En salle

Pas son genre

13 novembre 2014

EN QUELQUES MOTS

Texte : Charles-Henri Ramond
Cote : ★★★

Reprenant certains de ses thèmes les plus chers (la lutte des classes ou l’idiotie de la race humaine), Lucas Belvaux met dans ce nouveau film une note plus légère que lors de ses précédentes réalisations. Toutefois, si la romance dysfonctionnelle entre un intellectuel parisien limite dandy et une blonde décolorée coiffeuse à Arras tente bien de nous écarter du chemin dans sa première partie, le cinéaste belge s’empresse de remettre les pendules à l’heure sur les véritables intentions de sa fausse comédie sentimentale.

Les couples mal assortis sont légion à l’écran. Ici, la joie maladive de Jennifer (Émilie Dequenne) trouve sur sa route l’intellect introverti de Clément (Loïc Corbery). Leurs premières rencontres – particulièrement touchantes – se transforment peu à peu en combat inégal entre deux castes qui n’ont rien en commun. Mais Belvaux n’est pas un rêveur et tout finit par retrouver sa place d’origine. Non sans avoir au passage livré une vision pessimiste sur l’incommunicabilité d’une société aux extrêmes de plus en plus éloignés, mais aussi sur la dégradation des rapports qu’entretiennent une culture populaire de plus en plus envahissante et d’autres formes de cultures plus cérébrales celles-là.

Même s’il n’est pas exempt de quelques poncifs (les mâles ne veulent pas s’engager, la guéguerre Paris-Province, entre autres), Pas son genre parvient à manipuler les stéréotypes (la coiffeuse un peu nunuche, l’intello complètement bobo) en leur donnant quelques couleurs inattendues (elle lit du Dostoïevski et il s’amuse au karaoké). Tout en proposant en filigrane quelques remarques bien senties sur la société française, le film limite sa critique sociale au strict minimum et évite donc de sombrer dans le moralisme. En restant ainsi centré sur l’évolution de la liaison de ce couple impensable, Belvaux se sort adroitement des pièges qui émaillent son histoire. Cependant, l’évident trop-plein de bonheur caractérisant les débuts de la relation de Jennifer et de Clément rend leurs destinées somme toute très prévisibles.

Sortie : Depuis le mercredi 5 novembre 2014
V.o. : français

Genre : Drame sentimental | Origine : France / Belgique – Année : 2013 – Durée : 1 h 52 – Réal. : Lucas Belvaux – Int. : Émilie Dequenne, Loïc Corbery, Sandra Nkake, Charlotte Talpaert, Anne Coesens, Daniela Bisconti – Dist. / Contact : Axia | Horaires / Versions : Beaubien

CLASSIFICATION
Visa GÉNÉRAL (Déconseillé aux jeunes enfants)

MISE AUX POINTS
★★★★★ (Exceptionnel) ★★★★ (Très Bon) ★★★ (Bon) ★★ (Moyen) (Mauvais) 1/2 (Entre-deux-cotes) – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

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