En salle

Güeros

18 juin 2015

GüerosRÉSUMÉ
N’en pouvant plus de Tomás, adolescent rebelle, sa mère le somme d’aller rejoindre son grand frère Sombra à Mexico, espérant que ce dernier saura l’amadouer.

LE LARGE SPECTRE DU NOIR ET BLANC

Jérôme Delgado
CRITIQUE
★★★ ½

Audacieux dans sa forme, animé par l’élan des luttes sociales, le film Güeros du Mexicain Alonso Ruiz Palacios n’a que faire des normes et des sentiments. Sans être de l’expérimental pur, l’œuvre possède certes un récit linéaire, mais elle évite l’issue à l’eau de rose.

Porté par l’élégance du noir et blanc, par la richesse de ses multiples détails – de l’enrobage sonore aux clins d’œil à l’Histoire du cinéma – et par des dialogues colorés et drôles, Güeros est un délice, autant pour les yeux que pour les oreilles. Un plaisir qui prend la forme d’un road-movie intra-muros, au sein d’une même ville, Mexico, réalisé par le débutant cinéaste Alonso Ruiz Palacios, jusque-là metteur en scène au théâtre.

Au-delà des judicieux choix de réalisation, ce premier long métrage de fiction est soutenu par la subtilité de sa critique sociale : entre le noir et le blanc, ou entre les pro- et les anti-, il y a toujours une multitude de nuances, ou une foule de gens marginalisés parce que considérés sans opinion. Güeros, quelque part, donne la parole aux laissés-pour-compte.

C’est dans la réalité de deux antihéros, étudiants universitaires privés de cours, que se déroule la trame. Leur quotidien amorphe est bousculé par l’arrivée du jeune frère de l’un d’eux. L’ado les pousse à le suivre dans une impossible quête, celle de trouver un vieux chanteur oublié à qui il voue une grande passion. Tant qu’à rien faire…

Au-delà des judicieux choix de réalisation, ce premier
long métrage de fiction est soutenu par la subtilité de sa
critique sociale : entre le noir et le blanc, ou entre les pro- et les anti-,
il y a toujours une multitude de nuances, ou une foule de gens
marginalisés parce que considérés sans opinion.
Güeros, quelque part, donne la parole aux laissés-pour-compte.

Un road-movie intra-muros ne mène pas, on s’entend, tellement loin. Aussi vaste soit la cité, on reste au niveau du voyage intérieur. C’est cette métaphore que met en scène Ruiz Palacios.

Si la caméra ne sort pas des limites de Mexico, la virée en bagnole des trois personnages (quatre, avec la belle qui s’ajoute en cours de route) sert de démarche introspective. Leur visite, ou leur découverte, des différentes zones de la mégapole de 20 millions d’habitants (on passe du sud à l’ouest, du centre à l’est, selon les intertitres à l’écran) n’est pas dénuée de questionnements identitaires. Il faut dire que les protagonistes sont pris dans l’engrenage de l’oisiveté, mais néanmoins en quête de stimuli. L’avenir de la jeunesse est plus que nébuleux.

Texte complet : Séquences (nº 297, p. 17)

revuesequences.org

Sortie : Vendredi 19 juin 2015
VO : espagnol
S.-t.a. > Güeros

Genre : Comédie dramatique – Origine : Mexique – Année : 2014 – Durée : 1 h 48 – Réal. : Alonso Ruiz Palacios Int. : Tenoch Huerta Mejia, Sebastián Aguirre, Ilse Salas, Leonardo Ortizgris, Raúl Briones, Laura Almela – Dist./Contact : Kino Lorber (Cinéma du Parc).
Horaires : @ Cinéma du Parc

CLASSIFICATION
Non classé

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. Mauvais. ½ [ Entre-deux-cotes ] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

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