En salle

La Vie d’Adèle — Chapitres 1 & 2

4 octobre 2013

Résumé
Comme toutes les adolescentes de son âge, Adèle, 15 ans, bavarde souvent avec ses amies et sort avec Thomas, un jeune homme de son école. Mais sa vie est totalement chamboulée lorsqu’elle rencontre Emma, une jeune fille aux cheveux bleus, étudiantes aux Beaux-Arts. Quelque temps après, elles se revoient et entament une relation amoureuse. Adèle réalise son rêve de devenir institutrice et Emma poursuit une carrière de peintre. Mais des années plus tard…

En quelques mots
★★★★
La Palme d’or du 66e Festival de Cannes, pleinement méritée, va à La Vie d’Adèle – Chapitres 1 & 2, Abdellatif Kechiche. Comme Amour (Michael Haneke) l’an dernier, ou Entre les murs (Laurent Cantet) en 2008, La Vie d’Adèle fut la surprise miraculeuse de ce festival. Trois preuves que l’on peut faire simple et atteindre une expression crédible de la Vie. Ce film est une première sélection à Cannes pour Abdellatif Kechiche (Vénus noire, La Graine et le Mulet). Il s’agit, en partie, d’une adaptation de la bande dessinée Le Bleu est une couleur chaude de Julie Maroh (le titre anglais du film le reprend : Blue Is the Warmest Color). Le jour où Adèle aperçoit le bleu des cheveux d’Emma, elle sent que sa vie va changer. La bande dessinée de Maroh raconte une histoire d’amour initiatique entre deux jeunes filles ; c’est de là que vient donc la dimension érotique du film, avec des scènes  assez corsées d’amour lesbien. La controverse était prévisible. Kechiche est-il trop explicite dans la représentation des rapports  physiques entre les deux jeunes femmes ? Comment cela sert-il le propos ? Dans les faits, cette proximité des corps fait de nous des spectateurs privilégiés d’une grande, et toute naissante, histoire d’amour. Donc, ce choix est très justifié. En conférence de presse, Kechiche devait se défendre d’avoir voulu faire un film militant pour la cause du mariage gay ou pour les droits des homosexuel(le)s en général. Effectivement, le film est ailleurs. Il est dans une vérité exceptionnelle des personnages, de leurs sentiments, de leurs milieux. Avec sa scénariste habituelle Ghalia Lacroix, Kechiche renoue avec Marivaux, comme dans L’Esquive (César du Meilleur scénario en 2005). Marivaux est un grand scruteur des émotions humaines. Il y a, de plus, dans ces deux films un jeu sur des niveaux de langue, sur les mots. Parfois, ils sont bien simples et vrais, parfois ils sont composés et artificiels (cela est surtout vrai pour Emma, ses amis, ses parents, celle-ci venant d’un milieu plus aisé que celui d’Adèle). Ce maniement des niveaux de langue définit les personnages. Abdellatif Kechiche rejoint ici aussi bien le cinéma de Cantet (Entre les murs) que celui d’un Ken Loach, un cinéma qui n’a pas son pareil pour mettre en valeur la beauté propre de ses personnages et leur humanité singulière. Le réalisateur a soutiré le maximum possible de vérité de ses deux interprètes, Léa Seydoux (Emma) et Adèle Exarchopoulos (Adèle ). Le casting est ici fondamental, comme l’étaient l’an dernier les choix de Jean-Louis Trintignant et Emmanuelle Riva pour Amour. Rarement un film de trois heures m’a-t-il paru si court. >> Pierre Pageau

Sortie : Mercredi 9 octobre 2013
V.o. : Français
S.-t.a.  – Blue Is the Warmest Color

DRAME  | Origine : France – Année : 2013 – Durée : 2 h 59  – Réal. : Abdellatif Kechiche – Int. : Adèle Exarchopoulos, Léa Seydoux, Jérémie Laheurte, Salim Kechiouche, Catherine Salée, Aurélien Recoing, Mona Walravens – Dist. / Contact : Métropole | Horaires / Versions / Classement : Beaubien Cinéma du Parc [dès le vendredi 11 octobre 2013] – Cineplex

MISE AUX POINTS
★★★★★
Exceptionnel. ★★★★ Remarquable. ★★★ Très bon. ★★ Bon. Moyen. Mauvais. ☆☆ Nul … et aussi 1/2 — LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

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