En salle

L’Ombre des femmes

12 novembre 2015

RÉSUMÉ SUCCINCT
Pierre aime Manon. Il rencontre Elisabeth, mais ne veut pas quitter Manon. Celle-ci découvre un jour que Manon a un amant. Chassé-croisés amoureux sous la loupe du cinéaste Philippe Garrel.

L'ombre des femmes

PHYSIOLOGIE DE L’AFFECT

Élie Castiel
CRITIQUE
★★★  ½

La seule fois où le personnage incarné par Stanislas Merhar ressent une véritable émotion, c’est à la toute fin lorsque le couple s’étreint dans l’allégresse d’un retour complice et assumé. Nostalgique d’une époque propre au cinéma français, dominé en grande partie par des récits amoureux et par une utilisation du format 35 mm, Philippe Garrel persiste et signe une œuvre simple, marquée par un engouement pour les affects du cœur. Thème typique français qui, dans L’ombre des femmes, s’associe adroitement à la notion de la durée.

Élément peut-être anodin, mais au fond d’une grande importance. Les 73 minutes que compte le film sont sous la norme des 90 minutes et plus traditionnels. Le parti pris est clair : le film devient pour ainsi dire une analyse, une dissection du couple, une vivisection de l’âme et cela ne nécessite que peu de temps. L’ellipse narratif et l’économie dans le temps deviennent alors des composantes irremplaçables.

Le Paris de Garrel est celui de la Nouvelle Vague,
ville des amoureux, triomphante, belle, aimante,
jetant son dévolu sur des êtres en crise
de rupture ou peut-être bien de réconciliation
.

Ils s’aiment et se trompent. Pour la deuxième femme, comme c’est la plupart du temps le cas, peu importe le statut civil de l’amant. Dans le couple, la femme a aussi un amant. Mais qui des deux est plus accusé que l’autre d’avoir commis un acte adultère, elle-même ou le mari ? En peu de mots, Garrel exploite les tourments sentimentaux en les exposant dans un environnement monolithique où triomphe la parole. C’est bavard, mais dans le bon sens, formidablement photographié par un Renato Berta en plein délire urbain et de huis clos. Le Paris de Garrel est celui de la Nouvelle Vague, ville des amoureux, triomphante, belle, aimante, jetant son dévolu sur des êtres en crise de rupture ou peut-être bien de réconciliation. Après La Jalousie, nous sommes les témoins d’une remise en question de la fidélité.

Et à l’intérieur de ce combat affectif, une Clotilde Coureau magnifique, courageuse face à cette précipitation sentimentale agressive. Et un premier rôle dans le long métrage pour Lena Paugam, superbe, altière, ouverte à la caméra avec une franchise ahurissante.

revuesequences.org

Sortie : vendredi 13 novembre 2015
Version originale : francais

 

Genre : Drame – Origine : France – Année : 2015 – Durée : 1 h 13 – Réal. : Philippe Garrel – Int. : Stanisla Merhar, Clotilde Courau, Lena Paugam, Vimala Pons, Jean Pommier, Antoinette Moya – Dist. / Contact : FunFilm.
Horaires : Excentris

CLASSEMENT
En attente

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. Mauvais. ½ [ Entre-deux-cotes ] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

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