17 mai 2011
Édition riche et variée que celle du Festival du cinéma israélien de Montréal, du 22 au 31 mai au Cinéma du Parc, au CinémaSpace du Centre Seagal et, entre autres, à la Maison de la culture sépharade. Comme film d’ouverture, Le Matchmaker, d’Avi Nesher, comédie douce-amère qui plonge dans le Haïfa de la fin des années 60. Souvenirs de l’Holocauste, intégration dans un pays neuf, assimilation à un nouveau mode de vie, apprendre une nouvelle morale malgré les comportements importés d’ailleurs, tel se présente ce film d’un des plus importants cinéastes du cinéma israélien. Nostalgique et émouvant.
13 mai 2011
>> Sylvain Lavallée
Cette semaine débute la période de déprime annuelle du cinéphile montréalais, alors que pour les prochains jours il n’entendra parler que de tous ces films qu’il ne pourra probablement jamais voir en salles; et peu importe si ces œuvres s’avèrent exquises ou répugnantes, le cinéphile moyen voudra voir sans faute les derniers Malick, Von Trier, Almodovar, Dardenne, Moretti, etc. En fait, pour ceux-là, le cinéphile montréalais n’a pas trop à craindre, ils seront sans doute distribués, il s’agit des mégastars du cinéma de répertoire qui trouvent toujours au moins une salle à leur pointure. On ne peut pas en dire autant d’Alain Cavalier, Naomi Kawase, Nuri Bilge Ceylan ou Nicolas Winding Refn qu’il faudra voir en festival ou jamais (à ma connaissance, aucun film de Kawase ou de Winding Refn n’ont été distribué en salles à Montréal, et même les festivals ne leur réservent pas toujours une place pourtant méritée); je n’ose même pas parler de ce qu’il y a en dehors de la compétition officielle, car à peu près tout ce qui y est présenté ne nous sera jamais offert ici. Enfin, je ne tiens pas à discuter des problèmes de distribution (je n’y connais rien), mais bien du phénomène cannois qui m’apparaît de plus en plus douteux avec sa foire médiatique autour de films que personne n’a encore vus.
12 mai 2011
Heidegger au grand écran
Le fait est bien connu : Terrence Malick a tour à tour étudié à Harvard puis enseigné au MIT. Sa connaissance de Heidegger est fine, aiguisée et d’autant plus manifeste qu’il a traduit l’une de ses oeuvres, Le principe de raison. Certains commentateurs ont jugé « improbable et hors sujet qu’il [ait cherché à] illustrer la philosophie de quelqu’un »[1]; d’autres, tout aussi résolus, ont insisté sur l’alliance entre Heidegger et Malick[2]. N’y aurait-il pas lieu maintenant d’adopter une voie mitoyenne, de comprendre le cinéma malickien à l’aune de Heidegger et la pensée heideggérienne, à l’aune de Malick ?
LE FILM DE LA SEMAINE …
TU N’AIMERAS POINT (Eyes Wide Open / Einayim petukhot)
DRAME PSYCHOLOGIQUE | Israël / Allemagne / France 2009 – Durée : 92 minutes – Réal. : Haim Tabakman – Avec : Ran Danker, Zohar Strauss, Tinkerbell – Dist. : Cinéma du Parc | Horaires / Versions / Classement : Cinéma du Parc
Résumé : Aaron, membre respecté de la communauté juive orthodoxe de Jérusalem, marié et père de quatre enfants, voit sa vie bouleversée lorsqu’il entame une relation amoureuse avec Ezri, un jeune étudiant de 22 ans.
En quelques mots : Le premier long métrage de Haim Tabakman est placé sous le signe de l’interdit, choix thématique d’autant plus courageux qu’il situe le récit dans un milieu où les choses ayant rapport avec la sexualité demeurent du domaine du tabou, du moins en apparence. Et lorsqu’il s’agit d’orientation sexuelle, le tout prend des proportions inextricablement dramatiques. Évitant le sensationnalisme outrancier, faisant preuve de grand respect et de subtilité à l’égard des personnages, le cinéaste filme tout de même les rapports amoureux entre les deux amants clandestins avec une certaine audace pudique. Non pratiquant, Tabakman brosse le portrait d’un espace social particulier où les règles de conduite sont dictées par la loi divine et par des pratiques quasi ancestrales. De cette description à la limite de l’essai ethnologique, il fait le plaidoyer en faveur de l’amour sans frontière. Les deux principaux comédiens s’investissent de façon magnifique dans des rôles complexes. >> Élie Castiel
AUTRES SORTIES EN SALLE … Suite
6 mai 2011
>> Sylvain Lavallée
Je le disais la semaine dernière, et ça vaut le coup de le répéter encore, The Wire est la meilleure narration filmée de ce nouveau millénaire. Sa grande force, ce qui la distingue des autres séries télé, c’est son refus d’à peu près toutes les techniques déployées par la télévision jusque-là pour convaincre son auditoire qu’elle pouvait être prise au sérieux. Rien d’ostentatoire ici, l’image est tout ce qu’il y a de plus neutre, ne s’encombrant jamais de ralentis, de faux raccords voyants, de montage ultra rapide, de filtres de couleur ou de déformation quelconque, le scénario restant lui aussi parfaitement linéaire, évitant les flash-back, les hallucinations, les rêves ou toute autre structure conceptuelle cachant mal en général leur fonction explicative. Quant à moi, on ne saurait assez vanter cette linéarité alors que pullulent aujourd’hui tous ces trucs de petit-malin servant immanquablement à expliquer ce que le scénariste n’a pas réussi à faire passer de façon plus simple ou plus subtile. Mon personnage est obsédé par le passé? Alors bombardons-le de visions fantomatiques et de flash-back, comme ça on dira que c’est intelligent (car ces trucs de petit-malin sont fort efficaces, ils aveuglent facilement la critique). Exemple le plus récent de cette méthode désolante : 19-2, apparemment l’une des meilleures séries télé québécoises, ce qui en dit long sur la qualité de nos productions locales (ou sur les critiques, c’est selon). Changement au programme annoncé la semaine dernière donc, comme je viens de terminer l’écoute de 19-2 et que j’ai vu The Wire il y a quelques années, je préfère aborder ce qui m’est encore frais en tête. De toute façon, les deux séries se comparent particulièrement bien, car au-delà du fait qu’elles mettent en scène toutes les deux des policiers, 19-2 échoue très exactement là où The Wire excelle.
LE FILM DE LA SEMAINE …
NOSTALGIE DE LA LUMIÈRE (Nostalgia de la luz / Nostalgia for the Light)
DOCUMENTAIRE | Chili / France / Allemagne 2010 – Durée : 90 minutes – Réal. : Patricio Guzmán – Avec : Luís Henríquez, Victor González, Vicki Saaveda, Violeta Berrios – Dist. : Cinéma du Parc / Icarus Films | Horaires / Versions / Classement : Cinéma du Parc
Résumé : Au Chili, à trois mille mètres d’altitude, les astronomes venus du monde entier se rassemblent dans le désert d’Atacama pour observer les étoiles. Car la transparence du ciel est telle qu’elle permet de regarder jusqu’aux confins de l’univers. C’est aussi un lieu où la sécheresse du sol conserve intacts les restes humains : ceux des momies, des explorateurs et des mineurs, mais aussi, les ossements des prisonniers politiques de la dictature.
En quelques mots : Dans ce remarquable film, le réalisateur chilien navigue, avec une élégance rare par le moyen d’une photographie d’une grande beauté, entre l’histoire de l’univers telle que vue par l’astronomie et la recherche archéologique sur le passé récent de son pays dans ce désert d’Atacama. Il a ainsi construit un des plus importants documentaires des dernières années. >> Luc Chaput
AUTRES SORTIES EN SALLE … Suite
5 mai 2011
Pendant un peu plus de deux semaines, le Cinéma du Parc consacre une partie de sa programmation aux premiers films de cinéastes réputés. Du 6 au 21 mai, on reverra ou on découvrira les premiers long et court métrages de parmi ceux qui ont marqué l’Histoire du 7e art.
Au menu : Martin Scorsese, Terrence Malick, les frères Coen, Kathryn Bigelow, Darren Aronofsky, Denis Villeneuve et Pedro Almodóvar. Et aussi Jane Campion, Wes Anderson et Terry Gilliam, pour les courts métrage.
La majorité des films ont obtenu de nombreux prix et ont été programmés dans de nombreuses manifestations cinématographiques. Un rendez-vous donc avec le cinéma qui compte!
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