En salle

Viva

19 mai 2016

RÉSUMÉ SUCCINCT
Jesús ne retrouve sa liberté d’expression qu’en tant qu’interprète drag nommé Viva. Le soir, elle exprime ses désirs en chantant.

Viva

CRITIQUE
★★★ ½
Texte : Élie Castiel

NUITS  CHAUDES  À LA HAVANE

Réalisateur de quelques longs métrages et de téléséries, l’Irlandais Paddy Breathnach braque suggestivement sa caméra dans une Havane réaliste, proche du peuple, prête à tout pour survivre. La photographie de Cathal Watters capte les recoins d’une ville laissée à elle-même depuis la révolution des années 50. Autant les extérieurs que les intérieurs confirment la réalité d’un pays aux multiples problèmes économiques et sociaux avec, comme dénominateur commun pour survivre, le sexe et la débrouille.

Jesús, le jeune latino gay s’en tire tant bien que mal en coiffant les vieilles dames de son entourage (souvent en panne d’argent) et rêve de se produire dans un cabaret de travestis en faisant du lipsync sur de vieilles chansons d’amour cubaines. La sortie de prison d’un père qu’il n’a jamais connu assure une fiction mélodramatique comme seuls les latino-américains peuvent les mener. Les extrêmes sont ici remplacés par des douces touches poétiques qui alternent entre une formidable interprétation de tous les protagonistes  et des dialogues bien sentis. Ce miracle est dû grâce aux lieux où se déroule le récit, le ton donné, les atmosphères qu’on n’essaie guère de transformer. Le réalisme opère sans se faire égratigner.

Évitant le misérabilisme, le cinéaste opte pour un réalisme
où la simplicité atteinte n’a d’égales que la sincérité et la fougue
des personnages, des êtres en prise à des crises existentielles
qu’ils tentent de surmonter par leur propre altérité.

Sans s’attarder trop aux séquences de chansons, Breathnach amplifie la relation père/fils pour raconter un rapport en pleine évolution. Film sensible, rempli d’un humour bien particulier proche du camp à la sauce hispanique, Viva s’accomode de plans magnifiques de la Havane, savamment mis en évidence par un directeur photo enthousiaste devant l’originalité des différents espaces.  Évitant le misérabilisme, le cinéaste opte pour un réalisme où la simplicité atteinte n’a d’égales que la sincérité et la fougue des personnages, des êtres en prise à des crises existentielles qu’ils tentent de surmonter par leur propre altérité.

Dans le rôle de Ángel, le vétéran Jorge Perugorría offre une performance mémorable entre force et vulnérabilité, obligé de changer par les circonstances à mesure que le récit avance. Alberto García joue la Mama avec une étonnante force de caractère, alliant essor comique et tragédie. Et puis Jesús, dont le jeune Héctor Medina absorbe le rôle avec une sensibilité virginale. Un bel exemple de cinéma queer, genre trop rare sur nos écrans, sauf, bien entendu, lors de l’événement Image+Nation.

Sortie : vendredi 20 mai 2016
V.o. : espagnol / S.-t.a.
Viva

Genre :  DRAME – Origine :  Cuba / Irlande –  Année :  2015 – Durée :  1 h 40  – Réal. : Paddy Breathnach – Int. :  Héctor Medina, Jorge Perugorria, Luís Alberto García, Renata Maitel Machin Blanco, Luis Manuel Alvarez –  Dist. / Contact : Unobstructed View Inc.
Horaires :  @  Cinéma du Parc

CLASSEMENT
Non classé

MISE AUX POINTS
★★★★★  Exceptionnel★★★★  Très Bon★★★  Bon★★  Moyen★  Mauvais½  [Entre-deux-cotes]  –  LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

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