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Le Barbier de Séville

15 mars 2015

Les jeux de l’amour et du hasard

Élie Castiel
THÉÂTRE
★★★ ½

Dernier spectacle de la saison 2014-2015 au Théâtre Denise-Pelletier, Le Barbier de Séville bénéficie d’une mise en scène, somme toute classique, mais solidement ancrée dans la mission pédagogique que s’est toujours donnée ce théâtre particulier.

Ce qui n’empêche pas le jeune Daniel Paquette d’offrir une mise en scène dont le minimalisme inventif est un véritable souffle de fraîcheur. Nous devons oublier tous ces objets de tous genres envahissant la scène. Les quelques accessoires présents donnent l’occasion aux spectateurs d’uniquement se concentrer sur les personnages.

TH_Le Barbier de Séville

L’ensemble des comédiens (PHOTO : © Frédérique Ménard-Aubin)

Nous sommes les observateurs privilégiés d’une pièce d’un
autre siècle. En mettant de côté nos principes et en essayant
de nous mettre dans la peau de certains personnages,
on s’aperçoit que dans les jeux prévisibles de l’amour et
du hasard, les choses ne se passent pas telles que prévues,
comme c’est toujours le cas, encore aujourd’hui.

Figaro (Carl Poliquin), comme tous les Figaro du cinéma, du théâtre et de l’opéra consolide son personnage grâce à une méthode d’approche toujours gagnante : l’humour changeant, le geste nerveux et saccadé, le sous-entendu, le charisme bon-enfant. Les autres, eux, dépendent de la direction des comédiens, toujours parfaitement rodée. Sur ce point, la grande surprise de la soirée est le personnage de Bartholo, incarné par un Roger Léger méconnaisable, mesquin par nécessité, calculateur par amour, mais humainenent humain, comme ses semblables, un être qui refuse la solitude. Un acteur grandiose.

Mais le propos, toujours vivant, vient de l’écrit de Beaumarchais, écrivain de son siècle, témoin des sociétés qui l’on illustré. Il s’agit ici d’une pièce à tiroirs qui s’ouvrent et se referment pour présenter à chaque ouverture, une nouvelle surprise. L’horizontalité du propos est ainsi bascoulé tant le récit penche de gauche à droite, comme de droite à gauche, comme de haut en bas et de bas en haut, provocant ainsi la forme.

Dans ce terrain miné de bonnes et mauvaises (mais pas si mauvaise que ça) intentions, Daniel Paquette fait traverser la scène à ses comédiens en s’assurant qu’ils vivent, le temps que dure le spectacle, une aventure de la vie, un voyage vers la passé.

En un peu plus de deux heures, nous sommes les observateurs privilégiés d’une pièce d’un autre siècle. En mettant de côté nos principes et en essayant de nous mettre dans la peau de certains personnages, on s’aperçoit que dans les jeux prévisibles de l’amour et du hasard, le choses ne se passent pas telles que prévues, comme c’est toujours le cas, encore aujourd’hui.

Tout cela transpire dans la mise en situations de Paquette, dont on se souviendra encore de son digne et subtile Cid, l’an dernier. L’intégration de quelques chansons, dont certaines reprennent subtilement quelques airs de l’opéra célèbre de Gioachino Rossini sont les bienvenues, accordant à cette pièce sur la parole quelques moments de répit.

Avec Le Barbier de Séville, le TDP clôt sa saison avec une œuvre théâtrale aussi inspirante que délicate.

LE BARBIER DE SÉVILLE | Auteur : Pierre-Augustin Caron de Baumarchais –Mise en scène : Daniel Paquette – Décors/Accessoires : Anne-Marie Mateau – Costumes/Perruques : Daniel Paquette — Éclairages :Mathieu Poirier – Musique : Pierre-Marc Beaudoin –Comédiens (par ordre alphabétique) : Luc Boucher (L’Éveillé +), Daniel Desparois (Don Bazile), Kevin Houle (comte Almaviva), Roger Léger (Bartholo), Madeleine Péloquin (Rosine), Carl Poliquin (Figaro)| Durée : 2 h. 30 approx. (incl. 1 entracte)  – Représentations : Jusqu’au 1er avril 2015 – Théâtre Denise-Pelletier (Grande salle)

MISE AUX POINTS
★★★★★ (Exceptionnel). ★★★★ (Très Bon). ★★★ (Bon). ★★ (Moyen). (Mauvais). ½ (Entre-deux-cotes)

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