes, après celle attribuée à The Wind That Shakes the Barley / Le vent se lève (2006), I, Daniel Blake confirme une fois de plus la particularité de l’univers de Ken Loach, le plus social des réalisateurs britanniques. Toujours fidèle à sa trajectoire, ce sont les conséquences que les bouleversements sociaux projettent sur l’individu qui le touchent : chômage, invalidité, syndicalisme, nouvelles technologies, monoparentalité, faim, lutte des classes sociales dévaforisées. Car dans I, Daniel Blake, probablement dû aux effets pervers de la mondialisation, la Grande-Bretagne est aussi victime de toutes ces inégalités où les dérives du système se déshumanisent de plus en plus.
Danie Blake n’est pas un homme de son temps. Il ne sait pas comment utiliser Internet (certains trouveront ce détail un peu trop exagéré). Il se souvient cependant de temps meilleurs où l’individu tenait un certain pouvoir, notamment dans le choix dans la recherche d’emploi. Son conflit intergénérationnel est d’autant plus politique que le propre gouvernement de son pays cède aux pressions d’une société de plus en plus axée sur la technologie.
Il est donc victime d’une agression mondiale qui n’épargne même pas les pays du Tiers-monde ou ceux en voie de développement. Il est évident que I, Daniel Blake est un discours sur le nouveau siècle dans tout ce qu’il propose comme façons de (sur)vivre. La fiction, chez Loach n’est pas pour autant, toujours grave. L’humour est là, mais montré par petites doses, comme s’il s’agissait d’un palliatif aux problèmes quotidiens, temporaire donc, sans solution. Dans un même pays, plusieurs sytèmes, selon à qui on s’adresse, et où les revendications sociales obtiennent des réponses différentes avant de rencontrer la bonne personne qui finira par dire la vérité ou comment s’en tirer.
Mais Loach ne blâme pas les employés du système ; ils sont eux-mêmes victimes d’une impitoyable structure sociale qui, au fond, ne sait ce qu’elle fait. C’est le bordel, la résilience même si on n’y croit pas, le chacun-pour-soi, la fin d’un rêve humanitaire. Sur ce point, la séquence à la « banque alimentaire » est d’une dignité et d’une force d’expression hallucinantes, trop vraie pour ne pas provoquer chez le spectateur indignation et soulèvement.
Plutôt que le mélodramatique, Ken Loach opte pour le réalisme social rude, agressif parfois, toujours alerte de son époque. Socialiste, le cinéaste britannique ne se laisse pas séduire par toutes ces nouvelles approches cinématographiques hors de la réalité du quotidien. Le film rappelle en quelque sorte le néoréalisme italien, un cinéma totalement humain où la classe ouvrière avait droit de cité, avec ses bouleversements d’après-guerre, ses humiliations quotidiennes, ses calculs pour la survie, sa ferveur envers la vie.
Ici, il s’agit d’un néoralisme contemporain qui, en prenant la Grande-Bretagne en exemple, signe avec âpreté, aigreur et notamment sens de l’observation, les glissements progressifs d’un monde qui ne sait plus où il se dirige. La fin, qu’on ne révélera pas, est un cri du cœur, une voix dissidente, une rébellion de l’âme et de la conscience, une parole pour le retour des responsabilités sociales et politiques saines, humanitaires ; un éclat de voix percutant que nous ne pouvons pas simplement nous permettre d’ignorer.
Genre : Drame social – Origine : Grande-Bretagne / France / Belgique – Année : 2016 – Durée : 1 h 41 – Réal. : Ken Loach – Int. : Dave Jones, Hayley Squires, Briana Shann, Dylan McKiernan, Natalie Anne Jamieson, Micky McGregor – Dist. : Métropole Films.
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@ Cinéma Beaubien – Cinéma du Parc – Cineplex
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★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
Genre : Documentaire – Origine : Canada [Québec] – Année : 2017 – Durée : 1 h 38 – Réal. : Pierre Hébert – Dist. : Vidéographe.
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@ Cinémathèque québécoise
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NC
(Non classé – Exempté)
Très remarqué par son brillant Beaufort (2007) et le rigoureux Footnote (2011), l’Israélien Joseph Cedar s’est tourné vers l’Amérique pour mener à bien Norman : The Moderate Rise and Tragic Fall of a New York Fixer, bénéficiant d’un casting imposant, dont l’excellent Richard Gere et un Lior Ashekenazi – entre autres, Mariage tardif / Hatuna meuheret (2001) de Dover Koshashvili, avec également la regretté Ronit Elkabetz, ainsi que Footnote – ici, d’une ironie et d’un opportunisme flagrants qui rehausse son métier d’acteur. Comme Gere, il a une gueule, une personnalité et un charisme extraordinaire.
Les personnages sont victimes de la corruption d’un nouveau siècle mené par le pouvoir économique, l’intrigue et la manipulation. La mise en scène de Cedar, cynique, froide, clinique, magnifiquement contrôlée, laisse entrevoir par moments de poignants relans d’humanité par, alors que le spectateur se laisse convaincre de la sincère amitié entre Norman (Gere) et Eshel (Ashkenazi), tous deux brillants, donnant au qualificatif complicité ses lettres de noblesse.
Si on doute de la présence de Charlotte Gainsbourg dans un rôle atypique, l’intrigue finit par nous persuader du contraire. Ironiquement, Cedar propose, à travers le personnage de Eshel, un possible plan de paix dans le conflit israélo-palestinien, tel que le présent gouvernement-Netanyahudevrait le concevoir – critique d’un réalité actuelle dont nous ne connaîtront probablement jamais l’issue. Drame urbain construit intentionnellement, du moins selon nos observations, à la manière des films de Sidney Lumet, Norman: The Moderate Rise and Tragic Rise of a New York Fixer est un film où finance, vie personnelle et dérives politiques s’entremêlent à l’intérieur d’un imbroglio qui atteint souvent des sommets dramatiques inégalés malgré le ton serein de l’ensemble.
La fin confirme les lois d’une société dominé par les forts, quelles que soient leur valeurs éthiques et morales, si vraiment elles existent. Triste, déchirant.
On soulignera qu’un des producteurs du film, Oren Moverman, signe la réalisation de The Dinner (avec. entre autres, Richard Gere), également à l’affiche cette semaine. Stratégie planifiée par les distributeurs ou simplement une heureuse coïcidence ?1
1 Le film devait prendre l’affiche la semaine dernière, mais avait été retiré immédiatement pour raisons de problèmes techniques !?
Genre : Drame – Origine : États-Unis / Israël – Année : 2016 – Durée : 1 h 57 – Réal. : Joseph Cedar – Int. : Richard Gere, Lior Ashkenazi, Michael Sheen, Charlotte Gainsbourg, Dan Stevens, Steve Buscemi – Dist. : Métropole Films.
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★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
En collaboration avec Mehdi Idir, Grand Corps Malade signe avec Patients son premier long métrage, adaptation éponyme de son roman autobiographique. Il est indéniable que le film possède de vrais qualités techniques et esthétiques non négligeables. Le découpage est inventif, parfois audacieux, au service du récit, et surtout de ses protagonistes. Ces derniers sont d’ailleurs campés par une équipe de jeunes comédiens habitués des seconds rôles dans le cinéma français que l’on redécouvre grâce à une direction d’acteurs formidable de justesse et de tendresse, propre à la sensibilité de l’auteur.
On regrettera cependant que, malgré la justesse de leur interprétation, et le « s » de Patients, on ne s’intéresse pas plus que ça à la galerie de personnages secondaires qui nous est présentée, si ce n’est qu’à travers l’affection que Ben porte pour eux. Bien que le film tente de se donner une aura de film choral, jusque dans son affiche, il n’y parvient vraiment jamais . Certains des protagonistes ne sont ainsi que trop effleurés, là où d’autres ne sont relégués qu’à être un simple outil scénaristique, la love-story par exemple.
Une fois ce regret accepté, on ne peut pas nier que le personnage principal, Ben, et le regard qu’il nous donne sur le monde des handicapés, sont de franches réussites. Reflet de l’auteur et coréalisateur, on retrouve chez lui l’ironie, l’autodérision et le positivisme propre à l’artiste. Ces atouts font de lui un guide surprenant et des plus agréables dans un milieu qui aurait tout pour être déprimant, empli de défis peut-être impossibles, de vies brisées, et de recherche difficile d’espoir.
Mais pourtant, dès les premiers mots prononcés, on se prend à rire du sujet avec une facilité déconcertante. La justesse bienveillante du propos, qui nous rappelle que même les épreuves les plus dures peuvent être traversées aisément si on est bien entouré, est en grande partie menée à bien par cette légèreté quasi constante. Bien qu’elle nuie parfois au récit en réduisant l’impact de certaines épreuves de la vie, telle que la disparition de proches ou la perte d’un rêve, elle est certainement la force de Patients, et la principale raison pour laquelle on se souviendra du personnage principal.
Ne tombant pas dans le piège d’une autobiographie égocentrique en s’éloignant le plus possible du slameur Grand Corps Malade, à l’exception de quelques clins d’oeil suffisamment discrets, Patients est un film à part entière, respectant son propre vocabulaire avec une maturité cinématographique surprenante et bienvenue. Il est de ces films qui ne sont pas des grands, mais n’en ont pas besoin. Il est, à l’image du slam, une expérience douce et sincère.
Genre : Drame biographique – Origine : France – Année : 2017 – Durée : 1 h 51 – Réal. : Grand Corps Malade, Mehdi Idir – Int. : Pablo Pauly, Soufiane Guerrab, Moussa Mansaly, Naimia Harzoune, Franck Falise, Yannick Renier – Dist. : MK2 | Mile End.
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@ Cinéma Beaubien – Cineplex
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★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
L’un des portraits les plus dérangeants des élites politiques et intellectuelles de l’Amérique libérale, The Dinner tiendra une place de choix dans la liste des films les plus inconfortables de 2017. Car cette Amérique à 1000 lieues de celle des électeurs de Donald Trump, qui s’invite dans un restaurant où la description des plats est plus longue que le temps de leur préparation, n’a de cesse que de protéger ses arrières et ses acquis, en dépit de tout et surtout de leur propres valeurs.
Il fallait des acteurs d’élite pour jouer cette adaptation US du roman de l’auteur néerlandais Herman Koch (2009), où les dialogues intenses sont constamment entrecoupés de portables qui sonnent et de serveurs qui déposent des plats ridiculement tarabiscotés. En sélectionnant Richard Gere, Laura Linney, Steve Coogan et Rebecca Hall, le cinéaste israélien Oran Moverman nous attable à des performances d’acteurs hors du commun, lesquelles mettent en valeur une brochette de personnages terrifiants. On pense à Carnage de Roman Polanski ou encore au récent The Party de Sally Potter.
Filmé dans un décor d’un luxe baroque, la caméra exceptionnelle de Bobby Bukowski saisit les jeux de regards, le trouble et surtout la misère relationnelle de ces êtres forcés de discuter du crime affreux commis par leurs enfants. Saluons au passage la performance de Laura Linney, vipère dans une peau de chatte qui sait insuffler son poison pour protéger ses intérêts.
Si au final le résultat n’a pas la fluide souplesse du film de Polanski ou la réjouissante méchanceté de celui Potter, il dégage un constat aussi magnétisant d’épouvante que Rosemary’s baby : en terme de sexisme, de bassesse ou de corruption, les élites libérales bien-pensantes, ouvertes et sensibles n’ont rien à envier à l’Amérique qui a élu Donald Trump. Ils fréquentent simplement d’autres restaurants.
Genre : Drame – Origine : États-Unis – Année : 2017 – Durée : 2 h – Réal. : Oren Moverman – Int. : Richard Gere, Laura Linney, Steve Coogan, Rebecca Hall, Chloë Sevigny, Charlie Plummer – Dist. : The Orchard.
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Interdit aux moins de 13 ans
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★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
Genre : Documentaire – Origine : Canada [Québec] – Année : 2016 – Durée : 1 h 39 – Réal. : Étienne Plasse – Dist. : Les Films EP.
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