En salle

Earthquake

2 février 2017

RÉSUMÉ SUCCINCT
Suite au tremblement de terre du 7 décembre 1988 à Gyumri, en Arménie, Konstantin Berezhnoy, Russe dans la cinquantaine, et Robert Melkonyan, un jeune Arménien de 28 ans, décident de porter secours aux survivants.

CRITIQUE
★★★  ½
Texte : Élie Castiel

CONTRECARRER LE GENRE

Très bien connu dans son pays, l’Arménien Sarik Andreasyan fait une pause en terre d’Amérique en proposant le thriller d’action canado-luxembourgeois American Heist (en français, Braquage à l’américaine), 2014, déjà sorti ici mais qui, pour une raison ou pour une autre, nous n’avions par couvert. Le film est déjà disponible en BD et en DVD.

Ici, le terrible séisme ayant causé la mort de milliers de personnes, n’est qu’un prétexte à raconter le destin de quelques personnages, dont les deux principaux seront liés par un même destin dans une séquence d’entrée matière annonciatrice. Mais vu qu’il s’agit d’événements réels, nous sommes prêts à oublier cette lacune scénaristique.

Le reste du film est une fable sur la condition humaine, sur les rapports entre individus, les liens qui unissent ou brisent certaines familles, mais avant tout, sur la solidarité, sur la fragilité de la vie face à une nature hostile contre laquelle on n’y peut rien. Mais c’est surtout la mise en scène du très jeune Andreasyan qui se dégage de ce récit à la fois triste et unificateur. Ses plans, sa caméra, ses cadrages ne sont-ils pas, à y voir de près, un émouvant hommage à un certain cinéma soviétique d’un autre époque. Ces contre-plongées, nombreuses et brillamment illuminées, grandissent l’homme, le confrontant malgré lui à une terre menaçante, mais qu’il peut malgré tout affronter, prêt à reconstruire.

Earthquake

Il y a, de la part du réalisateur, un message politique conciliateur tout à fait flagrant. Ancienne république soviétique, l’Arménie n’atteindra son indépendance définitive qu’en 1991. Qu’importe les enjeux, Sark Andreasyan a réussi un film où une certaine forme d’ancien cinéma revendique, aujourd’hui, sa présence, et parcourt le récit grâce à sa mise en situation articulée et une direction d’acteurs maîtrisée, tous parfaitement  à l’aise dans des rôles pleins de grâce et de fureur. Un cinéaste à suivre qui a réussi à contrecarrer les codes d’un genre immuable, le disaster movie.

Et comme toujours, les hasards de la distribution font que ce film sort dans le circuit « films ethniques », nous privant, à moins d’être archéologue des sorties en salle, d’une expérience fort enrichissante. Et comme dans le bon vieux temps de la mouvance soviétique, une musique omniprésente comme s’il s’agissait d’un opéra de la vie, nous rappelant que juger un film demande un prérequis : essayer, même en faisant des efforts, de comprendre la culture du pays dont il est question. Ça aide énormément!

MISE AUX POINTS
★★★★★  Exceptionnel★★★★  Très Bon★★★  Bon★★  Moyen★  Mauvais½  [Entre-deux-cotes]  –  LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

Sortie :  vendredi 3 août 2017
V.o. :  arménien, russe, français / s.-t.a.
Yerkrasharzh / Zemletryasenie 

Genre :  DRAME  – Origine : Arménie / Russie –  Année :  2016 – Durée :  1 h 44  – Réal. :  Sarik Andreasyan – Int. :  Konstantin Lavronenko, Viktor Stepanyan, Mariya Mironova, Tatev Ovakynyam, Michael Boghosian, Sos Jarnibekyan  – Dist./Contact :  KinoFilm Corp.
Horaires : @  Cineplex

CLASSEMENT
Tout public

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