En salle

Nymph( )maniac: Vol. 1

20 mars 2014

En quelques mots

Texte : Pamela Pianezza
Cote – Vol. 1 :  ★★★
Cote – Vol. 2 : ★★

Tout commença par un orgasme aussi fort que précoce, suite auquel la jeune Joe, désormais consciente de l’intensité possible du plaisir sexuel, se retrouve soudain totalement privée de sensations. « Ma chatte ne ressent plus rien », explique-t-elle simplement au patient Seligman qui se propose de jouer les oreilles attentives ; lui-même n’ayant jamais connu les plaisirs de la chair, il se gardera bien de tout jugement. Joe entame donc le catalogue de ses expériences sexuelles. Dans cette quête effrénée d’une jouissance qui semble désormais lui être interdite, elle semble n’avoir aucune limite. Au début du volume II, elle est en couple avec Jerôme, lequel l’autorise à prendre des amants, lui-même n’ayant plus la force de « nourrir le tigre » qu’il a entre les bras. Tous deux ont un fils, Marcel, que Joe ne peut s’empêcher d’abandonner la nuit pour rejoindre un maître en SM mutique (Jamie Bell, impressionnant de barbarie sous son visage d’ange) qui la fouette jusqu’au sang.

« Je suis une mauvaise fille », se plaît à répéter Joe qui assume ce qu’elle est, tout en dévoilant une obsession pour la question du mal. Mais von Trier va plus loin dans le processus de détestation de son personnage, en faisant d’elle – tabou absolu – une mère indigne, quasiment infanticide : une nuit, son enfant est retrouvé seul, pieds nus, jouant dans la neige sur un balcon dont il aurait bien failli tomber. Quand l’époux, exténué, la supplie de rester en famille le soir de Noël, Joe quitte bruyamment l’appartement pour rejoindre son étrange bourreau. Elle vient de perdre sa famille. Il est dès lors clair que Joe ne reculera devant aucun sacrifice pour assouvir ses besoins. On retrouve ici, utilisée dans un contexte volontairement « blasphématoire », la figure sacrificielle de la femme martyre, si chère à Lars von Trier (voir Breaking the Waves, Dancing in the Dark ou Dogville, où Nicole Kidman se fait tenir en laisse…). Un goût pour l’humiliation féminine qui laissa souvent croire à la misogynie du réalisateur, mais que conteste violemment – et un peu trop opportunément – le final du film.

Texte complet : Séquences (nº 289, p. 42-43).

Sortie : Vendredi 21 mars 2014
V.o. : Anglais
S.-t.f. – Nymph( )maniaque : Vol. 1

DRAME
Origine : Danemark / Allemagne / France – Année : 2013 – Durée : 1 h 58  – Réal. : Lars von Trier – Int. : Charlotte Gainsbourg, Shia Labeouf, Stella Skarsgård, Uma Thurman, Udo Kier, Stacey Martin – Dist. / Contact : Métropole | Horaires / Versions / Classement : Excentris

Mise aux points

★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Remarquable. ★★★ Très bon. ★★ Bon. Moyen. Mauvais. ☆☆ Nul … et aussi ½ — LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

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