En salle

Mercedes Sosa: La voz de Latinoamérica

23 mai 2014

En quelques mots

Texte : Jérôme Delgado
Cote : ★★★

En dehors de l’Argentine et de l’Amérique latine, l’image de Mercedes Sosa est celle de la chanteuse engagée, à la voix grave et puissante, reconnaissable entre toutes. Le documentaire que son compatriote Rodrigo H. Villa lui consacre, quatre ans après sa mort, ne bouscule pas les choses. Par contre, il en élargit le cadre, en précise plus d’un aspect. En ce sens, il n’offre pas qu’une simple commémoration de La Negra.

Mercedes Sosa: La voz de Latinoamérica dresse un portrait complet de la dame, nous la montre même fragile et obèse. Le film, initié et narré par le fils unique de l’artiste, est porté par l’authenticité, trait propre à l’instigatrice du Nuevo Cancionero. Il nous rappelle à quel point elle a été une combattante, dès l’adolescence, alors qu’elle se lance dans la chanson malgré la désapprobation de ses parents, puis, notamment, quand elle est poussée à l’exil par la junte militaire.

Toute sa carrière se déroule sur ce ton. L’ex-Talking Heads, David Byrne, parle du choix de Sosa de faire de la musique comme d’un « acte puissant », d’un « engagement vital », alors que défilent des images presque clandestines d’une visite de la chanteuse dans le Cuba de Castro. Pour León Gieco, le « Bob Dylan argentin », côtoyer Mercedes Sosa sur la scène à son retour d’exil était « un acte subversif ».

Bâti sur une tonne de témoignages, le documentaire a tout de la bio classique, fort en métaphores élogieuses, voire boiteuses – « elle est à la fois Beatles et Rolling Stones », dira un futé connaisseur. Si le réalisateur dépasse cependant les conventions, c’est qu’il corrompt la chronologie des événements, saute et recule dans le temps au gré d’un scénario touffu. Et de précieuses archives, dont une captation audio, où Mercedes Sosa et Astor Piazzola, réfugiés parisiens, s’accompagnent de manière inusitée.

On peut reprocher à Villa d’avoir voulu montrer toute sa banque d’images, et de sons, se forçant à interrompre deux, trois, mille fois l’interprète de Gracias a la vida. Reste que les voix et propos de celle qui mélangeait révolte et tendresse font encore effet et donnent au film toute la rage et l’émotion dont le spectateur ne pourra être insensible.

Sortie : Vendredi 23 mai 2014
V.o. : espagnol
S.-t.f. – Mercedes Sosa : La voix de l’Amérique latine
S.-t.a. – Mercedes Sosa: The Voice of Latin America

[ DOCUMENTAIRE ]
Origine : Argentine – Année : 2013 – Durée : 1 h 33 – Réal. : Rodrigo H. Vila – Dist. / Contact : First Run Features | Horaires / Versions / Classement : Cinéma du Parc

MISE AUX POINTS
★★★★★ (Exceptionnel) ★★★★ (Très Bon) ★★★ (Bon) ★★ (Moyen) (Mauvais) 1/2 (Entre-deux-cotes) – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

2024 © SÉQUENCES - La revue de cinéma - Tous droits réservés.