6 juillet 2017
Genre : Drame historique – Origine : Chine / Hong Kong – Année : 2017 – Durée : 2 h 11 – Réal. : Ann Hui – Int. : Wallace Huo, Tony Leung, Eddie Peng, Deannie Yip, Zhou Xun, Ivana Wong – Dist. : EyeSteelFilm.
Horaires
@ Cineplex
Classement
Tout public
(Déconseillé aux jeunes enfants)
Certains types de films se font rares. Aussi rares que ceux du duo Fiona Gordon et Dominique Abel, auteurs et réalisateurs infatigables de bonheur qui, depuis L’Iceberg (2005), ne cessent d’envelopper nos écrans dans une magie absurde composée d’histoires improbables, de gags clownesques et de chorégraphies débonnaires, sensuelles et cosmiques. Bienvenue dans l’art naïf et iconoclaste d’Abel et Gordon, dignes héritiers de Chaplin, Keaton, Tati ou encore Kaurismaki. À l’instar de leurs maîtres, ils excellent dans le mélange des genres, enveloppent leurs univers de mille couleurs et abusent du loufoque sans pour autant oublier la profondeur du propos. Car si leurs récits en forme de point d’interrogation peuvent paraître légers et absurdes ils n’oublient pas de remettre en question une contemporanéité qu’ils semblent bel et bien avoir définitivement renié.
Imperméable aux diktats de la mode, oublieux des techniques modernes, Paris pieds nus nous offre une agréable alternative à la production commerciale habituelle, résistant en particulier aux standards établis de la comédie française. Cependant, malgré toutes ses bonnes intentions et en dépit d’une prémisse prometteuse, marquée par l’un des gags les plus drôles du cinéma hexagonal récent, le film laisse un goût d’inachevé. Le récit est trop ténu pour soutenir la durée d’un long métrage et la mise en scène peine à tirer le plein potentiel d’un récit pourtant rempli de trouvailles. En dépit de ses faiblesses évidentes, Paris pieds nus nous offre malgré tout un plaisir sans prétention duquel trois ou quatre moments hilarants se démarquent, ainsi qu’une vision décalée du couple dont la pureté et le romantisme possèdent un charme fou.
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Séquences
Nº 310 (Septembre-Octobre 2017)
En kiosque : Septembre 2017
Genre : Comédie – Origine : France / Belgique – Année : 2016 – Durée : 1 h 23 – Réal. : Fiona Gordon, Dominique Abel – Int. : Fional Gordon, Dominique Abel, Emmanuelle Riva, Pierre Richard, David Palatino, Frédéric Meert – Dist. : MK2 | Mile End.
Horaires
@ Cinéma Beaubien – Cinémathèque québécoise
Classement
Tout public
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
Genre : Aventures fantastiques – Origine : États-Unis – Année : 2017 – Durée : 2 h 13 – Réal. : Jon Watts – Int. : Tom Holland, Michael Keaton, Jacob Batalon, Robert Downey Jr., Jon Favreau, Marisa Tomei – Dist. : Columbia.
Horaires
@ Cineplex
Classement
Tout public
(Déconseillé aux jeunes enfants)
C’est sans doute le film le plus sincère du célèbre documentariste Errol Morris, plus habitué à déconstruire les codes régis d’un genre en perpétuelle reconstruction dans des œuvres aussi remarquables et connues que Thin Blue Line (1988) et A Brief History of Time (1991). Ici, par respect pour le sujet filmé, il se distancie de la caméra, filme Elsa Dorfman, l’octogénaire photographe, toujours sensible, lucide, se souvenant de détails d’une vie photographique avec un sens de la précision remarquable, racontant l’histoire d’un art perdu, d’un format (le polaroid), filmé grâce à des documents d’archives bien choisis comme s’il s’agissait d’un ami décédé, d’une présence du quotidien qui nous manque.
Mais le film de Morris n’est pas seulement la disparition d’un procédé, mais aussi la fin d’une certaine forme d’art et un questionnnement sur son propre métier de cinéaste. Filmer Elsa dans l’intimité de son laboratoire, c’est la capter de profil, parfois en plongée, comme si stature artistique voulait encore dire quelque chose. Il ne reste plus rien à filmer semble dire le cinéaste.
Elsa n’a jamais travaillé pour la reconnaissance (terme tabou en ce qui concerne tout acte créatif quelle que soit la discipline qu’on pratique), car elle a choisi d’entreprendre, dans le tard, à 28 ans, un chemin individuel où la démocratie ne tient qu’aux sujets pris par l’objectif de la caméra. Photos de famille, notamment de parents et de proches, dont celles d’Allen Ginzberg demeurent les plus attachantes, particulièrement lorsqu’on apprend que le poète Juif et homosexuel ne savait presque rien de la photographie et que sa présence unique dans le cadre correspondait à une entente entre lui et le monde.
Entre l’artiste et certains sujets pris, une correspondance qui passe par la complicité parfois non partagée, d’où ce B-Side, sorte de pile et face affublé au titre du film, la deuxième épreuve d’une photo, celle apprécié par la photographe, et non pas par le ou les protogonistes dans le cadre. Ces photos B sont celles qui montrent des erreurs, des changements dans le noir et blanc, des flous qui épatent et font toute la différence, contrairement à la superficialité magique et immaculée des épreuves A, celles choisies par les clients.
Travail unique d’une good Jewish girl qui n’a pas suivi le chemin tracé par ses parents, vivant en bohème parmi l’intelligentsia artistique américaine, c’est-à-dire sans le sou et qui se démerdait comme elle pouvait. Elle s’est pourtant marié et a eu un enfant qui vivent encore… en bohème plus ou moins. Oui, The B-Side: Elsa Dorfman’s Portrait Photography est un document essentiel non seulement pour son thème, mais aussi pour l’illustration d’une reconnaissance trop tardive à l’égard de la principale intéressé.
Lorsque Morris demande à la (aujourd’hui) vieille dame juive (in)digne qu’adviendra de tous ces clichés, elle répond d’un ton tout à fait dénué de pathos quelque chose comme « I absolutely have no idea », comme si notre passage sur terre, quelle que soit nos actions et notre héritage, se perdait parmi l’indifférence et l’abandon de l’humanité. Après la mort… le néant semble dire un Errol Morris réaliste, cartésien, hellénique. Une façon de signifier que les images restent, sans doute momentanément, mais que le souvenir s’évapore comme si rien ne s’était passé lors de notre passage sur Terre. Par sa simplicité, sa candeur, sa résignation et ultimement, son côté philosophique, The B-Side demeure une expérience aussi unique que bouleversante.
Genre : Documentaire – Origine : États-Unis – Année : 2016 – Durée : 1 h 16 – Réal. : Errol Morris – Dist. : Métropole Films.
Horaires
@ Cinéma du Parc
Classement
Tout public
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
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