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Love Lies Bleeding

13 avril 2013

HOMOÉROTIQUE ET JUBILATOIRE

>> Élie Castiel

Nos attentes sont exaucées. Les Grands Ballets prennent une pause du répertoire classique et proposent un spectacle à la Broadway, dynamique, ludique, fou, gai (dans tous les sens du terme), inventif. Avec les danseurs et danseuses du Alberta Ballet, compagnie invitée, le spectateur a droit à un divertissement populaire où se glisse furtivement une biographie virtuelle du grand Elton John.

Sur ce point, en observant autour et devant nous, autant la scène que la salle, on se demande parfois si certains spectateurs sont là pour entendre les tubes de John, pour voir les danseurs ou mieux encore, pour les deux. Toujours est-il que pendant un peu plus de 90 minutes, nous sommes face à un espace scénique en purs cinémascope et technicolor.

Le kitsch se marie aux tons pastels, enveloppés de rideaux écarlates grâce au génie de Guillaumne Lord qui suggère aussi un écran vidéo où se promène l’univers du chanteur, à la fois militant et homme de spectacle. Les éclairages de Pierre Lavoie brillent ; les costumes de Martine Bertrand évoquent les univers différents de l’imaginaire gai. Car, faut-il l’avouer, Love Lies Bleeding est une spectacle homoérotique d’une grande sensibilité qui arrive admirablement bien à concilier les spectateurs de toutes tendances sexuelles. C’est ce qui explique sans doute le tonnerre d’applaudissements envers les trois Drag Queens, assumant leurs gestes, leur folie et leur humour imbattable avec panache et sentiment. Quant à la chorégraphie de Jean Grand-Maître, magnifiquement fignolée pour la circonstance.

Et bien entendu, la musique de Sir Elton John, cible principale de la soirée, et les paroles de Bernie Taupin, toujours actuelles, classiques, franches, émouvantes, indémodables. Qu’il s’agisse de Bennie and the Jets, Goodbye Yellow Brick Rock, ou bien encore de Rocket Man ou de Someone Saved My Life Tonight, on en redemande. Le temps d’une soirée, notre esprit se libère, se joint à l’enthousiasme ludiquement jubilatoire de l’assistance, et nous laissons tout notre sens critique au vestiaire. Comme s’il s’agissait d’un merveilleux rituel païen. (★★★)

LOVE LIES BLEEDING | Chor. : Jean Grand-Maître | Mus. : Sir Elton John – Par. : Bernie Taupin – Cost. : Martine Bertrand – Déc. : Guillaume Lord – Éclair. : Pierre Lavoie – Conc. vidéo : Adam Larsen –  Danseurs : Corps de ballet du Alberta Ballet | Durée : Environ 1 h 45 (incluant 1 entracte) | Prochaines représentations : 13 et 14 avril 2013 – Salle Wilfrid-Pelletier (Place des Arts).

COTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Remarquable. ★★★ Très bon. ★★ Bon. Moyen. Mauvais. ☆☆ Nul … et aussi 1/2 — LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

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