En salle

Metamorphosis

31 mai 2018

| PRIMEUR
Semaine 22
du 1er au 7 juin 2018

RÉSUMÉ SUCCINCT
Devant la caméra des documentaristes Velcrow Ripper et Nova Ami, des scientifiques, des intellectuels et des gens ordinaires évoquent divers aspects de l’impact des changements climatiques.

CRITIQUE
| Anne-Christine Loranger |

★★★★

POUR EN FINIR AVEC L’ENGOURDISSEMENT

Dans la veine de la trilogie des Quatsi de Godfrey Reggio (1982, 1988 et 2002) et, plus proche de nous, des films de Ron Fricke (Chronos, Baraka, Samsara), le film canadien Metamorphosis nous amène, par la voie de splendides et terribles images, sur la traces des changements climatiques. Comment les feux de forêts, cyclones, désertification, inondations affectent-ils les personnes et les communautés qui en sont les victimes ? Perdre l’eau qui alimentait la vallée où votre communauté habite depuis des générations pour approvisionner d’eau les piscines de Los Angeles, perdre l’un des gigantesques banyans qui servait de refuge à votre famille durant les cyclones, perdre sa ville, son île parce que l’eau monte… De Venise au Vanuatu, aucun peuple sur la Terre ne peut se considérer comme épargné par cette crise, potentiellement la plus grave de l’histoire humaine connue.

Le film offre, et c’est l’une de ses grâces, des solutions
innovatrices et audacieuses, en plus de poser la question
de « l’engourdissement psychique », c’est-à-dire de
l’empressement à détourner les yeux devant l’immensité de la crise.

Contrairement aux films de Reggio et Fricke, dont l’approche était essentiellement non-narrative et spirituelle1, l’œuvre de Nova Ami et de Velcrow Ripper aborde une réflexion sur les possibilités de transformations intrinsèques à la crise, utilisant pour cela l’image récurrente du papillon monarque. Serons-nous capables, telle la chenille qui pousse des ailes, de changements radicaux dans nos façons de consommer, de construire, de nous nourrir ? Le film offre, et c’est l’une de ses grâces, des solutions innovatrices et audacieuses, en plus de poser la question de « l’engourdissement psychique », c’est-à-dire de l’empressement à détourner les yeux devant l’immensité de la crise.

En 1992, année de la sortie de Baraka, Hubert Reeves publiait L’heure de s’enivrer, ouvrage dans lequel il posait la question du sens de l’Univers. La réponse de Reeves résidait dans l’ivresse vis-à-vis de la beauté du monde. Metamorphosis répond à cette question de façon un peu différente: la vie humaine trouvera son sens à travers sa survivance. Notre existence collective trouvera son but – et donnera sens à l’Univers, dans la mesure où l’être humain parviendra à s’intégrer harmonieusement au sein des écosystèmes terrestres et d’être capable de faire le deuil des pertes inévitables que nous subirons, en faisant l’éloge de ce que nous chérissons. S’enivrer de la beauté du monde, non plus par philosophie, mais pour notre propre survie.

Un film à voir et à faire voir.

1 Le mot berakha est une bénédiction dans le judaïsme, tandis que dans l’islam, le terme baraka, très proche, représente la force divine bénéfique qui traverse les sphères physiques et spirituelles. Et pour les fans de Bob Morane, la baraka, c’est la chance, tout court.

Réalisation
Nova Ami

Velcrow Ripper

Sortie
vendredi 1er juin 2018

Version originale
anglais ; s.-t.f.
Métamorphose

Genre : Drame politique
Origine : Canada
Année : 2018
Durée : 1 h 25
Dist. : Imtiaz Mastan

Horaires & info.
@ ONF
(Office national du film)

Classement
Tout public

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais.
½ [Entre-deux-cotes]

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