20 janvier 2012
>> Sylvain Lavallée
Ma rétrospective 2011 entamée la semaine dernière avec une critique du dernier film de David Fincher, the Girl With the Dragon Tattoo, a été pensée autour de certaines thématiques qui parcourent la majorité de mes films de l’année. En effet, la société contemporaine dépeinte par Fincher n’est pas si différente de celle montrée par Steve McQueen dans son Shame, sur lequel je m’arrête cette semaine, ces deux films partageant entre autres une figure de mise en scène importante : la transparence et le verre opposés au fermé et au secret. Le tueur du film de Fincher habite une maison en verre, il accomplit ses crimes dans son sous-sol, offrant aux autres une image affable sous laquelle il cache ses actes ignobles. Dans Shame, Brandon (Michael Fassbender) travaille dans une tour en verre, et plus il s’enfonce dans son obsession du sexe, plus les lieux se referment autour de lui, jusque dans ce sous-sol rougeâtre qui clôt sa nuit d’errance sexuelle. À l’exception de sa sœur, personne ne soupçonne les troubles psychologiques de Brandon, il offre aussi une image publique saine cachant une identité plus dérangée (sans parler de crime dans son cas), mais contrairement au tueur de Fincher, il fait tout pour se faire voir, il ne veut pas se cacher (il baise à l’extérieur, dans une fenêtre, dans un club rempli de voyeurs, il regarde des sites pornos au travail, il garde la porte de sa salle de bains ouverte quand il se masturbe, etc.), ce qui rend d’autant plus troublant le fait qu’on ne le voit pas, qu’on reste aveugle à son obsession. Brandon vit donc dans cette société apathique où l’autre n’est qu’un objet ou un obstacle, si bien décrite par Fincher dans ses deux derniers films, mais Brandon n’en est pas que le produit, comme le sont Zuckerberg et Salander, il en est aussi victime (comme d’habitude, moult spoilers s’ensuivent).
CORIOLANUS
DRAME DE GUERRE | Origine : Grande-Bretagne – Année : 2010 – Durée : 123 minutes – Réal. : Ralph Fiennes – Int. : Ralph Fiennes, Gerard Butler, Jessica Chastain, Brian Cox, Vanessa Redgrave, John Kani – Dist. : Equinoxe | Horaires / Versions / Classement : AMC
Résumé
Général dans l’armée romaine, Coriolanus est poussée par sa mère Volumnia à obtenir le poste de Consul. Mais le public refuse de l’appuyer. Adaptation moderne de la célèbre pièce de William Shakespeare.
En quelques mots
Comment adapter aujourd’hui une pièce politique complexe écrite il y 400 ans dans une langue ardue parce que poétique ? Le scénario de John Logan, le scénariste oscarisé de Gladiator, de The Aviator et de Sweeny Todd, prend ici toute son importance. Logan a finement remis le texte original shakespearien dans un contexte de guerre civile au milieu des Balkans. Le choix du lieu de tournage à Belgrade, où ruines et murs criblés de balles semblent avoir poussé à l’état sauvage, facilite le passage à l’actualité. Ajoutons à cela des dialogues puissamment rendus par des acteurs de haut calibre et intercalés de textes présentés sous forme de nouvelles télévisées et de flash-info (la confrontation de Coriolanus avec les médias se déroule d’ailleurs sur un plateau de télévision). Le style cinématographique proche du documentaire de Barry Ackroyd (The Hurt Locker) contribue à rendre le film d’autant plus brutal, prenant et curieusement envoûtant. Mais la langue ? Ces fameux pentamètres iambiques (suite de dix syllabes découpées en cinq groupes de deux) qui créent le rythme shakespearien mais font aussi la honte de certains acteurs, même des meilleurs ? Comment travailler cette poésie complexe pour la rendre intelligible à l’oreille d’aujourd’hui ? Le spectateur connaissant suffisamment la langue anglaise pourrait ainsi se laisser intuitivement porter par les vagues de la poésie shakespearienne. En théorie, cela fonctionne… En pratique, nous vous conseillons les sous-titres ! >> Anne-Christine Loranger
13 janvier 2012
Aborder un film de Jean-Luc Godard c’est, depuis toujours, accepter d’être emporté dans une expérience intellectuelle exigeante et rigoureuse dont le sens n’est pas tant dans l’aboutissement du fil narratif évoqué à grands traits par un semblant de scénario, que dans l’exaltation d’une démarche esthétique qui cherche à se faire le véhicule d’une intention politique et morale. Et que cette démarche aboutisse à une expérience cinématographique «réussie» ou non demeure, somme toute, très secondaire.
>> Carlo Mandolini
Nous avons demandé aux rédacteurs de la revue d’établir la liste de leurs meilleurs films québécois et internationaux de l’année écoulée, jusqu’à concurrence de cinq titres par catégorie. La plupart ont répondu à l’appel. Ce qui en résulte est parfois surprenant et démontre jusqu’à quel point le regard jeté sur l’écran demeure une quête subjective qui se base essentiellement sur un rapport singulier avec le réel et le fictif.
12 janvier 2012
A DANGEROUS METHOD
(Une méthode dangereuse)
DRAME SOCIAL | Origine : Grande-Bretagne / Allemagne / Canada / Suisse – Année : 2011 – Durée : 99 minutes – Réal. : David Cronenberg – Int. : Michael Fassbender, Keira Knightley, Viggo Mortensen, Sarah Gadon, Vincent Cassel – Dist. : Séville | Horaires / Versions / Classement : Cineplex Divertissement – Excentris
Résumé
Patiente du médecin Carl Jung, Sabina Spielrein découvre un nouveau traitement à partir des travaux de Sigmund Freud : la psychanalyse. Le film situe les rapports conflictuels et ambigus entre ses trois personnages.
En quelques mots
Le titre du film fait à la fois référence à la relation amoureuse entre un psychanalyste et sa patiente et au fait que Freud et Jung et d’autres construisaient alors une méthode d’investigation du monde que plusieurs considèrent encore comme dangereuse. Le scénario de Christopher Hampton (Dangerous Liaisons) est une adaptation de sa pièce The Talking Cure, elle-même inspirée du livre A Most Dangerous Method de l’historien John Kerr qui racontait les liens entre les personnalités du film. La mise en scène retenue de Cronenberg laisse une grande place à l’interprétation nuancée de Fassbender et Mortensen auprès desquels celle de Knightley (Sabina Spielrein) apparaît un peu frêle. Vincent Cassel vient faire un tour de piste détonnant dans le rôle d’Otto Gross. On peut regretter que le personnage d’Emma Jung soit placé si en retrait dans cette œuvre où le réalisateur de Dead Ringers continue d’explorer d’autre manière l’importance des pulsions dans nos vies. >> Luc Chaput
10 janvier 2012

Où : Cinéma du Parc – Quand : 14 janvier 2012 – Heure : à partir de 10h30– Quoi : Conférences animées par des panélistes engagés tunisiens, canadiens et d’ailleurs, projections de films, débats – But : un an après la révolte du peuple tunisien, source du printemps arabe, début d’un temps nouveau qui cherche encore ses repères, le Collectif tunisien au Canada (CTC), en collaboration avec le Cinéma du Parc, propose de se pencher sur la question, pour remettre les pendules à l’heure, pour proposer des choix, pour en savoir plus, pour faire face aux nouveaux défis, pour voir l’avenir avec un brin d’espoir.
Elyes Baccar
Les films projetés : Al Shahara de Mongi Farhani et Rouge Parole de Elyes Baccar. Quand Cinéma, Politique et Histoire se rencontrent pour mieux saisir l’instant. Un rendez-vous essentiel. ENTRÉE LIBRE.
Il est présent à plusieurs projections de presse, a enseigné le cinéma à l’Université McGill , travaillé pour le prestigieux ONF et été Directeur exécutif de Téléfilm Canada pendant quelques années.
Il s’agit de Peter Pearson, amoureux de la salle obscure. Depuis quelque temps, il organise la série Cinémagique, autrefois au Cinéma du Parc, aujourd’hui au AMC. Ça se passe les lundis soir de janvier à mai. Les spectateurs ont l’occasion de voir des films récents une semaine avant leur sortie en salle. Mais le plus important de tout demeure la période de discussions suite à la projection, en présence le plus souvent d’un conférencier invité.
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