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Douze hommes en colère

17 novembre 2012

AU-DELÀ DE TOUT DOUTE RAISONNABLE

Douze hommes composant un jury doivent statuer, à l’unanimité, sur le sort d’un jeune homme accusé du meurtre de son père.

>> Élie Castiel

Force est de souligner que Douze hommes en colère sera sans doute l’une des plus belles surprises de la présente saison théâtrale. Tant pour la mise en scène, d’une sobriété et d’une rigueur exemplaires, que pour la prestance des comédiens, tous impeccables, l’œuvre la plus connue du dramaturge américain Reginald Rose soulève autant de questionnements sur la nature complexe du comportement humain même au-delà de six décennies après sa création.

Intentionnellement, Jacques Rossi a choisi de situer l’action, comme dans la pièce, dans une Amérique des années 50, conservatrice, raciste, parfois inculte, résistant aux changements et aux nouvelles idées. Bizarrement, la mise en scène rappelle à s’y méprendre celle du long métrage de Sidney Lumet datant de 1957, l’un des plus beaux films de cette époque. Cela se voit dans les décors, magnifiquement choisis, un local du palais de justice totalement domestiqué, froid, distant, impersonnel, inquiétant, là où une poignée d’hommes de tous les horizons sociaux doivent décider du sort du présumé coupable.

Mais ce qui étonne le plus dans la mise en situation de Jacques Rossi, c’est avant tout la façon dont le drame s’organise et évolue. Des traits de caractère se dévoilent peu à peu au grand jour, des âmes torturées éclatent, des sensibilités se métamorphosent pour le meilleur ou pour le pire. Et autour de ces manifestations existentielles, des vérités ressortent, le subjectif se confronte à l’objectif pour produire une finale tout à fait bouleversante.

La traduction de Claude Maher privilégie la langue québécoise, d’une clarté formidable, empreinte d’une folie vertigineuse, forte, délirante, spirituelle et musicale. Avec Douze hommes en colère, nous sommes  devant l’expérience théâtrale grand public dans sa plus pure tradition. On soulignera également la remarquable partition musicale signée Stéphane Girouard qui évoque à s’y méprendre les accents à la fois dramatiques et exaltants du grand Bernard Herrmann et qui, curieusement, colle parfaitement à ce genre de situation. >> ★★★★

DRAME PSYCHOLOGIQUE | Auteur : Reginald Rose – Traduction : Claude Maher –Mise en scène : Jacques Rossi – Éclairages : Guy Simard – Décors : Mario Bouchard – Musique : Stéphane Girouard – Costumes : Mireille Vachon – Comédiens : Sylvio Archambault, Jacques Baril, Yves Bélanger, Vincent Bilodeau, Jean-François Boudreau, Olivier Courtois, Edgar Fruitier, Jean-Bernard Hébert, Dany Michaud, Jean-Marie Moncelet, Stéfan Perreault, Marcel Pomerio – Voix : Albert Millaire | Durée : 2 h 30   (1 entracte) – Représentations : Jusqu’au 18 décembre 2012 – TDP (Salle Denise Pelletier).

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Remarquable. ★★★ Très bon. ★★ Bon. Moyen. Mauvais. ☆☆ Nul … et aussi 1/2 — LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

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