En salle

La Playa D.C.

7 mai 2014

En quelques mots

Texte : Élie Castiel
Cote : ★★★★

Il est de ces films qui, dès la première image, nous laissent une étrange sensation, en quelque sorte un sentiment d’abandon éthéré, un coté planant qui nous envahit sans crier gare et nous emporte dans les méandres d’un récit construit sans failles.

Le premier long métrage de Juan Andrés Arango Garcia est ainsi fait, rude et éclairé, sauvage comme la nature et empreint d’une délicatesse qu’on appelle « âme ». Car dans ce récit documentaire étrangement manipulé par la fiction, ressort une mise en scène incarnée qui s’assume sans ostentation, douce et violente, agressive et inoffensive, enragée et bienveillante. Tout au diapason d’une nature exposée par le biais d’une splendide direction photo de Nicolas Canniccioni, totalement subjuguée par le paysage et l’environnement social.

L’histoire de ces trois frères pris dans la tourmente de la survie est empreinte de tragédie, parcours que le premier plan nous explique avec une remarquable sensibilité. La mère, pilier de la famille, trace sur les cheveux de son fils un parcours semé autant d’obstacles que de portes ouvertes. Car avant tout, La Playa D.C. est un film sur l’intégration au groupe des humains, sur cette envie d’appartenir à l’expérience sociale, de ne pas se laisser emporter par la marginalité. Entre le premier plan qui dessine la destinée et le dernier qui montre le vrai visage de l’insertion, un récit où la violence ne sert que de moyens de lutte, où la drogue permet l’oubli et où la famille n’est plus l’institution traditionnelle, mais le chemin vers la réconciliation.

La musique hip-hop, intentionnellement omniprésente, traverse le film comme s’il s’agissait d’un cri venant du cœur, d’une lamentation qui ne cesse de nous rappeler que la réalité et la fiction ne sont pas si éloignées l’une de l’autre, qu’elles s’appuient en fait l’une à l’autre. En quelque sorte, une fenêtre sur le cinéma et sa fonction première, témoigner. Mais ce qui rend cette aventure aussi émouvante que sensorielle, c’est surtout la présence de comédiens non professionnels dont le naturel et le charisme nous hantent bien longtemps après la projection. Avec La Playa D.C., Arango Garcia fait ses premiers pas dans le long métrage avec un savoir-faire captivant et lumineux.

Sortie : vendredi 9 mai 2014
V.o. : espagnol ; S.-t.f.

[ CHRONIQUE SOCIALE ]
Origine : Colombie / Brésil / France – Année : 2012 – Durée : 1 h 30 – Réal. :Int. : Luis Carlos Guevara, Jamés Solis, Andrés Murillo, Einer Cortes, Hamilton Quinones, Jhonatan Alexis Tejada – Dist./Contact : K-Films Amérique | Horaires/ Versions/Classement : Beaubien

MISE AUX POINTS
★★★★★ (Exceptionnel) ★★★★ (Très Bon) ★★★ (Bon) ★★ (Moyen) (Mauvais) 1/2 (Entre-cotes) — LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

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