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L’Amour, la Mort et le Prêt-à-porter

12 mai 2013

TENDRES AVEUX

Cinq femmes s’adressent directement à l’auditoire, étalant les rapports profonds qu’elles entretiennent avec leur garde-robes. Ces confessions leur donnent l’occasion de bifurquer vers d’autres thèmes comme la quête d’amour, l’angoisse de la solitude, la résignation, la maladie et la mort.

>> Élie Castiel

Adaptation québécoise de Love, Loss and What I Wore, des sœurs Nora et Delia Ephron, L’Amour, La Mort et le Prêt-à-porter bénéficie largement d’une langue locale riche, colorée, d’une énorme force d’évocation, aux sonorités visuelles d’une imposante dynamique. Danièle Lorain a fait là un travail remarquable de transposition d’une culture à l’autre, passant d’une réalité anglophone américaine et urbaine à une latinité québécoise exubérante, faite de douces folies et d’émouvantes transgressions.

Mais il y a aussi une mise en scène, celle de la grande Denise Filiatrault. Nous sommes devant un cadre scénique servant de lieu à des témoignages intimes adressés directement à un auditoire qui, dans le cas de femmes, se reconnaît, s’identifie à ces mille et un gestes du quotidien, ces hésitations, ces doutes, ces confrontations et autres aléas de la vie. Devant les spectateurs, autant d’hommes que de femmes, un quintette féminin témoigne. Les cinq se prononcent, se vident le cœur et l’esprit, disent tout haut ce que la plupart taisent, se brûlent pour mieux être, s’extériorisent, s’auto-psychanalysent. C’est là la force de l’écriture des Ephron (et de Lorain), une sorte de rituel cathartique, presque religieux, se voulant à la fois purgatif et libérateur.

Et il y a aussi cinq comédiennes, toutes brillantes dans leurs délires, leur envie d’être, de dire, de composer avec le souvenir, le présent et le devenir. Cinq comédiennes livrées à elles-mêmes qui, durant une heure et trente minutes, communiquent avec un auditoire sans cesse captivé, passant du drôle au sérieux en un tour de main, comme par magie. Il y a là un amour du métier constant, intransigeant, sans scrupules, sincère, éclaté, sans faux bonds, d’un naturel contagieux. Et puis un décor (magnifique travail de Jean Bard) : cinq chaises-divans et derrière, un mur de mannequins qui changent selon les circonstances, projetant sur ce quintette de l’âme tout ce qu’il faut d’efforts, de courage et d’énergie pour survivre. ( ★★★ )

COMÉDIE SATIRIQUE | Auteur : Nora Ephron, Delia Ephron , d’après le livre de Ilene Beckerman – Traduction / Adaptation : Danièle Lorain – Mise en scène : Denise Filiatrault – Scénographie : Jean Bard – Éclairages : Matthieu Larivée – Costumes : Suzanne Harel  – Comédiennes : Pierrette Robitaille, Valérie Blais, Adèle Reinhardt, Geneviève Schmidt, Tammy Verge | Durée : 1 h 30 (sans entracte)  – Représentations : Jusqu’au 1er juin 2013 – Théâtre du Rideau Vert.

COTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Remarquable. ★★★ Très bon. ★★ Bon. Moyen. Mauvais. ☆☆ Nul … et aussi 1/2 — LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

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