En salle

Pour une nouvelle Séville

30 octobre 2014

En quelques mots

Texte : Élie Castiel
Cote : ★★★

Objectivement parlant, Pour une nouvelle Séville est une énigme en soi. L’histoire des Juifs séfarades ayant quitté le Maroc depuis des décennies (bien avant les années 1960) est certes intelligemment documentée; rien à reprocher sur ce plan. Mais il y a, chez Kathy Wazana, une tendance à figer le temps, à le rendre stérile, comme si rien ne s’était passé entre ces années d’exil et aujourd’hui; le destin de cette communauté est d’abord montré dans un contexte nostalgique où les protagonistes interviewés ressassent leurs souvenirs d’un passé glorieux. Mais très vite, de nouveaux intervenants entament la question sous un ordre politique.

On comprend alors que le conflit israélo-palestinien est la cause du refroidissement entre la communauté juive et musulmane du Maroc, comme d’ailleurs dans tous les pays arabes. Les Juifs qui sont encore là, protection oblige, se font les défenseurs d’un anti-israélisme mondialisé, sans voir des deux côtés. C’est alors que la thèse de la réalisatrice devient fortement ambiguë.

Oui, certes, les autorités marocaines n’ont jamais obligé ses ressortissants juifs à quitter le pays. Ils sont sortis de leur propre gré,mais simplement en raison des tensions de plus en plus croissantes entre le monde arabe et ceux de confession juive.

Nous demeurons perplexes sur la véritable thèse de Wazana. S’agit-il d’un essai politique ? D’un regard nostalgique posée sur une communauté particulière ? D’une tentative à percer un problème territorial qui semble s’éterniser ? Ce qui est certain, c’est que la jeunesse marocaine d’aujourd’hui, mis à part quelques intellectuels, sait très peu ou sans doute rien sur leurs anciens concitoyens israélites sortis du Maroc il y a plus de quatre décennies.

Sur ce point, Tinghir-Jérusalem : Les échos du Mellah (2011), du Marocain Kamal Hachkar, ne dérogeait pas de sa thèse du début à la fin : capter le regard nostalgique en étant tout à fait conscience de la réalité actuelle. Le film montre en conclusion un concert de musique où Juifs et Musulmans s’unissent par les liens sacrés de la musique. Est-ce assez pour adoucir les mœurs ? Soyons optimistes !

Sortie : Vendredi 31 octobre 2014
V.o. : anglais ; arabe ; français ; hébreu
S.-t.f. / S.-t.a. – They Were Promised the Sea

Genre : Documentaire | Origine : Canada – Année : 2013 – Durée : 1 h 12 – Réal. : Kathy Wazana – Dist. / Contact : Cinéma du Parc / BiCom Productions | Horaires / Versions : Cinéma du Parc

CLASSIFICATION
Non classé

MISE AUX POINTS
★★★★★ (Exceptionnel) ★★★★ (Très Bon) ★★★ (Bon) ★★ (Moyen) (Mauvais) 1/2 (Entre-deux-cotes) – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

 

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