En salle

The Age of Shadows

22 septembre 2016

RÉSUMÉ SUCCINCT
À la fin des années 1920, un groupe de résistants tente de faire venir des explosifs de Shanghai afin de détruire des bâtiments stratégiques japonais à Séoul, tandis que des agents japonais et des collaborateurs tentent de les en empêcher.

the-age-of-shadows_en-salleLE FILM DE LA SEMAINE
★★★★ ½
Texte : Élie Castiel

IL ÉTAIT UNE FOIS À SÉOUL

Suite au remarquable I Saw the Devil (2010), le nouveau film sud-coréen de Kim Jee-woon est sans doute plus sage que son précédent, mais la marque indélébile d’un grand réalisateur se fait sentir à chaque plan, chaque séquence, chaque fois que les agissements des personnages désorientent les spectateurs pour ensuite les guider vers des sommets de réalisation et de recherches formelles rarement atteints au cinéma.

La choix dans la bande sonore est d’une richesse insoupçonnée, alliant classique et musique d’atmosphère dans un maelström ininterrompu de sensations fortes qui embrasent notre imaginaire et nous  porte à redéfinir le rôle des images en mouvement. Sur ce point, le chaleureux When You’re Smiling de Louis Armstong correspond à une séquence de violence extrême magnifiquement tournée; les paradoxes de la vie (et du cinéma) n’ont jamais été aussi concluants. On pourrait en dire autant lorsque le Boléro de Ravel magnifie le CinémaScope, donnant à l’image une puissance aussi mythique que grandiose.

… derrière une intrigue où le drame historique et le thriller
s’affrontent côte à côte pour mieux se réconcilier, il y a là une
profonde méditation sur la nature humaine, sur la condition
de l’homme, assujetti aux loins cruelles et névrosées du destin.

Avec des films comme The Age of Shadows, nous demeurons persuadés que les films doivent être vus sur Grand Écran. Aussi simple que ça! Film épique de par son sujet, clin d’œil à des genres cinématograhiques comme le western italien de grand cru (Sergio Leone en tête), porte-étendard d’un cinéma sud-coréen en pleine expansion, le tout dernier film de Kim Jee-woon est aussi une réflexion philosophique et humaniste. Car derrière une intrigue où le drame historique et le thriller s’affrontent côte à côte pour mieux se réconcilier, il y a là une profonde méditation sur la nature humaine, sur la condition de l’homme, assujetti aux loins cruelles et névrosées du destin.

Ici, les personnages ne sont pas ce qu’ils semblent être. L’amitié n’existe pas en temps de conflit entre nations. Les coups bas son monnaie courante et permis. Mais le véritable enjeu  du film est de montrer une humanité perdue où les stratagèmes de survie sont inépuisables. La longue séquence de poursuite dans le train est à couper le souffle. La mise en scène brille par sa mobilité aussi inquiétante que fébrile. Le cinéaste filme comme s’il s’agissait d’une mise en situation chorégraphique stimulante. La direction d’acteurs, adroitement conçue, nous laisse voir un Song Kang-ho magistral. Idem pour Yoo Gong et Park Hee-son.

Soulignons que le film passe au Cineplex Forum, mais de façon inaperçue parce que cantonné dans les sorties dites ethniques, comme c’est le cas des films bollywoodiens (qui recèlent parfois des trésors inattendus), les comédies ou drames sentimentaux ou romantique des Philippines et depuis quelque temps, des films asiatiques, certains de genre qui se perdent dans la foulée des autres films à l’affiche.

Présenté au récent TIFF et avant cela à Venise, The Age of Shadows aurait dû  faire l’objet d’une projection de presse, comme d’ailleurs d’autres films multiculturels qui le méritent. Sur cette question, les distibuteurs ont du travail à faire.

Sortie : vendredi 23 septembre 2016
V.o. : coréen ; s.-t.a.
Mil-jeong / Secret Agent

Genre :  THRILLER  – Origine : Corée du Sud  –  Année :  2016 – Durée :  2 h 19  – Réal.:  Kim Jee-woon – Int. : Song Kang-ho, Gong Yoo, Han Ji-min, Park Hee-soon, Foster Burden, Um Tae-goo – Dist. / Contact :  A-Z Films.
Horaires : Cineplex

CLASSEMENT
Interdit aux moins de 13 ans
(Violence)

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