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Denis Villeneuve

11 septembre 2015

« JE NE ME SENS PAS EXILÉ, MAIS
JE SENS QUE JE CONTINUE À FAIRE
DU  CINÉMA D’UNE MANIÈRE DIFFÉRENTE. »

Propos recueillis et
retranscrits par
Julie Vaillancourt
ENTREVUE

Actuellement au Québec, sur le plateau de la production américaine Story of Your Life, qui s’avère être « de loin le tournage le plus complexe qu’il ait effectué », Denis Villeneuve affiche humblement un certain épuisement, ajoutant qu’il n’est pas dans « l’espace mental » adéquat pour discuter de Sicario, récemment présenté au Festival de Cannes. Depuis son passage remarqué aux Oscars avec Incendies, le réalisateur de Maelström et Polytechnique embrasse les opportunités qui lui sont proposées à Hollywood, à commencer par le suspense psychologique Prisoners. En signant sa seconde réalisation américaine avec Sicario, un suspense psychologique sur la corruption au sein des cartels mexicains, le réalisateur québécois demeure fidèle au genre, mais aussi à sa signature, s’inscrivant inconsciemment dans une trilogie en devenir.

Denis Villeneuve

Denis Villeneuve (gauche) et Robert Deakins, directeur photo (droite)

La signature visuelle de Sicario rappelle Un 32 août sur terre et Incendies, mais aussi des suspenses notoires tels que North by Northwest d’Alfred Hitchcock, tant dans la direction photo (et les prises de vues du désert) que la trame musicale. Ce sont des influences conscientes de ta part ?

Sicario se rapproche d’Incendies visuellement, car il y avait cette volonté avec André Turpin (directeur photo) que l’esthétisme soit au service de la narration le plus possible, sans aller dans des effets de style pouvant entraver la perception du spectateur. Pour Hitchcock, je ne peux pas parler d’influence et dire que c’est quelqu’un que j’admire profondément. Je considère que, lorsqu’on fait du cinéma au 21e siècle, les influences sont multiples dans notre inconscient, car on a été bombardé de films depuis notre enfance. Même si j’essaie d’être souverain, autonome créativement, et d’avoir l’arrogance d’essayer d’être libre avec la caméra et de faire comme si j’étais le premier à réaliser un film, je suis massivement influencé par un paquet de monde. Hitchcock, dans sa maîtrise du style, c’est un absolu, mais ce n’est pas quelqu’un à qui je pense lorsque je tourne.

Entrevue complète : Séquences (nº 298, p. 6-7, en kiosque)

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