4 novembre 2012
>> Élie Castiel
Tenue du 25 octobre au 3 novembre 2012, la 4e édition du cinéma grec de Montréal confirme une fois de plus que l’événement cherche encore sa voie, ce qui en soi n’est pas une mauvaise chose. Au contraire, il y a là, de la part de la fondatrice, Avra Georgiou, une volonté concrète, un désir sans limites et, compte tenu de la situation économique, sociale et surtout politique que traverse la Grèce en ce moment, un courage indéniablement contagieux.
3 novembre 2012
Cette année, ce festival atteint l’âge adulte puisqu’il a 18 ans et prend sa place dans les manifestations culturelles montréalaises en permettant la présentation, dans de belles conditions au fameux cinéma Impérial, de films francophones populaires ou d’auteur de bonne qualité et en servant depuis son début de rampe de lancement réussi à plusieurs.
>> Luc Chaput
2 novembre 2012
DRAME | Origine : Canada [Québec] – Année : 2012 – Durée : 1 h 32 – Réal. : Bernard Émond – Int. : Patrick Drolet, William Ferland-Tanguay, Gilles Renaud, Sara Simard, Isabelle Vincent – Dist. / Contact : Séville | Horaires / Versions / Classement : Beaubien – Cineplex
Résumé
Un homme qui n’attend plus rien de la vie refuse l’héritage de son père mourant, car il considère que sa fortune a été acquise malhonnêtement. Au même moment, il apprend qu’il est le père d’une adolescente issue d’une vieille relation.
En quelques mots
★★
Suite à sa trilogie sur les vertus théologales, Bernard Émond illustre à nouveau la confrontation de conceptions de vie radicalement opposées, exacerbées par un événement perturbateur. Après la foi, l’espérance et la charité, le cinéaste se concentre cette fois sur la vertu et la bonté et nous livre un film très didactique dans lequel l’opposition de ces deux visions a des ramifications sociales justement exposées. Le père, malgré un argent gagné sur le dos des moins nantis est aussi un grand employeur qui fait vivre de nombreuses personnes, tandis que la rêverie poétique et à l’ascétisme mélancolique du fils, ne sont pas si purs que cela. Refusant ce mauvais héritage, sauf une vieille maison dans laquelle le fils ira attendre le retour de sa fille abandonnée. Ce faisant, il parviendra à passer du statut d’homme bon à homme vertueux et parviendra à se racheter d’avoir agi comme son père. Comme d’habitude chez Émond, le dépouillement volontaire est de mise. À l’image du personnage de Patrick Drolet, la réalisation fait vœu de simplicité et ne s’embarrasse pas de fioritures. Si le style est sobre, le regard que la directrice photo Sara Mishara porte sur la ville de Québec et la campagne luxuriante s’avère lumineux et éclatant. Elle apporte, avec le minois de Willia Ferland-Tanguay, lumière et candeur à un film au demeurant très sombre et dont la narration très appuyée ne convainc qu’à moitié. >> Charles-Henri Ramond
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Remarquable. ★★★ Très bon. ★★ Bon. ★ Moyen. ☆ Mauvais. ☆☆ Nul … et aussi 1/2 — LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
31 octobre 2012
>> Élie Castiel
Bien plus que sur le corps, Coma est une pièce sur la durée. Le corps est assujetti à un espace limité, temporel, celui d’une scène théâtrale dénudée, sans artifices, sans le moindre signe de vie, situant le personnage unique dans une sorte d’univers parallèle qui se distingue cruellement de la réalité, lui imposant une règle de conduite, soit « sans conduite », libre de bouger, de s’exprimer comme bon lui semble ; à la limite, ignorant inconsciemment la présence d’un auditoire, mais néanmoins exposé devant lui, le temps de livrer un témoignage troublant.
26 octobre 2012
DRAME | Origine : Belgique / Luxembourg / France / Suisse – Année : 2011 – Durée : 1 h 51 – Réal. : Joachim Lafosse – Int. : Niels Arestrup, Tahar Rahim, Émilie Dequenne, Stéphane Bissot, Mounia Raoui, Baya Belal – Dist. / Contact : Axia | Horaires / Versions / Classement : Beaubien
Résumé
Depuis son enfance, Mounir vit chez le Docteur Pinget, qui lui assure une vie matérielle aisée. Aujourd’hui, Mounir est tombé amoureux de Murielle. Il décide de l’épouser. Ils vivront ensemble aux côtés du Dr. Pinget. Cette cohabitation est-elle possible ?
En quelques mots
★★★ 1/2
Le dénouement du film (qu’on ne dévoilera pas) déconcerte, dépayse, soulève la rage et dans le même temps, soumet le spectateur à une méditation profonde sur la renonciation. Renoncer à vivre, abandonner tout espoir, capituler devant l’indicible, l’innomable, le plus grand des interdits. Et tout cela au nom d’un amour perdu, d’un voyage à deux interrompu. À partir de ce jeu souvent vicieux sur les rapports de force, Joachim Lafosse construit une solide mise en scène où le désarroi, les notions de délaissement et d’isolement et les tumultes de l’âme prennent des tournures extradiégétiques parce que sourdes, vulnérables, se vautrant à l’intérieur des protagonistes comme pour mieux les posséder. Car À perdre la raison est un film extrême, et c’est ce qui le rend si singulier, sublimement étrange et d’une grande efficacité. Le curieux trio dont il est question est, dès le début, voué à l’échec. Comme dans Nue propriété (2006) et plus encore dans Élève libre (2008), le cinéaste belge place ses personnages dans des sphères toxiques et dangereusement affectives d’où ils ne peuvent y échapper que dans le sacrifice personnel ou le geste rituel, quelles que soient les conséquences. Pour incarner ces hantihéros inhabituels, trois grands comédiens : Niels Arestrup, capable de froideur glaciale et de bonnes intentions, Tahar Rahim, ange ou démon, et Émilie Dequenne, magnifique, passant du désir amoureux à la folie dévastatrice avec un aplomb triomphal. Encore une fois, Joachim Lafosse suscite notre sincère admiration. >> Élie Castiel
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Remarquable. ★★★ Très bon. ★★ Bon. ★ Moyen. ☆ Mauvais. ☆☆ Nul … et aussi 1/2 — LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
19 octobre 2012
ESSAI DRAMATIQUE | Origine : France / Allemagne – Année : 2012 – Durée : 1 h 55 – Réal. : Alain Resnais – Int. : Pierre Arditi, Sabine Azéma, Mathieu Amalric, Annie Duperey, Michel Piccoli, Hippolyte Girardot, Denis Podalydès, Andrzej Seweryn – Dist. / Contact : Métropole | Horaires / Versions / Classement : Beaubien – Cineplex
Résumé
À sa mort, un auteur dramatique demande par testament aux comédiens qui ont joué dans sa pièce Eurydice de voir un enregistrement d’une nouvelle mise en scène par une jeune troupe de théâtre. S’ensuit une relecture originale de la pièce.
En quelques mots
★★★ 1/2
À partir des deux pièces de Jean Anouilh, Eurydice et Cher Antoine ou l’amour raté, Alain Resnais a construit une mise en scène complexe, surprenante par moments, d’une lucidité à fleur de peau. Émouvant hommage au théâtre, Vous n’avez encore rien vu conserve tout de même son côté purement cinématographique, situant les personnages dans des sphères quasi surréalistes. L’art de la représentation est ici au service de la création, intransigeante, multiple, hautement sophistiquée. Cela se voit dans les mouvements de caméra, les cadrages, les décors, d’une élégante richesse, les étonnants jeux de miroir, l’emploi de l’iris comme fermetures, les mises en abyme, l’espace réinventé, tout un dispositif qui donne à l’esthétique du film sa grande originalité. À l’instar de Manoel de Oliveira, mais dans un autre registre, Alain Resnais prouve que tout en étant rendu à un âge respectable, les limites de la création ne s’estompent pas ; au contraire, Vous n’avez encore rien vu brille par son inventivité, son imagination féconde et bénéficie d’une direction d’acteurs, comme d’habitude chez Resnais, magistrale. L’auteur de l’intemporel Hiroshima mon amour (1959) n’a rien perdu de sa verve, de son raffinement et avant tout de sa vision du monde et du cinéma, quelque chose de fondamentalement cérébral. >> Élie Castiel
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Remarquable. ★★★ Très bon. ★★ Bon. ★ Moyen. ☆ Mauvais. ☆☆ Nul … et aussi 1/2 — LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
13 octobre 2012
>> Élie Castiel
À partir d’un conte japonais datant du Xe siècle, le célèbre chorégraphe européen Jiří Kylián déconstruit le mythe folklorique et le place dans l’espace de la modernité par le biais de la danse. Œuvre difficile, pour certains dépaysante, Kaguyahime – Princesse de la lune possède un côté troublant qui se manifeste notamment dans la première partie, la plus longue, situant les trois actes (« la Descente » de la belle princesse à partir de la lune, venant rejoindre les humains, les « Célébrations » entourant sa présence sur terre et « la Bataille » indiquant que sa beauté idéale est source de conflits) dans un contexte où l’art de la représentation artistique n’a plus de limites. Tous ces segments chorégraphiques déconstruisent le récit, s’offrent un décor de rêve, entre le technologique inspiré et le spectaculaire et bénéficient d’une orchestration minimaliste où l’Est et l’Ouest se joignent avec prudence et selon les circonstances, engouement.
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