En couverture

2014 revue et corrigée

6 décembre 2014

ESPIÈGLE ET CONTAGIEUX

Élie Castiel
THÉÂTRE
★★★ ½

Dixième saison pour une tradition annuelle qui, si l’on en juge par la réaction du public, est là pour rester encore longtemps. Car se dilater la rate et en plus réfléchir sérieusement sur ce qui arrive pendant l’année en termes de politique et de culture nous fournit de l’oxygène pour entamer les douze prochains mois et nous aide à nous préparer aux petites et grandes ondes de choc qui pourraient se présenter à l’improviste.

Toujours est-il que 2014 revue est corrigée, demeure, comme les années précédentes, un exercice où les comédiens ont un plaisir fou à, justement, faire les fous, déconner, se prenant (rarement) au sérieux quand il le faut et se moquer des uns et des autres avec une aisance aphrodisiaque.

C’est hautain, jouissivement cruel, très à propos, en diapason de certaines unes des quotidiens, toujours fébrile, irrévérencieux et en fin de compte, un antidote à la déprime généralisée. La carte de la nostalgie opère toujours et on accueille affectueusement La Poune, Olivier Guimond et le regretté Gille Latulippe, moments forts de cette édition qui, en rendant hommage au passé, réconcilie les anciens et les émergents de la profession.

L’écriture est, comme dans le bon vieux temps, directe, punchée, vitriolique quand il le faut, ne passant pas par quatre chemins. Le sketch sur Yves Bolduc (vous devinez bien entendu de quoi il est question) triomphe par la voix opératique de Martin Héroux et ses gestes surréalistes ; et ça fonctionne.

Le Justin Trudeau de Benoit Paquette m’a paru un peu moins évident, même si le comédien est concentré sur son texte. Le sketch Unité 9 est repris cette année avec une variante sexuelle que vous découvrirez à la fin. Sympathique et inattendu. Gaétan Barrette et ses réformes sont illustrés en mode rap par un Marc St-Martin en pleine forme. Pour le maire Coderre (une fois de plus cette année, parmi les spectateurs), on a droit à un selfie improvisé qui a fait délirer la salle. La Ginette Reno et son hymne national nous a paru un peu trop circonstanciel (mais n’est-ce pas là le but de cet exercice ?) tel que personnifié par le toujours enthousiaste St-Martin.

Et comme pièce de résistance, l’imbattable, l’incontournable, la toujours vraie, Suzanne Champagne, née pour être sur scène, dans la peau d’une Pauline Marois version-2014 toujours aussi magnifique par sa dérision inoffensive et son anglais pétillant. Quant à la mise en scène d’Alain Zouvi, de retour cette année, elle est toujours prête pour le rire et l’émotion. Et en rendant hommage aux disparus Paul Buissoneau et Muriel Millard, le Théâtre du Rideau vert confirme que l’aventure scénique québécoise est d’une infaillible perennité.

[ REVUE SATIRIQUE ]
Auteur : Jean-Philippe Durand, Isabelle Laperrière, Simon Leblond, Nadine Massie, Pascal Roberge, Guillaume St-Onge – Mise en scène : Alain Zouvi – Accessoires : Alain Jenkins – Éclairages/Projections : Lüz Studio – Costumes : Suzanne Harel – Musique : Christian Thomas – Chorégraphies : Émily Bégin – Comédiens : Suzanne Champagne, Martine Héroux, Benoit Paquette, François Parent, Julie Ringuette, Marc S-Martin | Durée : 2 h 20 (incl. 1 entracte)  – Représentations : Jusqu’au 4 janvier 2015 – Théâtre du Rideau vert

MISE AUX POINTS
★★★★★ (Exceptionnel) ★★★★ (Très Bon) ★★★ (Bon) ★★ (Moyen) (Mauvais) ½ (Entre-deux-cotes)

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