En salle

Surfer sur la grâce

29 juin 2017

RÉSUMÉ SUCCINCT
Documentariste en quête existentielle, David B. Ricard trace le parallèle entre sa vie et celle de son frère Louis, champion de slalom en skate ayant obtenu de nombreux prix à travers le monde.

CRITIQUE
★★ 

DUALISME FRATERNEL
JULIE VAILLANCOURT

Pour son premier long métrage documentaire, David B. Ricard met en scène sa quête existentielle (et créative) aux côtés de celle de son frère, proposant ainsi une évolution parallèle sur la fraternité les unissant. Ainsi, « l’un filme, l’autre roule ». David, le cinéaste, filme les exploits sportifs de Louis, alors que ce dernier les met en scène à l’écran, tout en se confiant à la caméra ; un exercice qui se révèle « trop personnel », selon le skater boy.

Surfer sur la grâce

À n’en point douter, c’est justement cette réflexion intime, cette dualité fraternelle et créative qui est pertinente et qui pose les assises du documentaire Surfer sur la grâce. C’est d’ailleurs la direction empruntée, dès les premières images, avec l’insert de cartons (dévoilant les premières lignes écrites du scénario) : « Ce film est sur toi-même et tu ne dois pas l’oublier. Maintenant, concentre-toi sur ton frère. Concentre-toi sur Louis. Son-image apparaît ». Ce qui fait office de narration intérieure du cinéaste, présente nécessairement une mise en abyme intéressante qui servira de ligne directrice au scénario (cinéaste avec la perche de son dans l’image, aux côtés de son frère, adresses du cinéaste à la caméra, réflexion sur la création filmique…).

Ironiquement, à surfer dans cette recherche formelle,
on perd le côté  personnel et  on s’identifie peu aux
deux frères et à cet état de grâce tant recherché.

De cette mise en abyme se dégage un côté ludique, mais aussi une réflexion cinématographique qui aurait gagné à acquérir davantage de maturité avant d’être portée à l’écran : le côté improvisée qui s’en dégage passe parfois pour amateur. Les cartons exprimant les questionnements/reproches/culpabilité du cinéaste sont pertinents, mais leur surenchère brise et morcèle le rythme du récit. Aussi, le documentaire semble tergiverser entre deux angles/formes stylistiques, deux recherches formelles : l’une plus introspective (les deux frères se confient à la caméra de façon ludique avec la mise en abyme) et expérimentale (direction photo, musique), alors que les entrevues avec les skateurs sont filmées de façon très conventionnelle. Il en résulte une identité filmique morcelée, une recherche formelle qui surfe en deux styles, déroutant le spectateur.

De ce fait, il est possible que le documentaire trouve difficilement son public ; d’un côté les compétitions de skateboard (qu’on voudrait voir davantage), de l’autre, les confidences personnelles des deux frères, qui pourtant demeurent en surface, malgré cette volonté de plonger au coeur du personnel. D’ailleurs, Louis avoue ne pas aimer le film, car selon lui, « le caractère trop particulier du récit n’intéressera guère les gens ». Ironiquement, à surfer dans cette recherche formelle, on perd le côté personnel et on s’identifie peu aux deux frères et à cet état de grâce tant recherché.

Sortie :  vendredi 30 juin 2017
V.o. :  anglais, français / s.-t.a. & s.-t.f.
Surfing on Grace

Genre :  Documentaire  – Origine : Canada [Québec] – Année :  2016 – Durée :  1 h – Réal. :  David B. Ricard – Dist. :  Spira.

Horaires
@
  Cinémathèque québécoise

Classement
NC
(Non classé / Exempté)

MISE AUX POINTS
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