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Vertiges et Tempo

15 novembre 2014

PRENDRE TEMPS AU PLANÉTARIUM

Texte : Luc Chaput

Au cours de la dernière année, le complexe muséal Espace pour la vie a décliné plusieurs manifestations sur la notion du temps, soit prendre son temps à humer des fleurs ou admirer des animaux et en rendant plus visible leurs paresseux du Biodôme par exemple ou suscitant des spectacles musicaux au Jardin botanique. Pour continuer en beauté ce cycle, le Planétarium présente deux nouveaux spectacles dans leurs deux théâtre immersifs à 360 degrés.

Tout d’abord Vertiges dans le Théâtre du Chaos où l’on est invité à s’allonger sur des immenses coussins ressemblant à des roches molles. Jimmy Lakatos et Alexandre Burton nous en mettent plein la vue dans une symphonie d’images rythmées par la présence de citations sur les diverses notions du temps qui sont la base de notre compréhension du monde et de ses liens avec le temps. Le professeur Stéphane Durand leur a apporté un soutien judicieux qui leur permet de passer avec grâce de doubles figures ressemblant à des cornes d’abondance qui se rapprochent à une visite des monolithes des îles Mingan. Le choix musical amplifie la force des images qui font de ce voyage spatio-temporel un rêve éveillé de vingt minutes.

Le théâtre de la Voie lactée est celui des explications plus scientifiques. Philippe Baylaucq, documentariste reconnu qui dans Lodela et Ora a magnifiquement utilisé des techniques à la fine pointe, s’allie pour Tempo à l’astronome Stéphane Gauthier qui sert aussi de guide et d’animateur. Assis dans des sièges inclinés très confortables, le spectateur est tout d’abord alerté sur la pollution lumineuse urbaine qui nous empêche de voir le ciel étoilé au-dessus de nos têtes. À partir de la Place d’armes, lieu emblématique du Vieux-Montréal, les effets lumineux du déroulement d’une journée sont mis en évidence.

Puis, entrant virtuellement dans l’horloge de l’immeuble de la New York Life de cette place, le voyage intersidéral de quarante minutes nous mène au loin pour apprécier de manières diverses les points de vues d’autres humains sur leur ciel étoilé différemment au pôle nord ou dans l’hémisphère sud.

La musique multiforme de Robert-Marcel Lepage enveloppe ces astronautes virtuels que nous sommes. Des faibles erreurs de calibration sonore ont masqué le début de certaines explications du scientifique Gauthier lors de la présentation à laquelle nous avons assisté. La qualité des transformations techniques mises en œuvre et le souffle de la réalisation commune nous permettent ainsi de comprendre le perspectivisme temporel qui est aussi à la base de notre vision du monde. À l’entrée ou à la sortie de ces deux spectacles, une petite mais très fournie exposition sur l’Art du temps souligne la beauté des anciens instruments de mesure du temps prêtés par le musée Stewart de l’île Ste-Hélène et met un point d’orgue sur ces voyages dissemblables mais conjugués avec un art scientifique.

Les deux spectacles audiovisuels arrivent d’ailleurs au même moment à Montréal que des films de fiction où la notion d’espace-temps est fondamentale, Interstellar et The Theory of Everything.

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