En salle

Le passé devant nous

29 juin 2017

RÉSUMÉ SUCCINCT
Prostituée de luxe, Alice tente aussi de mener une vie normale auprès de son fils de six ans et de son père, atteint d’Alzheimer.

CRITIQUE
★★★
½

LA MAMAN ET LA PUTAIN
ÉLIE CASTIEL

Le premier long métrage de Nathalie Teirlinck sidère autant qu’il envoûte. D’où une mise en scène obsédée par la nature du plan, son rapprochement aux personnages, essentiellement celui d’Alice, qui nage dans une zone d’inconfort presque surréaliste (présence éthérée de la Québécoise Evelyne Brochu), se donnant à l’objectif de la caméra, ici un outil indiscret, trop proche d’elle, inquisiteur, à la limite psychanalytique. Et puis, le petit Robin, six ans, que le jeune Zuri François incarne avec autant de vulnérabilité que de savoir-faire avant l’âge. Deux êtres écorchés par la vie. Le gamin en permanente errance, la seconde, se donnant aux riches clients. Pourquoi ?

Le dernier plan est superbe, avec en voix off une phrase
dite plus tôt dans le film et qui boucle différemment ce
portrait sur la notion qu’on se fait de la mémoire.

Le passé devant nous

Mais jamais Teirlinck n’insiste sur les scènes de sexe ; elles se laissent deviner, se retirent du cadre comme par enchantement, donnant aux spectateurs l’idée que vendre son corps est un échange de marchandise qui se négocie, comme n’importe quoi dans la vie. Alice s’occupe aussi (parfois) de son père, atteint de la maladie d’Alzheimer et s’entraîne, bien entendu, pour garder la forme.

En ajoutant la présence du voisin séduisant, prêt à devenir le baby-sitter, ces éléments scénaristiques donnent au film un côté narratif plus proche de la tradition. Car Le passé devant vous, c’est aussi un film sur le non-dit, sur le souvenir qu’on n’arrive pas à saisir, sur cet étrange rapport entre notre perception du monde et la réalité.

Autour du personnage d’Alice, les autres, pour la plupart, sont comme des automates, situant Alice dans une sorte de monde à part qui lui échappe. Le dernier plan est superbe, avec en voix off une phrase dite plus tôt dans le film et qui boucle différemment ce portrait sur la notion qu’on se fait de la mémoire. Un long métrage qu’on caresse avec les mains du cœur.

Sortie :  vendredi 30 juin 2017
V.o. :  français

Genre :  Drame – Origine : Belgique / Pays-Bas / Danemark / France – Année :  2016 – Durée :  1 h 51  – Réal. :  Nathalie Teirlinck – Int. : Evelyne Brochu, Zuri François, Eriq Ebouany, Johan Leysen, Arieh Worthalter, Adonis Danieletto  –  Dist. :  Niagara Films.

Horaires
Cinéma Beaubien

Classement
Interdit aux moins de 13 ans

MISE AUX POINTS
★★★★★  Exceptionnel★★★★  Très Bon★★★  Bon★★  Moyen★  Mauvais½  [Entre-deux-cotes]  –  LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

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